La vitesse de marche en trail.
Même les élites n’enchaînent pas tout en courant pendant l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. Dans les montées techniques et les passages escarpés, la marche devient souvent la stratégie la plus efficace. Sur des sections comme la montée vers la Croix du Bonhomme, la grimpette du Grand Col Ferret ou l’interminable pente vers La Flégère, même les meilleurs ralentissent… pour mieux marcher. Mais crois-tu que c’est lent ? Détrompe-toi : ces athlètes marchent à une allure impressionnante, autour de neuf kilomètres par heure. Un rythme que beaucoup d’amateurs n’oseraient même pas tenir en footing sur terrain plat.
chaussures de trail Salomon Speedcross 5
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On a souvent cette image d’Épinal des élites qui courent en continu sur un ultra.
C’est parfois vrai, notamment sur l’UTMB, dont le terrain, malgré les apparences, reste relativement roulant. Mais la principale difficulté de cette course ne réside pas tant dans les sentiers que dans la gestion du sommeil, de la nutrition et de la constance. Sur des trails plus techniques comme le Grand Raid des Pyrénées, la Diagonale des fous, la TDS ou encore l’Échappée Belle, la donne change radicalement. Là, certaines portions sont tout simplement incourables. Entre la Mongie et le Pic du Midi sur le GRP, sur le col de Chavannes ou encore au niveau du passeur de Pralognan et du col du Tricot sur la TDS, il devient illusoire d’envisager courir. La marche s’impose… mais pas n’importe quelle marche.
Sur l’ensemble du parcours de l’UTMB, qui mesure environ cent soixante-dix kilomètres pour plus de dix mille mètres de dénivelé positif, les coureurs les plus rapides terminent l’épreuve en environ vingt heures.
Cela équivaut à une vitesse moyenne globale d’environ huit virgule cinq kilomètres par heure. Le record masculin établi par Kilian Jornet en dix-neuf heures et cinquante minutes, et le record féminin signé Katie Schide en vingt-deux heures et neuf minutes, confirment ces chiffres, avec respectivement une moyenne de huit virgule six et sept virgule sept kilomètres par heure.
Si l’on s’intéresse aux moyennes par tranche d’âge, une étude montre une chute progressive de la vitesse avec les années. Les meilleurs coureurs âgés de vingt-trois à trente-neuf ans maintiennent une allure de sept virgule sept kilomètres par heure. Les quarante–quarante-neuf ans tournent autour de sept, les cinquante–cinquante-neuf ans descendent à cinq virgule cinq, et les soixante–soixante-neuf ans plafonnent à quatre virgule trois kilomètres par heure. Et si l’on regarde le top dix pour cent de chaque catégorie, les moyennes sont encore plus basses. Les jeunes tournent à six virgule six, les quadragénaires à cinq virgule huit, et les plus âgés autour de cinq.
Alors pourquoi parler de neuf kilomètres par heure dans le titre ? Parce que c’est précisément la vitesse que peuvent atteindre les élites… en marchant. Sur certains segments bien identifiés du parcours, notamment en montée, les meilleurs traileurs adoptent une marche rapide qui dépasse souvent ce que beaucoup de joggeurs tiendraient sur terrain plat. Cette allure étonnamment élevée prouve que la marche peut être un choix stratégique redoutable dans les portions raides et techniques. C’est cette réalité contre-intuitive qui rend le chiffre aussi spectaculaire qu’éloquent.
Mais alors, comment expliquer des performances aussi folles ?
Tout repose sur une capacité de relance incroyable. Sur la TDS, entre le col du Petit Saint-Bernard et Bourg-Saint-Maurice, Ludovic Pommeret descendait à treize kilomètres à l’heure, tandis que Christian Maier évoluait à onze virgule cinq. Ils ne courent pas seulement vite : ils savent parfaitement quand et comment marcher pour aller vite.
La marche, chez eux, devient un art. Lors de la montée entre Courmayeur et le col Checrouit sur la TDS — soit mille mètres de dénivelé positif sur moins de sept kilomètres en pleine nuit — Christian Maier a été chronométré à huit kilomètres à l’heure, et Ludovic Pommeret à sept virgule trois. Autant dire que ceux qui ont déjà grimpé ce mur sont probablement en train de revoir leur définition du mot « marcher ». En 2023, entre les Chapieux et le Cormet de Roselend, Maier flirtait même avec les neuf virgule un kilomètres par heure. Et si l’on remonte à 2022, dans la section entre Beaufort et le col du Joly, Pommeret conservait plus de sept kilomètres à l’heure, alors même que cette montée intervient juste après une des descentes les plus cassantes du parcours.
On dit souvent qu’un trail se gagne en montée et se perd en descente. Ce n’est pas faux. Mais c’est un peu incomplet. Sur ultra, il se gagne aussi à la marche. À condition de marcher plus vite que ses adversaires.
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