Courir avec une entorse : SOINS ET PREVENTION, MEME COMBAT !….
courir avec une entorse
Il faut d’abord préciser quelques points précis par rapport à l’entorse afin de régler un certain nombre de malentendus et idées reçues qui font dériver un bon nombre de “traitements” inefficaces et, pire, faisant croire à la victime qu’elle est “guérie”… conduit à l’aggravation !
Vous pouvez relire les pécédentes publications de Daniel Dubois, ostéopathe, sur les entorses en trail .
courir avec une entorse
Cet article fait suite à la question de l’un de nos internautes : “je me suis fait une grosse entorse a la cheville puis 2 mois apres rebelotte sur la meme cheville et 2 fois en descendant . J’ai fait une superbe saison l’an dernier et des descentes a fond car j’etait vraiment tres bon en descendant , super technique et toujours a fond. depuis ces 2 entorses, j’ai peur de me refaire encore une entorse car ma cheville semble maintenant s’etre fragilisée. Y a t’il une possibilité que les ligaments retrouvent 100% de leur capacité, ou maintenant fadra compter sur une grosse diminution toute ma vie ? et biensur y a t’il un remede miracle lol qui pourrait renforser ces ligaments ? merci a vous”
– Le ligament, principal élément lésé, est le plus souvent un simple épaississement de la capsule articulaire (manchon fibreux qui forme l’espace clos de l’articulation et protège la membrane synoviale qui est en dessous). A ce titre, le ligament est rigoureusement non élastique, INEXTENSIBLE, ce qui veut dire que toute élongation traumatique importante est responsable en fait de MICRO-RUPTURES de fibres ligamentaires (ce qui explique entre autres les hématomes fréquents dans les heures qui suivent la lésion).
– Il s’agit donc d’une « déchirure » plus ou moins étendue qui va forcément être suivie d’une inévitable phase de cicatrisation qui va seule, selon sa qualité, assurer ou non la solidité du ligament, une fois terminée.
– Si cette cicatrisation est de mauvaise qualité et se fait au prix, entre autres, d’un relatif allongement post-traumatique, on comprend bien que ces ligaments ne vont plus désormais, et DEFINITIVEMENT, assurer la même qualité de protection anti-entorse : c’est la notion d’INSTABILITE CHRONIQUE de l’articulation qui risque fort d’être responsable des récidives…
– On imagine bien aussi que, si l’évolution se traduit par des entorses itératives (lésions dites récidivantes), chaque épisode va venir majorer, selon le principe du cercle vicieux, l’instabilité préexistante et conduire ainsi à un engrenage de répétitivité des entorses, et ce selon un cycle de lésions de plus en plus proches et de plus en plus déstabilisantes…
– En poursuivant ces observations, on constate alors que l’articulation étant de plus en plus mal protégée, ces accidents vont finir par menacer la structure suivante qui n’est du coup plus suffisamment protégée : l’OS… Et c’est alors que le risque de fracture (notamment des malléoles péronières et/ou tibiales) devient majeur et, bien sûr, le caractère lésionnel change tout à fait de registre : on entre dans le domaine des traitements chirurgicaux avec des conséquences bien plus importantes…
Dans le cas où cette description vous rappellerait votre propre vécu (même, je l’espère, à un stade encore de début de ma liste !!) et avant d’envisager l’achat d’un kit de pendaison pour mettre fin à votre vie de coureur (il y a quand même des solutions…), lisez quand même attentivement les paragraphes suivants qui, même si on conseille leur usage à un stade le plus PREVENTIF possible, peuvent encore vous permettre de stopper cette évolution défavorable :
- Les ligaments (renforts capsulaires) sont des éléments PASSIFS, puisque, rappelons-le, non élastiques et inertes. Ils sont largement suppléés et eux-mêmes protégés par ce que l’on appelle en jargon physiologique les « LIGAMENTS ACTIFS », ainsi dénommés grâce à leur caractère dynamique : les MUSCLES !!!….
- En effet, cette fameuse PROPRIOCEPTION, dont nous avons déjà parlé et reparlerons pour marteler en effet son caractère hyper-protectif est, rappelons-le, l’élément NATUREL qui, s’il est bien aiguisé par l’entraînement, permet à notre cerveau de déclencher en temps réel la contraction musculaire « anti-entorse » qui va empêcher ou tout au moins limiter, voire annuler ce risque d’ « élongation » (le fameux stretch reflex).
- Donc, OUI, NOUS POUVONS EVITER, ou tout au moins LIMITER à la fois les épisodes d’entorses, en limiter le caractère récidivant et permettre une réparation cicatricielle de meilleure qualité.
Le schéma de TRAITEMENT, actuellement, est le suivant :
- REPOS au moins sportif, c’est évident : la cicatrisation ligamentaire sera d’autant plus efficace et rapide que nous cesserons de « tirailler » de façon répétitive sur sa structure. Actuellement, sauf cas très particuliers, on n’a plus recours à l’immobilisation stricte (résine) : stupide en effet de favoriser une atrophie musculaire inévitable « sous plâtre » alors qu’on va rechercher au contraire un RENFORCEMENT PROTECTEUR !!!…Juste mise en décharge complète de quelques jours (cannes anglaises) et une reprise progressive de l’activité en fonction de l’évolution clinique.
- Physiothérapie, éventuellement (ondes de choc, ultra-sons) à visée anti-inflammatoire, associée à la cryothérapie au début (glace)
Rappelons, encore une fois, que si ces principes thérapeutique amènent un soulagement rapide s’ils sont scrupuleusement respectés, n’ont rien de miraculeux, que la cicatrisation, même favorisée, nécessite un temps minimum et incontournable, et N’AUTORISENT ABSOLUMENT PAS A BRULER LES ETAPES et à reprendre trop tôt l’activité… au risque de rentrer dans ce fameux cercle vicieux !!
On voit donc la nécessité impérieuse :
- De prendre au sérieux une toute première entorse afin de limiter par simple négligence ou « politique de l’autruche » le risque d’aggravation et de récidive
- D’être rigoureux dans l’introduction d’un programme régulier de TRAVAIL PROPRIOCEPTIF dans ses séances d’entraînement de CAP.
Je conseille quand même de consulter dès la première lésion un médecin du sport ou un ostéopathe spécialisé afin de faire un bilan précis du degré lésionnel.
Rappelons que la FATIGUE qu’elle qu’en soit l’origine est responsable d’un allongement significatif du temps de réponse neuromusculaire ( la protection proprioceptive est alors proportionnellement diminuée +++) et que certains éléments peuvent favoriser le relâchement capsulo-ligamentaire : c’est le cas de certaines hormones qui, si elles sont présentes en excès, même « normal » (phases précises du cycle menstruel féminin) ou induit (prise de certains contraceptifs) peuvent réaliser le même phénomène.
En dernier ressort, et devant un caractère récidivant à la limite de l’impotence sportive, il reste bien sur les traitements chirurgicaux (ligamentoplasties de tous ordres) mais avouons qu’en arriver là pour cause de négligence aggravée est du domaine du constat d’échec personnel…
Donc RIGUEUR, SERIEUX, sans dramatisation mais sans non plus de fausse banalisation de la « foulure » qui n’est qu’une excuse puérile pour continuer aveuglément un entraînement qui deviendrait alors nocif…
© Daniel DUBOIS– Ostéopathe du Sport – 2013
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