Attaque talon & l’importance de la variation des foulées
Selon notre spécialité (même si c’est un bien grand mot), on adaptera nos foulées. Quelques esthètes diront que l’attaque talon est une immense hérésie (même si c’est un peu sectaire, ce n’est pas tout à fait faux), la majorité des coureurs a une attaque médio, et plus on accélère (notamment sur des plus courtes distances), plus on aura tendance à privilégier une attaque pointe. On est là un peu dans des clichés.
Attaque talon & une histoire d’évolution
Le plus souvent, on commence à courir avec une attaque talon. Simplement car naturellement, c’est ce qui se rapproche le plus de la marche. Ça demande un effort moindre (et permet donc de durer plus longtemps), mais ça peut générer plus de blessures (au niveau des genoux et des articulations) en raison de la violence des chocs.
On aura ensuite tendance à nous orienter vers une attaque médio, qui permettra de générer des chocs moins violents, et ainsi de moins solliciter nos genoux, nos hanches et notre dos. Le risque se situe ici plus au niveau du tendon d’Achille. Le plus important est d’y aller doucement dans la transition. Cette foulée fonctionne bien sur des moyennes distances (du semi au marathon, en gros).
Enfin, dès lors qu’on va progresser et qu’on va vouloir aller chercher des meilleurs temps sur des plus petites distances (genre 5000 ou 10000 mètres), on ira plus sur une attaque pointe, qui permettra une propulsion et une explosivité optimales. Par contre, comme pour les autres, il est très important d’y aller doucement dans la transition, car ici, les mollets seront fortement mis à contribution, contrairement aux deux autres.
Attaque talon # attaque médio-pied
Y a t il une foulée meilleure qu’une autre ?
Alors non, il n’y a pas une foulée meilleure qu’une autre d’un point de vue intrinsèque et universel. Car selon la distance à laquelle on s’attaque et l’intensité qu’on veut y mettre, on en privilégiera une à une autre.
– Jusqu’a 10/15km, attaque pointe ;
– de 20 à 42 km, attaque médio
– et au delà de 50, alternance entre médio et talon ; le tout étant d’avoir la foulée la plus économique possible, celle qui demande un effort moindre.
Le plus important n’est pas d’en privilégier une. Selon moi, c’est plus de réussir à acquérir une certaine polyvalence dans les attaques. Je sais que d’autres préféreront privilégier une seule foulée et devenir des brutes sur une seule distance, et je le respecte. Je dis juste que pour moi, la qualité d’un coureur résidera surtout dans sa polyvalence, d’où mon admiration énorme pour Jim Walmsley, qui est peut-être l’athlète le plus polyvalent de la génération actuelle.
Attaque talon # la polyvalence catalane de Kilian Jornet
Mais le texan n’est pas le seul ; quand on analyse un peu la manière qu’a un Kilian Jornet de courir, on s’aperçoit que dès qu’un terrain est roulant (bon, il a certainement une conception du roulant qui n’est absolument pas la nôtre), il va privilégier une attaque pointe alors que sur un ultra, dès qu’il est en phase de récupération, va utiliser plus une attaque talon. Bon, pareil, sa conception de la récupération n’est pas la nôtre, car quand lui attaque talon, nous on marche (et difficilement, en plus). Ça lui permet de reposer un peu ses mollets quand il a un petit coup de barre.
Pour résumer, c’est important de savoir adapter ses foulées à son état de forme et à la distance à laquelle on s’attaque, et surtout de préparer son corps et ses muscles à cela, sous peine de se blesser. D’ailleurs, une étude menée sur les pas de Kilian apporte comme conclusion (ce n’est pas la seule) qu’il est plus important d’être flexible dans les attaques et de réussir à switcher d’un appui à un autre afin de réduire le risque de blessures et d’avoir une foulée aussi économique que possible.
Cette étude est très intéressante, car non contente de montrer qu’on peut être un des meilleurs et avoir une attaque talon de temps en temps (après, on parle ici de trail, hein, pas de bitume), elle peut donner des idées sur comment optimiser sa stratégie de course.
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