Tu penses que les anti-inflammatoires te permettent de courir plus longtemps ? De canaliser la douleur ? De mieux gérer ton effort ? Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont pour rôle de lutter contre les inflammations et de traiter ainsi indirectement les douleurs. Les AINS sont donc fréquemment utilisés de façon banale par les coureurs pour soulager les douleurs articulaires ou tendineuses, et pour prévenir les douleurs musculaires qui surviennent après une sortie longue ou une course traumatisante. Mais la prise de ces médicaments lors d’un ultra ou d’un effort prolongé peut-être lourde de conséquences.
Trail et anti-inflammatoires
Que se passe-t-il dans le corps lors d’un ultra ? Pourquoi les AINS sont-ils dangereux dans ce contexte ?
Lors d’un effort de longue durée comme un ultra, le corps perd beaucoup d’eau, même avec une hydratation régulière. Cette déshydratation entraîne une petite insuffisance rénale fonctionnelle, car le rein est mal hydraté et mal vascularisé. L’effort physique entraîne également la rhabdomyolyse (la destruction des cellules musculaires liée à l’activité physique). La destruction des cellules musculaires est plus ou moins importante en fonction de la durée et de la difficulté de l’effort, du niveau d’entraînement et de la fatigue du coureur. Le danger de la rhabdomyolyse massive est également l’insuffisance rénale aiguë. Si on ajoute les anti-inflammatoires à la déshydratation et à la rhabdomyolyse, le risque d’insuffisance rénale aiguë est multiplié. Cela se traduit par une défaillance brutale des fonctions rénales qui sans soins intensifs immédiats peut être mortelle.
Les AINS peuvent également être à l’origine ou directement responsables de troubles digestifs graves et d’accidents cardiaques qui surviennent chez les sportifs ayant dépassé leurs limites physiologiques. Le recourt aux AINS pour masquer la douleur peut donc avoir des effets indésirables très sérieux, et camoufle les signaux d’alerte du corps.
Une douleur vitale
A vouloir canaliser cette douleur, la masquer avec des AINS, le coureur ne cherche pas à en comprendre la cause. La douleur est un facteur physiologique très important lors d’un effort prolongé comme un ultra trail. Elle permet, si on s’écoute et si on apprend à se connaître, de donner des indications sur les capacités physiques du coureur.
En apprenant à écouter son corps, un sportif peut interpréter l’apparition de la douleur plus ou moins rapidement, plus ou moins intensément selon son niveau d’entraînement, son état de fatigue, etc. La douleur est un indicateur de sa condition physique et dans certains cas un signal d’alarme qui indique quand et comment adapter son effort. Masquer la douleur ne permet donc pas de ressentir et comprendre les signaux envoyer par le corps pour gérer son effort et prévenir des blessures (comme une lésion musculaire ou articulaire).
De plus, courir à une intensité supérieure à celle à laquelle l’athlète aurait du courir accentue la rhabdomyolyse et par conséquence l’insuffisance rénale. Lors de la prise d’AINS, les risques sur la santé du coureur sont donc très supérieurs aux bénéfices attendus.
Apprendre à se connaître et écouter les signaux du corps peut être une belle alternative.
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