La mentalité du « toujours plus » met en danger la santé des traileurs amateurs, inspirés par des modèles parfois extrêmes.

Le trail running, discipline en pleine expansion, séduit par son lien intime avec la nature et ses défis toujours plus ambitieux. Pourtant, derrière l’image idyllique de ce sport, une mentalité inquiétante gagne du terrain : celle du « toujours plus ». En s’inspirant de performances extrêmes ou en adoptant des pratiques inadaptées, de nombreux amateurs mettent leur santé en péril.

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Dans ce contexte, certains comportements illustrent cette dérive. Par exemple, l’enchaînement de courses longues à seulement un mois d’intervalle est parfois présenté comme une preuve de détermination. Pourtant, pour des coureurs non préparés à de telles contraintes, cela relève davantage de l’inconscience que de l’exploit. Le corps a besoin de temps pour se régénérer après un effort aussi intense, et ignorer cette réalité mène souvent à des blessures graves, voire à des épuisements physiques et mentaux.

De manière générale, la survalorisation du volume d’entraînement participe à ce phénomène.

Trop de coureurs pensent encore que courir beaucoup est la clé de la performance, au détriment d’une approche plus qualitative et équilibrée. La récupération, souvent perçue comme une faiblesse, est mise de côté, alors qu’elle est indispensable pour progresser durablement. Cette course au « toujours plus » ne fait qu’amplifier le risque de surentraînement, un état qui, lorsqu’il n’est pas pris en charge, peut avoir des répercussions irréversibles.

Ce phénomène n’est pas uniquement lié à l’individu. La glorification de figures emblématiques du trail, souvent à travers des exploits spectaculaires, pousse les amateurs à imiter des modèles qui ne sont pas toujours représentatifs d’une pratique saine.

Cette pression sociale renforce l’idée qu’il faut aller toujours plus loin, toujours plus vite, sans prendre en compte les limites personnelles et les besoins physiologiques de chacun.

Une autre facette de cette mentalité dangereuse se retrouve dans le mépris de certains pour les pratiques complémentaires au trail.

Ainsi, le renforcement musculaire est parfois considéré comme inutile, alors qu’il est essentiel pour prévenir les blessures et optimiser les performances. De même, la reprise après une blessure est souvent mal gérée, certains reprenant directement par des séances d’une heure, augmentant considérablement le risque de rechute.

Le trail, par essence, est une discipline exigeante mais qui se veut aussi respectueuse : de la nature, des autres coureurs, et surtout, de son propre corps. Pourtant, cette mentalité du « toujours plus » menace ces valeurs fondamentales. Elle déconnecte les amateurs de l’équilibre nécessaire pour pratiquer ce sport dans la durée, les plaçant sur une voie où la performance prime au détriment de la santé.

Il est urgent de repenser notre rapport à ce sport, de réhabiliter des pratiques plus réfléchies et d’insister sur l’importance de la récupération et de la qualité des entraînements. S’inspirer des meilleurs n’est pas un problème en soi, mais il est essentiel de garder en tête que chaque corps a ses propres limites, et que les exploits des élites ne sont pas forcément adaptés à tous.

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