TFL syndrome de l’Essuie-Glace chronique
En préambule, tout ce qui va suivre est évidemment directement applicable dès la toute première crise d’ITBS, mais comme il est encore –hélas- trop rare de s’attaquer au problème à ce stade, passons directement à la case « chronique »… Et l’on pourrait peut-être même inaugurer une case « prévention », du coup. Allez, je vous invite à un rêve… prémonitoire, qui sait ?…
TFL syndrome de l’Essuie-Glace chronique : fait partie des blessures les plus fréquentes en trail
TFL syndrome de l’Essuie-Glace chronique
Qu’il soit véritablement chronique, c’est-à-dire permanent, ou récurrent (le plus fréquent) à savoir silencieux tant que l’on ne le soumet pas à nouveau à des efforts sportifs, le Syndrome de la Bandelette Ilio-Tibiale est une pathologie simple dans son mécanisme : cette lésion, au départ de forme « tendinite », résulte du frottement répété de la partie basse de ce tendon sur le relief externe du condyle latéral du fémur, au niveau du genou. Ce contact est bien sûr reproduit à chaque phase de flexion /extension de l’articulation, lors de chaque phase de la foulée… Tout au moins à condition de passer d’une EXTENSION QUASI MAXIMALE à la flexion suivante, autrement dit lorsqu’on a une foulée où l’on « va chercher » l’appui antérieur loin, pour une foulée la plus ample possible. Si le genou CONSERVE UN MINIMUM DE FLEXION de quelques degrés, sans repasser par l’extension totale, ce contact n’a plus lieu.
On comprend donc que la première des préventions va être d’éviter cette extension maximale : c’est le schéma de la foulée « naturelle » proposée par la chaussure minimaliste, à partir de laquelle cette attaque par le talon avec un genou tendu n’est plus permise, ni tolérée….
On nous rétorque souvent que nous sommes malhonnêtes, car beaucoup de coureurs « classiques » ne souffrent pas de cette pathologie !… Réponse : oui, bien sûr et heureusement !! La raison est toute simple : ces coureurs heureux ont tout simplement une foulée mid-foot (médio-pied, celle qui vient d’être préconisée) malgré leur amorti du talon. Cet artifice inutile ne peut donc évidemment pas les blesser… puisqu’ils ne l’utilisent pas !… C’est aussi simple que cela. Les démonstrations (conférences et vidéos) de mon confrère Québécois Blaise Dubois (La Clinique du Coureur) sont parfaitement éloquentes, pour ceux qui sont plus sensibles aux arguments venus du Nouveau-Monde !!… 😉
On voit bien que la prise d’appui (à droite, au moment où le TFL va être sollicité pour équilibre le bassin dans cette phase unipodale) va être réalisée avec un genou fléchi d’au moins 20°.
Le genou gauche, lui, va atteindre éventuellement une extension subtotale, juste au moment de quitter le sol. Pendant la phase de suspension du corps, le TFL gauche est alors en état de relâchement de non-appui, et durant toute l’oscillation de cette jambe.
En conclusion, dans la foulée minimaliste (chaussé ou non), à aucun moment le TFL ne peut être en contraction d’appui sur un genou en extension complète, donc aucun contact possible entre son tendon inférieur et le condyle latéral
Autrement dit, ils courent avec des chaussures, à la configuration très discutable certes, mais qu’ils utilisent PHYSIOLOGIQUEMENT, naturellement, sans attaque-talon : donc, eux peuvent continuer à courir ainsi, et sans autre inconvénient ni obligation « doctrinale » de changer quoi que ce soit. Le seul vrai danger, c’est qu’ils servent d’exemple vivant aux malheureux qui, suivant leur exemple, persévèrent à courir de façon contre-physiologique et à se blesser, ce qui est hélas d’une logique implacable !… Et pour pousser l’honnêteté à son maximum, j’ajouterai que se chausser correctement est un premier remède capital, mais il faut aussi veiller à courir avec une foulée optimale : c’est la raison principale des conseils de coaching dont je préconise la mise en place sur le terrain (ce que je fais dans ma région, ainsi que d’autres spécialistes sur d’autres territoires), ou au minimum, et malgré ses limites, sur ce réseau social en répondant inlassablement et directement aux intéressés.
On peut continuer à mettre en place tous les « pansements » que l’on voudra (genouillères, semelles orthopédiques dans des chaussures illogiques, strap’ divers,…) : JE N’EN DISCUTE ABSOLUMENT PAS L’EFFET BENEFIQUE DU MOMENT (je ne me le permettrais jamais car, là encore, je suis honnête !), mais leur résultat sera toujours à la mesure et dans les limites des moyens employés : bénéficier d’une certaine antalgie, soit, donc continuer à courir avec une foulée inadaptée, attendre ainsi la réapparition du problème à l’occasion suivante, puis recommencer les soins, et ainsi de suite.. J’en ai corrigé en pratique ostéopathique des anomalies squelettiques récurrentes chez des coureurs qui ne voulaient jamais changer leur foulée. Ils en ont cherché des « remèdes miracles » de tous ordres, avant de revenir me revoir en consultation : cela s’appelle le mouvement perpétuel, et il existe depuis la nuit des temps !…
Voilà pour ce qui est du versant à la fois curatif et préventif de cet ITBS.
Chronicité et récurrence imposent des moyens de fond, basés sur la biomécanique et la physiologie locomotrice, qui sont des sciences à part entière, quoi qu’on en dise. Tout le reste est parfaitement respectable, mais relève du palliatif limité dans la durée et n’apportera JAMAIS de solution définitive. Le minimalisme non plus ? Certes, je suis là encore très honnête, il existe comme partout en matière médicale des « cas limites » (ou peut-être simplement… un peu trop anciens, non ?..). Répétons inlassablement que rien n’est jamais prodige en matière de santé. Ceci dit, je récolte régulièrement des TEMOIGNAGES NOUVEAUX, qui sont autant d’éléments de conviction que le respect ou la restitution des axes et des appuis naturels sont des moyens, peut-être parfois limités, mais en tous cas efficaces et très faciles à exploiter !…
Il faut également savoir que la perturbation récurrente du travail du TFL, ainsi que l’inégalité des appuis qu’il va entraîner, notamment sur les parcours accidentés, va tôt ou tard entraîner des compensations diverses au niveau du corps en action de course : dysfonctionnement de hanche, instabilité pelvienne (bassin) et finalement de ce qui se trouve au-dessus, la colonne vertébrale, surtout lombaire. Si l’on y ajoute une dissymétrie du « balancier » supérieur qui va tout tenter pour assurer la poursuite du schéma de course, il faudra compléter la panoplie des compensations douloureuses probables par l’apparition de perturbations crânio-cervicales qui laissent souvent tellement perplexes et vont rajouter quelques thérapeutiques palliatives à toutes celles déjà appliquées…
On ne peut pas non plus nier que certains coureurs sont malheureusement plus ou moins fortement prédisposés, par leur morphologie, à l’ITBS : c’est le cas des fameux « genoux varus » (à l’image extrême des genoux « en parenthèses », immortalisés par la caricature des cowboys !!) : dans ces cas un peu extrêmes, même les moyens évoqués peuvent se révéler inopérants, car incapables de réduire suffisamment les facteurs mécaniques en cause. C’est dans ces cas d’échecs et après bilans médicaux précis, que l’on pourra discuter l’opportunité du recours aux corrections orthopédiques : semelles correctrices dans des chaussures soigneusement choisies (pour éviter de surajouter des risques de lésions de cheville, notamment), avis d’un chirurgien orthopédiste pour peut-être effectuer une correction de valgisation tibiale, ou un résection condylienne, etc…
TFL syndrome de l’Essuie-Glace chronique
En conclusion, la correction optimale de la foulée de course, et particulièrement chez le trailer qui est soumis plus que tout autre à de nécessaires ajustements permanents de son équilibre en action, est la première et la plus logique action de prévention (ou curative) à envisager : elle seule est susceptible d’apporter un respect des axes et appuis physiologiques requis pour un genou apaisé !… Rappelons que « plus est en nous », et que notre corps, si on le laisse exprimer librement sa nature physiologique, est programmé pour fonctionner presque toujours sans problème tant qu’on ne le contrarie pas, même en croyant bien faire.
Réfléchissons toujours à la cause primaire d’une pathologie avant de trouver un bouc-émissaire en guise de « solution de facilité » et un remède dont les conséquences seront, au mieux inefficaces, et malheureusement trop souvent elles-mêmes génératrices de sur-lésions !
Je suis toujours prêt à entendre les questions suscitées par ces désordres (et d’autres), et à y répondre le plus précisément possible, sans aucun prosélytisme, mais juste pour conduire cette demande à générer un résultat positif pour son auteur.
Et comme cette pathologie est parmi les plus fréquentes, je souhaiterais récolter un maximum de témoignages et de retours d’expériences : un premier livre a déjà été consacré, l’an dernier, à la théorie et la pratique de la course minimaliste, un autre pourrait viser plus précisément à mener le coureur/trailer vers des solutions dérivées, basées sur l’expérience pratique…
Alors, si vous vous sentez concernés, à vos plumes et je vous lirai avec beaucoup d’intérêt !…
TFL syndrome de l’Essuie-Glace chronique
Daniel Dubois
https://www.facebook.com/daniel.a.dubois.7
Lire aussi
- précédente question-réponse sur le syndrome de l’essuie-glace
- Mal au TFL après 1h de course
- Faire le Grand Raid de la Réunion avec un TFL?
- TFL : syndrome de l’essuie-glace
- Comment continuer à courir avec le syndrome de l’essuie-glace ?
- TFL : syndrome de l’essuie-glace
Lire encore
Lire tout
- Comment choisir sa PREMIÈRE montre GPS ?
- L’entrainement au seuil : regardez notre vidéo qui va vous aider à progresser
- Mont Blanc : video d’un alpiniste qui glisse au sommet de l’Aiguille du Midi
- Boycott UTMB : Jornet savait-il que son mail envoyé aux élites allait fuiter ?
- Officiel : fin du certificat médical, voici le PPS !
- Ecologie : les incohérences de Kilian Jornet
- Ma fille est étudiante à l’ENS
- Combien de temps faut-il rester en chaise ?
- MALAISE en Belgique : bénévole sur un trail, son comportement est incompréhensible
- Le meurtre d’une joggeuse enfin résolu
-
crédit photo : daniel dubois pour utrail