Ces derniers mois, impossible pour un coureur de passer à côté de Flytex sur les réseaux sociaux. Derrière cette marque qui monte en flèche se cache Hugo Huille, un entrepreneur passionné qui défend un marketing agressif assumé et engagé pour développer ses produits et accompagner la communauté des sportifs. Nous l’avons rencontré à l’occasion d’une balade pour en savoir plus sur son parcours, ses idées et ses ambitions.
Flytex
Q : Quelle est la genèse de Flytex ?
L’histoire remonte à une époque où je pratiquais énormément de sport : course, vélo, escalade, musculation… À ce moment-là, j’étais engagé depuis deux ans dans un projet entrepreneurial autour du sport. J’avais créé une startup développant des miroirs électroniques générant un hologramme avec un coach connecté. Le concept existait déjà aux États-Unis et, avec le COVID, l’idée que « le sport à la maison, c’est l’avenir » s’est imposée. J’y ai investi toutes mes économies, mais le marché ne s’est pas développé en France, et l’entreprise a fermé en deux ans.
Q : Comment avez-vous vécu cet échec et quelles ont été ses conséquences ?
Ça a été une période très difficile. La charge de travail, le stress, le manque de sommeil et d’argent… tout ça m’a détruit physiquement. J’ai accumulé les blessures : tendinites, atteinte des ligaments croisés, douleurs aux épaules. Je ne pouvais plus rien faire. À 25 ans, je me demandais dans quel état j’allais arriver à 30 ans…
Cet échec m’a appris une leçon essentielle : j’avais poussé mon corps trop loin, trop vite. Quand j’ai enfin pu prendre soin de moi, j’ai commencé un an et demi de kiné. J’ai aussi beaucoup lu, notamment Becoming a Supple Leopard du Dr. Kelly Starrett, qui insiste sur l’importance de la posture et de la prévention des blessures. Petit à petit, j’ai appris à mieux comprendre mon corps.
Q : Quels enseignements avez-vous tirés de ces recherches ?
Je me suis beaucoup inspiré des méthodes développées aux États-Unis, qui sont en avance sur ces sujets. J’ai découvert notamment le Flossing, une technique utilisant des bandes de compression pour améliorer la circulation sanguine et la mobilité des articulations douloureuses.
Lorsque j’ai voulu reprendre la course à pied, j’ai réalisé que malgré la kiné, mon genou restait fragile. Je ressentais une perte de confiance et une faiblesse que je risquais de traîner toute ma vie. En étudiant les solutions existantes, j’ai remarqué un vide sur le marché : d’un côté, les genouillères médicales de maintien (Thuasne®, Zamst®), de l’autre, les manchons de compression pour le sport (Compressport®, BV Sport®). Mais rien qui combine maintien, compression et adaptation aux sportifs.
C’est ainsi qu’est né notre premier produit, basé sur le concept du maintien de compression. L’objectif est de combiner la compression type bas de contention (classe II) avec une technologie de soutien articulaire, pour accompagner les sportifs en post-blessure ou souffrant de fragilités articulaires. Nous en sommes à la quinzième version du produit, et nous continuons à l’améliorer. Nous avons récemment sorti une nouvelle version V2.
Q : Où sont fabriqués vos produits et pourquoi ?
Actuellement, la production est réalisée en Asie, principalement pour des raisons techniques et financières. Nos produits nécessitent un tissage circulaire sans couture, et les usines maîtrisant cette technologie pour le polyester et le nylon se trouvent en Asie. Nous savons que ce n’est pas idéal, mais c’est aujourd’hui la seule option viable pour nous.
Q : Avez-vous des projets pour rapatrier la production en Europe ?
Oui, c’est un objectif à moyen terme. Nous travaillons à ramener une partie de la production ou de l’assemblage en Europe. Cela demande de structurer la chaîne d’approvisionnement et de maîtriser les process de fabrication. Nous développons par exemple un nouveau modèle de genouillère Polartec® breveté, conçu pour optimiser l’évacuation de la transpiration.
Q : Vous mettez en avant des données scientifiques et des études dans votre communication. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, c’est essentiel pour nous. Il existe beaucoup d’études sur la compression, mais très peu sur l’association maintien-compression. Nous avons participé à une étude avec un club de basketball français et un kinésithérapeute, et nous avons une autre étude en cours sur la course à pied, dont les résultats seront bientôt disponibles.
Q : Quelles sont les indications de vos produits ?
Initialement, nous les positionnions surtout sur la stabilité et la sécurité articulaire. Mais au fil du temps, nous avons constaté des retours très positifs sur leur efficacité dans certaines pathologies articulaires. Cela nous a amenés à évoluer vers une approche plus médicale, tout en restant ancrés dans le monde du sport.
En termes de performance, notre étude sur les basketteurs a montré que 71% des joueurs ressentaient une amélioration de leurs performances. Pour le trail, nous n’avons pas encore d’étude, mais de nombreux utilisateurs nous parlent d’un effet game changer en descente, avec un gain de confiance et une meilleure absorption des impacts.
Q : Vos produits peuvent-ils être utilisés en récupération ?
Absolument ! C’est même recommandé. Les études sur la compression montrent qu’elle aide à soulager les sensations de fatigue et à accélérer la récupération musculaire.
Q : Vous proposez certains produits à l’unité, comme les genouillères. Pourquoi ?
Nos produits sont conçus pour être utilisés en paire, car lorsqu’une articulation souffre, l’autre doit souvent compenser. Mais nous offrons aussi la possibilité d’acheter à l’unité pour s’adapter aux besoins individuels de chacun.
Q : Vous avez commencé à vous développer aux États-Unis. Pourquoi ?
Oui, et c’est un marché clé pour nous. Là-bas, les avancées techniques actuelles sont surtout basées sur les textiles eux-mêmes, comme la marque Incrediwear®, qui travaille sur des nanotechnologies pour activer la circulation sanguine. Mais ils ne prennent pas en compte le maintien articulaire. Nous avons donc une vraie opportunité avec notre approche hybride maintien + compression. Nous visons un développement mondial d’ici trois ans.
Q : Quelles sont vos ambitions pour Flytex en France ?
D’un point de vue technique, nous avons plusieurs nouveaux produits en développement, dont une genouillère brevetée.
Mais ce que l’on souhaite réellement développer, c’est la belle communauté qui se forme autour de Flytex. A titre personnel, je trouve ça tellement gratifiant de pouvoir aider les coureurs en développant des produits adaptés à leurs besoins. Car on prend vraiment en compte les retours de nos clients pour améliorer nos produits. On demande même de l’aide à nos clients ! Nous sommes dans une optique de co-construction de nos produits, partant de la demande de nos clients. C’est le cas par exemple de notre leggings, qui est le fruit d’une demande répétée, et aujourd’hui plébiscitée.
Mais on a aussi envie de développer et faire vivre la communauté elle-même. Par exemple, on crée et organise prochainement une course sur Paris. On ambitionne de pouvoir donner naissance à un véritable festival de la course à pied en France. De profiter de l’engouement pour ce sport, pour stimuler l’innovation et apporter de l’information. Aujourd’hui après une blessure, personne ne nous guide. Le fait que ce n’est pas une fin en soi, qu’il est possible de revenir au sport, via une prise en charge globale est un message que l’on souhaite développer et populariser. Et on ambitionne que nos produits soient une part de cette prise en charge globale. De pouvoir orienter les gens vers le vrai travail de renforcement, travail de la proprioception, de la mobilité, etc. On veut pouvoir animer cette communauté, l’accompagner, l’éduquer et rendre à la communauté ce qu’elle nous apporte.
Q : Votre marketing est parfois qualifié d’agressif. Qu’en pensez-vous ?
Nous assumons totalement ! Nous sommes partisans d’un marketing agressif vertueux. Aujourd’hui, le marché est beaucoup monopolisé par Big Pharma, bien loin des vrais besoins des sportifs. On est là pour prendre ce marché, pour notre communauté, tout en gardant notre authenticité. Par exemple, je me suis aligné sur le marathon de Paris il y a quelques temps. Résultats il y a des vidéos de moi en train d’être évacué sur une civière… pas exactement ce qui était prévu, mais c’est ça la réalité du sport. On veut partir de cette réalité et défendre un écosystème vertueux.
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