On a beaucoup critiqué Kilian Jornet pour son double discours en matière d’écologie mais pour le féminisme, il a tout compris !
Kilian Jornet, légende du trail running, a toujours revendiqué des valeurs fortes, notamment un engagement en faveur de l’écologie. Pourtant, à plusieurs reprises, ses actes ont semblé en contradiction avec son discours. Si ses prises de position environnementales lui ont valu des critiques pour leur manque de cohérence, son engagement en faveur de l’égalité femmes-hommes dans le sport apparaît, lui, bien plus crédible. Récemment, il a même donné l’exemple en mettant sa carrière entre parenthèses pour privilégier sa vie de famille.
Depuis plusieurs années, Kilian Jornet se positionne comme un défenseur de la nature, appelant les traileurs à limiter leur impact écologique en privilégiant les sorties locales et en réduisant les déplacements en avion. Pourtant, ses propres décisions ont souvent contredit ces principes.
En 2022, il lance sa marque d’équipements de trail, NNormal, mettant en avant la durabilité et la réduction des déchets. Mais une partie de la production est réalisée en Chine, soulevant des interrogations sur l’empreinte carbone liée à l’acheminement des produits et sur les conditions de fabrication. Une contradiction majeure pour un athlète prônant une consommation responsable et locale.
Ses voyages à travers le monde sont également en décalage avec son discours. En 2017, il réalise un exploit en gravissant deux fois l’Everest en une semaine, sans oxygène. Mais ces expéditions nécessitent des trajets en avion et une logistique lourde, qui ont un impact écologique bien réel. Il en va de même pour ses tentatives de records et ses projets dans l’Himalaya, qui impliquent des déplacements lointains et des infrastructures nécessitant des ressources considérables. Alors qu’il prône un mode de vie minimaliste, l’empreinte carbone de ses aventures extrêmes reste difficile à justifier.
Son partenariat avec Mercedes-Benz a également fait polémique. En tant qu’ambassadeur de la marque, il a été l’image d’un constructeur automobile, ce qui semblait incompatible avec son discours écologique. Face aux critiques, il a mis fin à cette collaboration, mais cette période a renforcé l’image d’un double discours. La situation s’est encore compliquée lorsqu’en 2022, il a publiquement appelé au boycott de l’UTMB, dénonçant le partenariat de l’événement avec Dacia, une autre marque automobile. Pourtant, l’année suivante, sa propre marque NNormal a tenu un stand lors de la course, ce qui a renforcé l’impression d’une posture plus stratégique que sincère.
Si ses prises de position environnementales sont souvent perçues comme ambivalentes, son engagement en faveur du féminisme semble bien plus crédible et assumé.
Le 8 mars dernier, Kilian Jornet a publié une lettre ouverte dénonçant les inégalités persistantes dans le monde du trail. Il pointe du doigt la domination masculine, le manque de reconnaissance des performances féminines et l’absence d’études spécifiques sur la physiologie des athlètes féminines, ce qui perpétue des méthodes d’entraînement pensées pour les hommes. Mais au-delà du constat, il propose des solutions concrètes : encourager un changement de langage, donner plus de place aux femmes dans les médias et les instances décisionnelles, et militer pour une égalité de traitement en termes de sponsoring et de dotations. Son message, précis et argumenté, tranche avec l’opportunisme que certains lui reprochent sur l’écologie.
Son engagement pour l’égalité ne se limite pas aux mots. En cette année 2024, il montre aussi par ses actes que certaines priorités dépassent le sport. Alors qu’il attend la naissance de son troisième enfant, il a fait le choix de renoncer à plusieurs courses majeures, dont le Chianti Ultra Trail, la Western States et l’UTMB. Il a déclaré vouloir être présent pour ce moment essentiel de sa vie, illustrant ainsi une autre forme de féminisme : celle d’un athlète qui assume pleinement son rôle de père et qui refuse l’idée que les responsabilités familiales reposent uniquement sur les femmes.
Kilian Jornet est un personnage contrasté. Son engagement écologique, entaché de contradictions, suscite encore des doutes, mais son plaidoyer en faveur de l’égalité des sexes dans le sport semble sincère et structuré. En mettant sa famille avant sa carrière, il envoie un message fort : un champion ne se définit pas seulement par ses performances, mais aussi par les valeurs qu’il incarne au quotidien.
Sources
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Production de la marque NNormal : Selon un article d’Ultrarunning Magazine, Kilian Jornet a reconnu que les produits de sa marque NNormal sont fabriqués dans divers pays, notamment au Vietnam, en Chine, aux Philippines, en Europe et en Amérique du Sud. Cette diversité de lieux de production peut soulever des questions sur l’empreinte carbone liée au transport et aux conditions de fabrication.
https://m.ultrarunning.com/article/nnormal-mission-impossible -
Partenariat avec Mercedes-Benz : Kilian Jornet a été impliqué dans une campagne publicitaire pour le modèle Marco Polo de Mercedes-Benz, où il partageait son expérience en tant qu’influenceur pour la marque. Cette collaboration a été perçue comme contradictoire avec son engagement écologique.
https://www.fischerappelt.com/cases/up-high-in-the-mountains-with-the-marco-polo
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Appel au boycott de l’UTMB en raison du partenariat avec Dacia : En 2023, Kilian Jornet, accompagné d’autres athlètes, a critiqué le partenariat de naming entre Dacia et l’UTMB, estimant que l’association avec une entreprise automobile était en contradiction avec les valeurs écologiques du trail running.
Kilian Jornet et de nombreux athlètes dénoncent le naming entre Dacia et l’UTMB
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Expéditions en Himalaya : Bien que Kilian Jornet encourage à privilégier les sorties locales pour réduire l’empreinte carbone, il a lui-même réalisé plusieurs expéditions en Himalaya, notamment en 2017 lorsqu’il a gravi l’Everest à deux reprises en une semaine sans oxygène. Ces voyages impliquent des déplacements longue distance, contribuant aux émissions de gaz à effet de serre.
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