on court de moins en moins vite
Je suis tombé en 2020 sur un article d’Eric Lacroix (pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un ancien athlète de haut niveau (qui est à 2h18 sur marathon, rien que ça, et qui a été international en course de montagne au début des années 90) qui, quand il parle, a toute la légitimité pour être écouté. Sur son blog, il revient sur la baisse du niveau de fond en France.
on court de moins en moins vite – Il n’est pas le premier à penser cela ou à l’écrire. Il y a quelques années, Dominique Chauvelier faisait le même constat, mais teinté d’un peu de condescendance (du genre « ouin ouin, on est moins bons car y’a plus de coureurs »).
Eric Lacroix rappelle en préambule quelques chiffres qui sont malheureusement sans appel :
– 161 français sont descendus sous les 2h30 sur marathon en 1990 (le record étant à 178 en 1987),
– contre 46 en 2011
– et 83 en 2019.
Pas sûr que 2020 soit des plus parlantes, mais ça n’augure rien de bon pour 2021 (d’une part car on va pas mal repartir de zéro, et d’autre part car les tendances ne sont pas franchement positives).
8 RAISONS QUI EXPLIQUANT
LA BAISSE DE NIVEAU
DES MARATHONIENS EN FRANCE
1- Les vieux sont égoïstes
En premier lieu, Eric Lacroix explique que la responsabilité peut incomber aux « anciens » qui n’ont « pas su, pas pu, pas voulu transmettre leur passion ». Il dit d’ailleurs quelque chose à quoi je ne m’attendais pas forcément : « il me semble que l’on rencontre aussi pas mal d’égoïsme, de nombrilisme chez pas mal de nos anciens qui courent encore. Je dis souvent qu’il m’a été permis de vivre ma passion avec l’aide de tous ces officiels, bénévoles, dans les clubs, les organisations, et qu’à mon tour je dois aider les plus jeunes ». Je dis que ça me surprend car pour moi, un sportif de haut niveau prenant se retraite se réorientait généralement dans l’entraînement, dans l’organisation de courses, ou éventuellement dans des fédés.
Il énumère encore diverses causes…. dont
2- Désintérêt pour les longues distances en France
.. Le mépris pour l’endurance en France (par rapport à la vitesse ou la force).
3- Le manque de formation des coach en France
.. un manque de compétences des coachs sur la manière de s’entraîner en endurance (pour lui, ça ne s’arrête pas qu’à la course, mais ça peut s’étendre au cyclisme).
4- Désintérêt pour les championnats nationaux
En troisième lieu, il parle des championnats de France de Marathon, qui sont mis de côté par les participants (et d’ailleurs cette année, je suis convaincu qu’il y aura beaucoup plus d’élites françaises sur le marathon de Paris le 18 octobre que sur le marathon de Rennes qui se déroulera le 25 octobre et qui accueillera les championnats de France).
5- Disparition progressive du sport à l’école
En cinquième lieu, et c’est à mon avis là que c’est le plus grave, c’est la disparition progressive du sport à l’école. Je dis que c’est grave, car c’est à cause de ça qu’on a des générations qui ne voient pas à quel point le sport peut faire du bien (tant pour le corps que pour la tête), qui n’ont pas le goût de l’effort physique, etc … Et on arrive à une ministre des sports qui, pour aller dans le sens de la bienpensance à la française (à savoir qu’il faut mépriser le sport pour être bien vu par les beaufs), dira que le sport ne doit pas être prioritaire (alors même que les médecins disent exactement l’inverse).
6- Simplification des plans d’entrainement
Eric Lacroix parle aussi de la multiplication et de la simplification des plans d’entraînements (là-dessus, il n’a pas tout à fait tort ; il y a une dizaine d’années, on n’aurait jamais trouvé de plan d’entraînement pour marathon en 6h00…) Après, est-ce que c’est bien ou mal ? Ni l’un ni l’autre, tant que ça ne m’empêche pas d’aller, à titre personnel, essayer de me dépasser.
7- A cause de la FFA
Il fait un lien auquel je n’avais pas forcément pensé, mais avec lequel je suis totalement d’accord, à savoir que « depuis que la fédération a pris les courses hors stade en compte au début des années 90, le niveau s’est progressivement dégradé ».
8- A cause des coureurs eux même
Enfin, il s’exprime sur son ressenti face à tout fatalisme. A chaque fois qu’un entraîneur constate une baisse de niveau, effectivement, c’est souvent la même chanson, le fait que le running devienne de plus en plus populaire en fait baisser inexorablement le niveau général, et que ça, on n’y peut rien. Et il égraine ainsi une série de propositions que je trouve assez rationnelles, et pas difficiles du tout à mettre en place, pour peu qu’on s’en donne un peu la peine..
NEUF SOLUTIONS POUR AMÉLIORER
LA BAISSE DE NIVEAU DES MARATHONIENS EN FRANCE
1– Aidons les jeunes,
2– organisons des regroupements d’athlètes,
3– créons des groupes d’entrainement où les athlètes se motiveront,
4– invitons nos jeunes dans les organisations renommées,
5– réactivons les passerelles avec le sport scolaire,
6– rendons nos championnats plus attractifs,
7– sélectionnons ceux qui jouent le jeu,
8– n’ayons pas peur de la compétition, c’est là que l’on acquiert de l’expérience,
9– revenons à des fondamentaux de l’entraînement, le marathon ne se prépare pas sur la piste.
En conclusion, je voudrais rendre hommage à la qualité de l’article d’Eric Lacroix, car il est beaucoup plus objectif que bien des articles que d’autres professionnels ont pu pondre. La seule nuance que je voudrais apporter, c’est au niveau du trail.
Car si, effectivement, sur route, on est de plus en plus nuls, j’ai quand même l’impression qu’en ultra-trail, on a quand même les meilleurs athlètes du monde (tant en qualité qu’en quantité), avec les espagnols et éventuellement les américains.
Si on prend les trois plus gros monstres sacrés, on a D’Haene, Jornet et Walmsley. Mais si on descend dans la couche juste en dessous, on aura des Cappell, Hawks, Tollefson, Grinius, Miller, Hernandez, Villa, Magnini, Lauenstein, Angermund-Vik… Alors qu’en parallèle, dans cette même couche, on va trouver Xavier Thévenard, Ludovic Pommeret, Benoît Girondel, Cédric Fleureton, Sylvain Court, Sébastien Spehler, Julien Chorier, Grégoire Curmer, Erik Clavery, Thibault Baronian, Maxime Cazajous, Julien Rancon, Ugo Ferrari (nan je déconne)…
Bref, je suis convaincu que notre peloton est le plus étoffé au monde en ultra trail. Il pourra être intéressant de se pencher sur les raisons de ce décalage entre nos performances en trail et nos contre performance en route.
source :https://www.ericlacroix.com/post/baisse-de-niveau-dans-les-courses-de-fond-en-france
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