Chaque année, avec l’ouverture de la saison de chasse, deux types de traileurs émergent : ceux qui adaptent leur entraînement et évitent les zones de chasse, et ceux qui continuent à courir malgré les risques. Ce dernier groupe, qu’on pourrait qualifier de téméraires, brave la crainte de croiser des chasseurs armés jusqu’aux dents, partageant les mêmes sentiers forestiers. Pour ceux qui veulent éviter ces confrontations, l’option la plus simple semble être de courir en semaine. Mais pour beaucoup, cela est tout simplement impossible en raison de contraintes professionnelles, laissant le week-end comme unique créneau d’entraînement — des jours souvent propices à la chasse.
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La saison de chasse 2024-2025 réouvre demain
Des accidents en hausse malgré des efforts
La saison 2023-2024 a vu une augmentation des accidents de chasse avec 97 incidents recensés, dont 12 impliquant des non-chasseurs, principalement des randonneurs et promeneurs. Bien que les accidents mortels soient à leur plus bas niveau depuis 20 ans, le nombre d’incidents graves reste préoccupant. Le partage des mêmes sentiers avec des chasseurs lourdement armés inquiète de nombreux traileurs et randonneurs, notamment lorsque des coups de feu se font entendre à proximité.
Video de trail sur la réouverture de la chasse 2024/25
La sécurité : une question ignorée pour les traileurs
Même Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, reconnaît les problèmes de sécurité dans la pratique de la chasse. Pourtant, malgré cette prise de conscience, les efforts pour protéger les traileurs et autres usagers de la nature restent insuffisants. En effet, plusieurs lois et décisions favorisent les chasseurs, souvent au détriment des sportifs et des randonneurs.
L’une des principales critiques concerne l’extension de la saison de chasse dans certains départements, justifiée par la régulation des populations de sangliers. Cela force les traileurs et autres amoureux de la nature à adapter leurs activités pour éviter les jours de chasse, sans qu’aucune mesure radicale ne soit prise pour leur offrir des espaces sécurisés. En conséquence, le partage des sentiers avec des chasseurs armés devient une source d’anxiété pour beaucoup.
Cette préférence donnée aux chasseurs a été particulièrement marquante durant la pandémie de Covid-19. Alors que l’ensemble de la population était limitée à des sorties d’une heure dans un périmètre de 1 km autour de leur domicile, les chasseurs ont bénéficié de dérogations spéciales. Ces autorisations, justifiées par la nécessité de réguler la faune sauvage pour protéger les cultures, ont permis à certains chasseurs de continuer à pratiquer leur activité. La chasse a même été classée comme une “mission de service public” par la Fédération nationale des chasseurs.
En parallèle, certaines préfectures ont confié à l’Office français de la biodiversité (OFB) et à la gendarmerie le contrôle des attestations des chasseurs, ajoutant à l’indignation générale. De nombreuses associations de protection de l’environnement ont dénoncé ces mesures, les jugeant injustes, alors que le reste de la population était contraint de respecter des restrictions strictes.
Cet épisode a accentué le sentiment de frustration parmi les traileurs, déjà confrontés à des décisions politiques favorisant systématiquement la chasse. L’extension des périodes de chasse dans certaines régions et l’absence de jours sans chasse ne font qu’aggraver cette situation. Pour les traileurs, l’espace naturel devrait être un lieu de sécurité et de sérénité, et non une zone de tension constante.
Des décisions biaisées en faveur de la chasse
Les conflits entre traileurs et chasseurs reflètent une cohabitation de plus en plus difficile dans les espaces naturels, où les règles semblent favoriser les chasseurs. L’incident du trail de Bellefontaine en 2023 en est une illustration, démontrant que la sécurité des traileurs n’est pas toujours garantie. C’est dans ce contexte qu’Andy Symonds propose des solutions pragmatiques. Il suggère notamment l’instauration de jours sans chasse, une mesure visant à permettre aux traileurs, randonneurs et autres usagers de la nature de profiter des sentiers sans danger. Cette proposition, qu’il considère comme un partage plus équilibré des espaces naturels, est en écho aux revendications croissantes des sportifs de plein air. De plus, il plaide pour une plateforme de communication entre chasseurs et traileurs, qui permettrait de connaître les lieux et horaires des battues pour éviter les rencontres à risque.
Les propositions d’Andy Symonds trouvent un écho dans celles du Parti Animaliste, qui milite également pour l’instauration de deux jours sans chasse par semaine, les mercredis et dimanches. Cette mesure viserait à améliorer la sécurité des citoyens tout en offrant des espaces naturels partagés de manière plus équitable. Le parti va plus loin en proposant d‘abolir la chasse à des fins de loisir, notamment la chasse à courre et la vénerie sous terre, et en imposant un cadre plus strict pour la pratique de la chasse, avec des règles comme la limitation de l’alcoolémie et l’obtention d’un certificat médical annuel pour les chasseurs.
Ces deux visions, celle de Symonds et celle du Parti Animaliste, mettent en avant un besoin urgent de repenser la gestion des espaces naturels pour assurer la sécurité des sportifs et des familles, tout en garantissant une cohabitation respectueuse avec les chasseurs. Le maintien du statu quo ne fait qu’aggraver les tensions, alors que des solutions existent pour rétablir un meilleur équilibre entre les différents usagers de la nature.
Les traileurs, les oubliés des décisions politiques ?
Alors que la sécurité des traileurs et des randonneurs est menacée par la chasse, les décisions semblent systématiquement favoriser les chasseurs. Les revendications pour plus de restrictions et de mesures de sécurité dans les zones fréquentées par le public sont souvent ignorées. Cette cohabitation forcée est d’autant plus compliquée que la chasse est considérée comme une tradition en France, avec une forte influence politique. Willy Schraen, en tant que figure de la chasse, joue un rôle important dans la défense de cette activité au niveau national, limitant ainsi toute possibilité de compromis qui garantirait la sécurité de tous les usagers des espaces naturels(Office Français de la Biodiversité
Les traileurs doivent rester vigilants face à l’ouverture de la chasse. L’insécurité grandissante, accentuée par des décisions politiques qui favorisent les chasseurs, rend la cohabitation de plus en plus difficile. Les traileurs, qui aspirent à profiter de la nature en toute sécurité, se voient contraints de s’adapter à des conditions dangereuses, sans bénéficier du même soutien que les chasseurs.
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