Un traileur interné : il souffre du syndrome de Sysiphe
Un traileur a été interné à l’hôpital Sainte Anne après avoir été « signalé » par un habitant de la rue du Maréchal Joffre à Nandrin.
Que s’est-il passé ?
En fait, depuis plusieurs semaines, chaque mardi et chaque jeudi, toujours de 18h à 19h15 précisément, il grimpait la rue (qui connait un fort dénivelé) en courant et la redescendait en marchant. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, il le faisait.
Quand il a été pris en charge, il avait des propos assez décousus, mais a réussi à expliquer qu’il faisait du fractionné en côte pour préparer un trail en montagne cet été. Cette explication n’a pas convaincu les secours, lesquels ont décidé de le prendre en charge dans la mesure où ils soupçonnaient un syndrome de Sysiphe.
Beaucoup de traileurs atteints du syndrome de Sysiphe
Pour comprendre cette maladie, il faut remonter à la mythologie grecque et plus récemment, à Albert Camus. Dans Le Mythe de Sysiphe, Camus fairt un lien entre la vie comme éternel recommencement et l’absurdité (dans son sens le plus trivial). Vous voyez déjà un peu où on veut en venir…
Dans le mythe, Sysiphe, suite à une insulte aux dieux, est condamné à pousser un énorme rocher en haut d’une montagne ; à peine le rocher arrivé à destination, celui-ci roulait sur le versant que le héros venait de remonter. Et cela devait se répéter pour l’éternité.
Vous comprenez donc que le syndrome de Sysiphe consiste à répéter une action qui consiste ici à monter une côte, la redescendre, la remonter, la redescendre, etc. On en parle comme d’une pathologie face à l’absurdité qu’elle peut représenter, ce qui peut depuis peu justifier l’internement de la personne.
Le fractionné trail est absurde d’un point de vue médical et psychiatrique
Si le corps médical a décidé que oui, on peut être plus optimiste en se disant qu’on peut trouver notre bonheur dans l’accomplissement de la tâche qu’on accomplit, et pas dans sa signification. Autrement dit, se concentrer sur la manière de faire les choses peut contribuer à rendre le fractionné épanouissant. Au même titre que Camus considérait qu’il fallait imaginer Sysiphe heureux, espérons que les institutions de santé mentale vont pouvoir acter que les traileurs qui font du fractionné en côté de manière répétée ne doivent plus être enfermés !
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