Réussir trail… L’ultra-trail est-il discriminatoire ?
Au fur et à mesure que les années passent, la course à pied connaît un essor de plus en plus important. Et derrière tout ça, des professionnels qui se frottent les mains. Et au vu de l’évolution, on est totalement en droit de se demander si le trail en général (et l’ultra en particulier) est devenu un sport discriminatoire. Je ne répondrai pas totalement oui, car j’ai l’impression que ça a toujours été le cas à certains égards. Ce qu’il faut pour réussir à vivre sa passion ? L’argent, la tête et les jambes, et force est de constater qu’on n’est pas tous logés à la même enseigne, et que plus on monte dans les distances, plus la discrimination fait son effet.
Les jambes pour réussir sur un trail
La condition physique est peut-être le point où on est le plus égaux. Pour peu que l’on parvienne à bien s’entraîner, on a tous les moyens de progresser à moindres frais. Sur une piste, dans un parc, dans un bois, sur un boulevard, les fractionnés, les seuils et les sorties longues en endurance fondamentale, tout le monde peut les faire.
L’argent pour réussir en ultra-trail
Là, ça commence à devenir un peu plus compliqué. Car ne nous y trompons pas, le mythe du « ça coûte pas cher de courir » est dépassé (je ne suis même pas sûr qu’il ait existé). Il est devenu d’une idiotie absolue et obsolète et est l’apanage de nostalgiques qui n’ont toujours pas compris à quel point la nostalgie était mauvaise conseillère. Pour la simple et bonne raison que si on fait un petit calcul, l’argent qu’un coureur ne met pas dans du bon matériel, il finira par le dépenser chez son médecin après).
Pour durer dans l’ultra, il faut du bon matériel (et même du Kalendji, c’est pas donné), et forcément, ça coûte. Pour durer dans l’ultra, il faut pouvoir varier ses entraînements (mais la piscine, le vélo, l’escalade, etc…), ça finit par avoir un coût aussi. Et enfin, si on veut pouvoir faire des courses sympas, ça finit par demander un budget à partir du moment où on ne vit pas dans la région concernée. Si on habite en région parisienne, ça nous coûtera moins cher de faire le marathon de Paris que l’UTMB, l’UT4M, ou la Saintélyon… Entre le transport, le dossard, le logement, ça grimpe vite…
La tête… en ultra-trail
Enfin, en trail (et surtout en ultra), si on veut durer, il faut avoir une certaine maturité. Et là aussi, force est de constater que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne (tant chez les élites que dans le peloton).
Il faut avoir la maturité pour respecter une certaine progressivité et ne pas se cramer trop vite. Si on est à genoux face au culte de l’immédiateté, on finira par se casser la binette, et plus rapidement qu’on veut bien le penser. Quand on est sur un ultra, il faut également avoir la maturité nécessaire pour ne pas faire le bourrin, réussir à ménager sa monture. Il faut élaborer une stratégie de course (ça, à la limite, ça va), mais réussir à s’y tenir (ne pas lâcher les chevaux et se cramer pendant un moment d’euphorie, et ne pas abandonner au premier temps faible et réussir à attendre que ça passe).
Enfin, il faut avoir une certaine dose de maturité pour se remettre en question, accepter de se dire qu’on a foiré sur certains points et qu’on peut toujours faire mieux ; bref, apprendre de ses erreurs. Or, quand on voit ce qui se passe et se dit sur les réseaux sociaux, on se rend bien compte que l’ego de certains est tellement gros que la remise en question est un concept qui leur est totalement étranger.
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