L’idée de rendre payants certains secours en montagne, portée par le gouvernement, fait grand bruit. Si l’objectif affiché est de responsabiliser les pratiquants face aux risques qu’ils prennent, cette mesure soulève une question fondamentale : dans quel pays vivons-nous lorsque l’on laisse potentiellement mourir ceux qui ne peuvent pas payer 90 euros la minute pour un hélicoptère ?
Secours payants en montagne : responsabilisation ou inégalités flagrantes ?
Secours payants en montagne
Introduire un système de secours payants vise à réduire les comportements irresponsables, comme le hors-piste en zones interdites, la randonnée en dépit d’avis de danger ou les traileurs en short et en tee-shirt sur des glaciers. Cependant, cette mesure risque de créer une fracture entre ceux qui peuvent se permettre de payer et ceux qui, faute de moyens, hésiteront à appeler à l’aide. Cette dualité pose la question d’un accès universel à la sécurité, une valeur pourtant fondamentale dans l’esprit des secours français.
La montagne, bien que magnifique et attirante, peut être un terrain dangereux où un imprévu peut survenir même aux pratiquants les plus expérimentés. Qui peut garantir que les secours payants ne deviendront pas une barrière insurmontable pour les plus modestes, forçant certains à prendre des risques inconsidérés pour éviter une facture astronomique ou décourageants une partie des sportifs les plus modestes de pratiquer.
La France des riches contre la France des gueux
Ce projet de réforme pourrait accentuer le sentiment d’injustice déjà palpable dans d’autres sphères de la société. Une intervention par hélicoptère, facturée entre 80 et 90 euros la minute, deviendrait inaccessible pour de nombreux pratiquants. Si la sécurité devient un privilège réservé aux plus fortunés, ne glisse-t-on pas vers une « France des riches » où les plus modestes, incapables de payer, seraient relégués au rang de laissés-pour-compte ?
Face à cette potentielle dérive, des voix s’élèvent pour rappeler qu’en France, le système de secours repose sur un principe d’universalité et d’égalité. Laisser des gens hésiter à demander de l’aide par crainte de ne pas pouvoir payer serait un renoncement à ce fondement humaniste.
Les risques d’un recul social – Si la question de la responsabilisation est légitime, elle ne doit pas se faire au détriment des principes fondamentaux d’égalité et d’accès aux secours. En montagne, la vie ne devrait pas avoir de prix. Si une telle réforme venait à voir le jour, elle pourrait mettre en lumière un fossé social croissant, entre une élite capable de se permettre une assistance et une majorité contrainte de prendre des risques ou de renoncer.
En attendant, les pratiquants de montagne, tout comme les professionnels, appellent à une réflexion approfondie. Plutôt que de stigmatiser certains comportements, le gouvernement pourrait miser sur la prévention et l’éducation à la sécurité, des leviers qui responsabilisent sans exclure. La montagne appartient à tous, et chacun devrait pouvoir y pratiquer en sécurité, sans que l’argent devienne un facteur de vie ou de mort.
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