Depuis près de cinquante ans, la Western States Endurance Run – premier 100 miles officiel de l’histoire du trail – autorise les coureurs à se faire accompagner d’un « pacer » sur la dernière section du parcours, à partir de Foresthill (mile 62). Pour beaucoup d’Européens, la pratique peut surprendre : quel est ce rôle exact ? Pourquoi la course y tient-elle tant ? Plongée dans une tradition aussi ancienne qu’essentielle aux finisseurs du mythique sentier californien.
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pacers sur la Western States 100 : une tradition née de la sécurité
Aux débuts de l’épreuve, la direction craignait que des athlètes exténués se perdent, chutent dans les canyons ou s’endorment sous la chaleur étouffante de l’après-midi puis dans la nuit noire des forêts de la Sierra Nevada. Autoriser un compagnon de route était donc avant tout un garde-fou : veiller à ce que le coureur reste lucide, hydrate-correctement et suive la bonne trace jusqu’à Auburn.
Un soutien mental devenu stratégique
Au fil des ans, ce compagnon est resté un atout psychologique majeur. Dans l’enchaînement infernal des descentes vers la rivière American, un pacer parle, rassure, relance l’allure quand la fatigue hypnotise. Plusieurs récits de finishers l’illustrent : un pacer bavard peut sauver une course quand le coureur sombre dans son tunnel de douleur.
Des règles strictes pour garantir l’équité sportive
La Western States encadre sévèrement la pratique : un seul pacer à la fois, aucun portage de matériel (« no muling »), changement uniquement sur les aires prévues, et interdiction d’emprunter Bath Road depuis 2025. Le pacer sert d’ange gardien, pas de sherpa. Toute entorse à ces règles peut entraîner la disqualification du coureur.
Quand la course commence vraiment à Foresthill
Les habitués le répètent : la Western States débute réellement au moment où l’on récupère son pacer. La montée vers Green Gate puis la longue section nocturne jusqu’à Auburn exigent encore près de 1 000 m de D+ sous une chaleur résiduelle. Avoir un esprit frais à ses côtés transforme souvent une survie en véritable gestion de course.
Un modèle exporté mais pas universel
D’autres ultras américains – Hardrock, Leadville, Javelina – ont adopté le pacer comme partie intégrante de la culture 100 miles. En Europe, la pratique reste rarissime : les sentiers plus étroits, la réglementation des parcs nationaux et une approche plus « solo » du trail rendent l’idée moins compatible. La Western States conserve ainsi cette signature : un duel homme-nature… à deux.
Si certains considèrent le pacer comme une aide « de luxe », la Western States rappelle qu’il répond d’abord à une exigence de sécurité, héritée de ses origines pionnières : un binôme pour traverser la nuit, garder la bonne trajectoire et, souvent, franchir la ligne avant la barrière horaire. La controverse révèle finalement deux visions du trail : l’idéal romantique d’une performance purement solitaire et la prise de conscience qu’un soutien humain devient vital quand la distance, la chaleur ou l’obscurité menacent l’intégrité du coureur. En choisissant la seconde option, la Western States confirme que le pacer n’est pas un dopant de performance, mais un garde-fou sanitaire et mental. Chaque ultra possède ses propres codes ; libre à chacun d’adhérer ou non à cette tradition, pourvu que l’esprit de dépassement et de respect de soi reste au cœur de la course.
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