En tout premier lieu, rien que le fait de se poser la question est un problème, et nous allons voir pourquoi. En guise de prémisse, notons que nous laisserons de côté les marathons « festifs » autour de cette thématique, même s’il y aurait à en dire (Marathon de Chablis, du Beaujolais, du Cognac, du Médoc, du champagne, de la bière ou que sais-je encore).
Le problème ici revient à corréler alcool et célébration quasi systématiquement.
Ça a beau être culturel (et c’est encore plus problématique) en France, il ne faut pas oublier que l’alcool est non seulement un fléau, mais aussi une drogue qui tue directement ou à petit feu plus de 40 000 personnes par an en France (dans le monde, on est autour de 3 millions). Et rendre normal, voire célébrer quelque chose d’aussi mortifère, bah non, ça ne va pas.
Loi Evin
On sait bien qu’en écrivant ces lignes, on va manger des critiques du style « vous êtes chiant, vous savez pas faire la fête », bla bla bla… Eh bien cette injonction (comme toute injonction) est problématique et prouve bien qu’en France, il y a un problème avec l’alcool. Être chiant pour s’éviter une gueule de bois et faire la promo, même indirectement, de pratiques potentiellement dangereuses, mais on est où, là… La loi Evin, ça parle encore à quelqu’un ? De toute façon, tant qu’on différenciera le vin des autres alcools, on aura un problème en France. Autrement dit, on n’est pas sortis de l’auberge.
Maladie
En parallèle à cela, en montrant ce genre d’images, les organisations ne sont-elles pas un peu complices de cette promotion morbide ? On pourra dire que c’est l’autonomie et la volonté de chacun de faire ce qu’il veut (comme on le disait pour les idiots qui vont se tuer sur le mont blanc pour faire comme Jornet), à la différence que l’alcoolisme est une maladie (contrairement à la stupidité) et que tout le monde peut avoir un rôle à jouer pour l’endiguer.
Message viriliste
Et l’autre problématique derrière ce message, c’est finalement quelque chose qu’on retrouve souvent de manière pernicieuse dans le trail, à savoir un espèce de message viriliste du type « on est des hommes, on boit de la bière » ; et quand on gratte un peu, on s’aperçoit que c’est un peu plus nauséabond que ça ; il suffit de voir quels type de personnes défendent ce genre de théorie… Quand on voit à quel point le milieu du trail peut être réactionnaire, homophobe et raciste, on ne peut pas s’étonner qu’il soit en plus machiste et viriliste…
Peut-être que le jour où on arrêtera de faire croire à ceux qui ne boivent pas qu’ils sont moins bien que les autres, on aura fait un grand pas. Sauf que tous ceux qui ont un problème d’alcool (et il y en a beaucoup plus qu’on ne l’imagine) vont préférer dire que les autres sont chiants plutôt que reconnaître qu’ils ont une consommation problématique. Car entre la bière entre potes et s’envoyer un girafon sur une ligne d’arrivée, il y a une différence. Déjà, ceux qui se font un verre entre potes restent entre, et ils n’ont pas une organisation pour les filmer et dire que ce qu’ils font c’est cool.
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