dopage
Est ce que « à l’insu de notre plein gré » nous ne sommes pas tous dopé ?
Je pense qu’il est grand temps pour les pratiquants et organisateurs de trail de mettre carte sur table à propos de notre discipline préférée. Même si cet article a été publié pour la première fois en 2013, le trail est un sport encore relativement jeune et il est certainement encore temps de faire les choses bien, ou du moins mieux que les autres en profitant de leur expérience.
Le dopage, définition légale
La loi du 23 mars 1999 : « Le dopage est défini par la loi comme l’utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d’un sportif. Font également partie du dopage les utilisations de produits ou de procédés destinés à masquer l’emploi de produits dopants. La liste des procédés et des substances dopantes mise à jour chaque année fait l’objet d’un arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé ».
Si je comprends bien le dopage c’est un produit ou une méthode. Ça ne touche que les sportifs, du moins il n’y a que quand ça les concerne eux que l’on s’en soucie. Mais aussi que c’est équivalent à se doper que de vouloir le cacher. Et qu’il faut se référer à la liste officielle, régulièrement mise à jour, pour savoir ce qui est utilisable ou pas… Et bien moi, ça ne me suffit pas !
Le dopage ? Partout !
Où commence le dopage ? Finalement ne sommes nous pas tous dopés d’une manière ou d’une autre ?
Le veilleur de nuit qui engloutit 3 litres de café dans sa nuit, lui, ne se dope pas puisque ce n’est pas dans un cadre sportif qu’il le fait. Les riffs entrainants et si merveilleux de Bob Marley, certainement écrits sous l’emprise du cannabis, ça compte pas non plus. Sans parler de tous les professionnels, et pas que dans les animateurs TV, qui usent et abusent de la cocaïne, pas de soucis. Ma voisine qui avale tous les soirs son cachet entier de Lexomil, qui ne peut pas dormir sans, tellement elle est accro pas de soucis non plus. On fait une fixation sur les sportifs, ce que je comprends, l’étique du sport,… Car c’est bien connu dans le quotidien pas d’étique, on fait comme on veut. Je voulais juste faire remarquer que dans la vie de tous les jours, nous sommes tous des dopés, sauf quelques rares exceptions, et encore, certainement des gens de mauvaise foi !
Je me souviens d’un coureur cycliste italien qui avait été pris dopé à la caféine, sa défense avait été de faire remarquer que les italiens boivent beaucoup et souvent du café,… Sauf que dans son cas ça représentait plusieurs centaines de capuccino bu en même temps !
Le dopage, pourquoi ?
Pour gagner, bien évidemment, mas pas uniquement pour cela. Il sert aussi à montrer que l’on est là dans ce monde peuplé d’individus anonymes, qui n’existent pas aux yeux des autres. Que se soit dans le sport comme dans la vie courante, on a besoin de reconnaissance, celle-?ci peut s’obtenir en étant différent des autres, intellectuellement et/ou physiquement et/ou par son comportement vis à vis d’une situation ou de ceux qui nous entourent, dans tous les cas il existe un produit pour mettre en exergue ceci. Mais aussi pour prolonger les limites du dépassement de soi, sans passer par une phase longue, astreignante et pas drôle du tout d’entrainement et de musculation, sans compter que les deux associés peut s’avérer très efficace. Le dopage est un moyen plus rapide d’arriver à ses objectifs, quel qu’ils soient et à tout niveau de pratique.
Le dopage, un constat inquiétant
Le cyclisme est un sport d’endurance, de vélocité, d’entrainement, de force mentale,… Comme le trail ! On ne me fera jamais croire, ne serait ce que pour finir l’une des grandes courses mythiques de la discipline, que personne n’a jamais rien pris d’illicite. Tout le monde à une armoire à pharmacie qui regorge de produits divers et variés pouvant à un moment ou à un autre nous aider dans notre pratique, il suffit de lire les notices pour se faire une automédication, pas toujours sans risque.
Le cyclisme avait certainement exagéré dans ce domaine. Il est étonnant de voir la quantité de bronchioliteux dans le peloton, c’est à croire que c’est le sport phare des asthmatiques, tout ça pour être autorisé à utiliser des corticoïdes comme bronchodilatateur.
Mais on ne me fera pas croire que les autres disciplines sont « cleans ».
Quand vous proposez à un jeune black, hors normes physiquement qui habite dans le Bronx, qu’il fera une belle carrière dans le football US, qu’il deviendra riche et célèbre, mais qu’en contre partie il vivra 20 à 30 ans de moins, que pensez vous qu’il choisisse ? Quand Johnny Halliday raconte avoir croisé Zinedine Zidane dans une clinique suisse pour une cure d’oxygénation. Quand je vois qu’il y a quelques années (2001/2002) la fédération de Char à voile avait fait 3 contrôles dans l’année et que 2 d’entre eux était positif l’un au cannabis l’autre à l’hydrochlorothiazide. Quand je vois le nombre de contrôle par rapport au nombre de licenciés par fédérations (toujours les chiffres de 2001/2002) :
• Cyclisme 1671 contrôles 232 positifs, environ 100.000 licenciés • Football 526 contrôles 9 positifs, environ 2.000.000 licenciés
• Rugby 290 contrôles 24 positifs, environ 240.000 licenciés
• Natation 242 contrôles 7 positifs, environ 246.000 licenciés
• Roller Skating 92 contrôles 10 positifs, environ 46.000 licenciés • Haltérophilie 279 contrôles 29 positifs, environ 36.000 licenciés • Squash 52 contrôles 6 positifs, environ 24.000 licenciés
• Full Contact 12 contrôles 2 positifs, environ 13.000 licenciés
• Longue paume 4 contrôles 1 positif, environ 1.200 licenciés
• Athlétisme 731 contrôles 31 positifs, environ 166.000 licenciés
• Tennis 288 contrôles 11 positifs, environ 1.070.000 licenciés
• Triathlon 184 contrôles 5 positifs, (nombre de licencié non communiqué)
… C’est sur que si on ne cherche pas, ou peu, on ne trouve pas.
L’avenir ?
Après cet énoncé des plus inquiétants, il faut maintenant voir et croire en l’avenir. Je pense qu’il va nous réserver quelques surprises de taille. Je verrais bien quelques modifications génétiques ou des arrangements avec ceux-?ci. A quand les fécondations in vitro d’un spermatozoïde marathonien kenyan avec une ovule biathlète norvégienne au départ d’un Ultra ? Mais les produits et les méthodes « classiques » peu orthodoxes ont encore de beaux jours devant eux, en particulier auprès des amateurs.
De l’espoir pour le trail ? Toujours ! Je pense que l’on peut encore faire que le trail reste propre, ou du moins pas trop pollué. Il faut maitriser les prices money pour ne pas voir venir les chasseurs de prime. Augmenter le nombre de contrôle, avec la participation financière des organisateurs si possible et ne pas se contenter de contrôler les premiers, il faut que tous, même le dernier, puisse être inquiet d’un contrôle.
Cette discipline doit rester avant tout un esprit, une culture de l’effort et de la contemplation. Ou la triche n’a pas de place, pour cause, elle serait inutile.
Restera toujours, pour la plus part des participants, la tentation de prendre quelque chose pour pouvoir aller jusqu’au bout de son parcours. La solution serait peut être de faire une catégorie pour ceux qui ne souhaitent que finir, le chrono serait inutile pour eux seul le parcours devient un intérêt. Ce qui les sortirait de la compétition, et là on parle d’autre chose.
A suivre…
(article publié pour la première fois en 2013)
Lire aussi
- FFA… la pêche au gros
- L’Ultra-trail puy Mary Aurillac licencie son employée à cause de la Covid-19. sest annulé
- Tous les favoris du marathon des sables 2017
Lire encore
- Vous inquiétez pas, ça va bien se passer
- Résultat trail Ubaye Salomon 2018 : victoire de Sébastien Spehler
Lire tout
- Et si vous ameniez vos chaussures de trail chez le cordonnier ?
- Avec Mehdi Frère, ça pue pour les JO en France !
- Le marathonien français Mehdi Frère suspendu provisoirement !
- S’entrainer sous tente à hypoxie c’est de la triche !
- Hypoxie: quels sont les effets de l’altitude dans votre entrainement trail ?
- Grosse chute de prix sur la Garmin Fenix 7X Solar sur le site i-Run
- Epix 3 : quand sort la prochaine montre Garmin ?
- Fait divers : même en Savoie, on n’est plus tranquille…
- La saison de François d’Haene est-elle en danger ?
- Les jeunes sont de plus en plus nombreux à courir
-
crédit photo : utrail