150 kilomètres. 14 sommets à plus de 4 000 mètres. Plus de 14 000 mètres de dénivelé.
Kilian Jornet est entré dans ce que les traileurs américains appellent le Nolan’s 14, un enchaînement brutal de montagnes dans le Colorado.
Une ligne nord-sud qui traverse la Sawatch Range comme une diagonale taillée dans la douleur, l’altitude et le doute. C’est l’un des défis les plus extrêmes du trail, et Kilian l’aborde dans le plus grand silence.
Le Nolan’s 14 : un mythe taillé dans la roche
Le principe est simple : gravir 14 sommets de plus de 14 000 pieds (soit environ 4 267 mètres), dans l’ordre, entre Leadville et Salida. Aucun balisage. Aucun itinéraire imposé. Juste une règle : faire l’enchaînement en moins de 60 heures.
C’est un projet sans pitié : 150 kilomètres de distance, 14 000 mètres de dénivelé positif, des crêtes techniques, des ravines profondes, des vallées à remonter à la frontale. Pas de camp de base. Pas de speaker à l’arrivée. Rien que la montagne, le souffle court et la douleur.
Voici la liste des sommets à gravir, dans l’ordre :
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Mount Massive
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Mount Elbert
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La Plata Peak
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Huron Peak
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Missouri Mountain
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Mount Belford
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Mount Oxford
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Mount Harvard
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Mount Columbia
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Mount Yale
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Mount Princeton
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Mount Antero
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Mount Shavano
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Tabeguache Peak
Après D’Haene, une autre légende entre en jeu
Le mois dernier, François D’Haene a bouleversé les repères en signant un chrono exceptionnel de 35 heures et 33 minutes. Un record qui a redonné une visibilité mondiale à ce défi autrefois confidentiel.
Kilian ne cherche pas à battre ce record. Officiellement, il ne tente rien. Mais officieusement, tout est possible. Il est capable de s’adapter à la volée, d’accélérer si les jambes répondent, ou simplement d’aller au bout, à son rythme, après déjà plus de 600 kilomètres et des dizaines de sommets avalés depuis le début de son projet “States of Altitude”.
Kilian avance sans bruit, mais pas sans force
Depuis plusieurs jours, Kilian a disparu des radars. Son téléphone est cassé, tombé quelque part entre Aspen et les crêtes de la Sawatch Range. Plus de photo, plus de vidéo, plus de récit. Mais sa progression continue.
Les données de sa montre COROS seront extraites plus tard, mais son entourage le confirme : il va bien, il avance, il est en plein effort.
Ce silence, loin d’être inquiétant, fait écho à la philosophie du Nolan’s 14 : c’est un défi intérieur, où seuls les sommets valident le passage. Pas besoin de témoin.
Une diagonale où l’on ne triche pas
Ce qui fait la force du Nolan’s 14, c’est son absence de spectacle. Pas de dossard, pas de balisage, pas de classement. On l’entreprend pour soi. Et on en sort transformé.
C’est une épreuve d’endurance, de solitude, d’humilité. La moindre erreur de trajectoire coûte des heures. La météo peut tout changer. Les crêtes Harvard – Columbia – Oxford – Belford – Missouri sont impitoyables. Et les descentes entre Princeton, Antero, Shavano ou Tabeguache usent les nerfs autant que les jambes.
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Les chaussures utilisées par Kilian Jornet
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