Alors que nous étudiions l’évolution de Jim Walmsley sur la planète trail, il nous est apparu un léger fossé entre l’arrogance du trail français et ses résultats sur l’UTMB. En effet, nous trouvions un peu étonnant qu’on se permette de donner des leçons de trail à tout le monde alors que notre domination n’était pas non plus extraordinaire. Mais que disent les chiffres ?
Nous avons, pour cela, orienté notre étude sur les principales courses depuis 2013 et sur trois pays, à savoir la France, les Etats-Unis et l’Espagne (parce que c’est delà que viennent les trois GOAT) :
Les podium français sur l’UTMB
Les français ont eu 9 à 12 podiums (selon que l’on compte ou pas l’année 2021, qui était particulière), avec Xavier Thévenard (5 podiums en 2013, 2015, 2018, 2019), François D’Haene (3 podiums en 2014, 2017 et 2021), Ludo Pommeret (1 podium en 2016), Aurélien Dunand-Pallaz (1 podium en 2021), Mathieu Blanchard (2 podiums en 2021 et 2022) et Germain Grangier (1 podium en 2023).
Américains
Les américains ont fait 5 podiums avec Laney en 2015, Tollefson en 2016 et 2017, Jim en 2023 et Zach Miller en 2023 également.
Espagnols
Enfin, les espagnols ont fait 9 podiums avec Jornet (2022, 2017 ; on n’a pas compté ceux de 2008 et 2009), Capell (2019), Gamito (2018), Hernando Algaza (2015), Castanyer (2014), Karrara (2014), Heras (2013) et Dominguez Ledo (2013).
Les podium français sur la CCC
Sur la CCC, la France fait six podiums avec Garrivier (2021, 2019), Thibaut Baronian (2021), Ludo Pommeret (2017), Michel Lanne (2016) et Nico Martin (2015). Les américains font 4 podiums avec Dakota Jones (2023), Hayden Hawks (2017), Zach Miller (2015) et Tolefson (2015). Enfin, les espagnols en font deux (Capell en 2018 et Hernando Algaza en 2019).
Les podium français sur l’OCC
Sur l’OCC, rien à signaler pour les américains, comme si ça ne les intéresse pas. Les français ont fait six podiums avec Kevin Vermeulen (2018), Thibaut Baronian (2017 et 2015), Xavier Thévenard (2015), Nico Martin (2014) et Régis Durand (2014). Du côté des espagnols, six podiums également avec Martinez Perez (2022 et 2023), Merillas (2022), Mezquita Fernandez (2018), Puga Camps (2017 et Rubirola (2014)
Les podium français sur la TDS
Enfin, sur la TDS, là, on peut se la péter un peu. Les américains font un podium (Dylan Bowman) et les espagnols en font 5 (Pablo Villa Gonzalez en 2019, Capell et Duran Lopez en 2017, Jordi Bes en 2014 et Arnau-Bonmati en 2013). Les français en font quant à eux 10, avec Antoine Guillon (2013, 2017), Xavier Thévenard (2014), Michel Lanne (2017), Sylvain Camus (2017), Ludo Pommeret (2019 et 2022), Benoît Girondel (2021), Arthur Joyeux-Bouillon (2021), Elias Kadi (2022), et Yannick Noël (2023).
Alors, est-ce qu’on peut se la raconter autant qu’on le fait ? Eh bien oui et non.
– Sur le court, on a été très bons, mais il faut faire amende honorable, reconnaître qu’on a régressé et que pour le moment, les espagnols sont les meilleurs (mais en parallèle, eux ont régressé sur ultra).
– Sur le long plus technique (type TDS), là, rien à dire, on est au-dessus du lot depuis le début (et les podiums féminins ne feraient que confirmer la tendance).
– Sur ultra, on a été très bons, on a fait partie des meilleurs, c’est indéniable. Cependant, on assiste à un équilibrage des forces avec les autres nations.
Cependant, paradoxalement, il est intéressant de noter que si on fait moins de podiums qu’avant, on envoie plus de coureurs dans les pelotons de tête. Prenons pour cela le top 15 de l’UTMB 2017 (qu’on présente souvent comme le plus relevé) et les 15 principaux favoris de cette année.
En 2017, on retrouve 3 français, à savoir François D’Haene, Xavier Thévenard et Mickael Pasero alors qu’en 2024, on en retrouve 5 parmi les favoris (Mathieu Blanchard, Germain Grangier, Ludo Pommeret, Yannick Noël, et Aurélien Dunand-Pallaz). En parallèle, on retrouve un peu moins d’espagnols (Jornet, Capell et Gamito en 2017, contre Capell et Heras en 2024) et un peu moins d’américains (Jim, Tollefson, Miller, Bowman et Laney en 2017, contre Jim et Dhiman en 2024).
Deux autres petits enseignements un peu périphériques ; d’une part, c’est hallucinant de voir à quel point Ludo Pommeret est increvable, d’autre part, ça fait chaud au cœur et mal au cœur en même temps de voir à quel point Xavier Thévenard était fort dans les années 2010. Dans le trail, ça va très vite, et on aurait tendance à oublier combien il était balèze…
On brille plus par la quantité que par la qualité sur l’UTMB (et ça n’a absolument rien de péjoratif), on bille plus par la qualité que par la quantité sur la TDS, on a abandonné le court aux espagnols, et on fait ce qu’on peut sur du mi-long. Est-ce que ça justifie d’avoir une aussi grande gueule ? On laissera chacun se faire sa propre opinion.
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