La victoire de Caleb Olson à la Western States Endurance Run (WSER) en 14 heures et 11 minutes a mis en lumière une pratique désormais incontournable aux États-Unis : le contrôle antidopage immédiat des vainqueurs.
À peine avait-il franchi la ligne que Caleb Olson était dirigé vers la tente médicale, pour fournir un échantillon d’urine et une prise de sang sous la supervision directe de l’USADA (United States Anti-Doping Agency).
dopage trail États-Unis
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Une politique stricte et claire à la Western States
La Western States applique depuis avril 2024 une politique particulièrement sévère : tout athlète refusant de passer un contrôle est immédiatement disqualifié et frappé d’un bannissement à vie. De plus, tout sportif ayant déjà écopé d’une suspension de trois mois ou plus pour dopage, dans n’importe quelle discipline sportive, se voit également interdit à vie d’inscription, sauf exception explicitement validée par l’organisation.
Cette politique proactive est commune à d’autres courses américaines réputées, comme le Lake Sonoma 50, qui adopte un règlement identique. Cette approche témoigne d’une volonté forte de prévenir le dopage en amont, avant même le départ de la course, par un contrôle systématique des antécédents des coureurs inscrits.
Les États-Unis en avance sur le reste du monde
La Western States n’est pas une exception isolée aux États-Unis. D’autres épreuves majeures comme la Hardrock 100, Leadville Trail 100 ou encore Badwater Ultramarathon appliquent des contrôles rigoureux, souvent en partenariat avec l’USADA. Ce modèle américain se démarque par son approche à la fois préventive et curative, avec un bannissement à vie qui constitue une véritable épée de Damoclès pour tout athlète tenté par le dopage.
Au niveau mondial, les grandes courses internationales comme l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) commencent à adopter des mesures similaires mais encore insuffisantes. Depuis 2023, l’UTMB travaille avec l’International Testing Agency (ITA), mais le nombre de contrôles réalisés reste limité et ne garantit pas encore une systématisation comparable à celle observée aux États-Unis.
Le contraste saisissant avec la France
En France, la situation est bien différente. L’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) concentre ses efforts principalement sur les sports olympiques et professionnels, laissant les courses de trail avec très peu de moyens. Les contrôles sont rares, et lorsqu’ils existent, ils sont généralement focalisés sur quelques athlètes masculins du podium. Aucune politique systématique de bannissement à vie n’existe, et les coureurs peuvent reprendre la compétition après avoir purgé leur suspension.
Cette approche française alimente une certaine suspicion sur la crédibilité des performances, notamment face à des résultats exceptionnels. Elle soulève des questions sur l’éthique et la transparence dans un sport de plus en plus médiatisé et professionnalisé.
Exemples concrets de l’efficacité américaine dans le cyclisme et dans le trail
Le sérieux de la politique antidopage américaine dépasse largement le cadre du trail. L’exemple emblématique reste celui de Lance Armstrong, banni à vie par l’USADA en 2012. D’autres cas comme le cycliste Phil Zajicek ou l’entraîneur Trevor Graham, exclus à vie pour dopage ou complicité de dopage, illustrent la fermeté américaine à travers tous les sports.
En 2023, l’USADA a établi un partenariat avec la Golden Trail Series, impliquant notamment des épreuves réputées comme Pikes Peak Ascent et Mammoth Trail Fest. Les courses ont alors introduit :
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Des sessions de sensibilisation avant la compétition (éducation pré-race).
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Des contrôles antidopage in-race, avec des prélèvements d’urine pendant la compétition usada.org.
Ce partenariat matérialise l’engagement américain à étendre le protocole antidopage WADA/USADA au domaine du trail, et pas uniquement au cyclisme ou à l’athlétisme classique.
Ce que cela signifie :
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L’USADA considère désormais le trail comme nécessitant des contrôles sérieux.
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Contrairement à une simple présence symbolique, c’est un vrai protocole avec tests in-competition, prélèvements d’urine, et sanction potentielle.
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Cela fait entrer le trail dans la même logique réglementaire que d’autres sports déjà très encadrés.
Ainsi, au-delà de la WSER, l’exemple du Golden Trail Series montre qu’il existe bien une application concrète des standards USADA dans le trail américain, avec éducation, tests, et mesures dissuasives. Cela renforce l’idée d’un modèle américain préventif et opérationnel — et non une simple posture.
Depuis la mise en place de ces mesures renforcées, on observe une hausse notable des forfaits de dernière minute sur les courses de la Golden Trail Series (des athlètes mystérieusement blessés ou des athlètes critiquant soudainement le circuit), ce qui pourrait être interprété comme un effet direct de cette politique antidopage plus stricte.
Vers une prise de conscience nécessaire en France
La victoire incontestable et immédiatement contrôlée de Caleb Olson à la Western States envoie un message clair : le respect de l’éthique sportive est primordial aux États-Unis. Pour la France, il est temps de réfléchir sérieusement à adopter un modèle plus rigoureux. Même si les moyens restent limités, un renforcement des contrôles, une meilleure communication des résultats et la mise en place de mesures préventives pourraient significativement améliorer la crédibilité des courses françaises.
Si la France partage l’objectif d’un sport propre, elle doit maintenant se doter d’une politique aussi claire et stricte que celle en vigueur aux États-Unis, afin de préserver l’intégrité du trail et la confiance des coureurs et du public.
Résumé
La Western States 100, plus ancienne course d’ultra-trail au monde, applique un protocole antidopage d’une rigueur exemplaire : tests systématiques pour les meilleurs coureurs, exclusion à vie pour toute sanction passée, et collaboration avec l’USADA. Ce modèle américain contraste fortement avec la situation française, où les contrôles sont rares, peu transparents et décentralisés. Alors que les enjeux du trail deviennent mondiaux, la France doit repenser son approche si elle veut garantir un sport propre et crédible.
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FAQ : dopage, États-Unis vs France
📌 Quels sont les coureurs testés à la Western States ?
Le vainqueur est systématiquement contrôlé, ainsi que plusieurs autres coureurs du top 10 et un échantillon tiré au sort.
📌 Les athlètes déjà sanctionnés peuvent-ils participer ?
Non. Toute personne ayant purgé une suspension de 3 mois ou plus est exclue à vie de la course, sauf dérogation exceptionnelle.
📌 Quelles substances sont interdites ?
La course suit strictement la liste WADA (Agence mondiale antidopage), disponible en ligne. Les athlètes doivent également déclarer leurs AUT (autorisations d’usage thérapeutique).
📌 Qui finance les contrôles antidopage aux USA ?
Les organisateurs eux-mêmes, grâce à leurs sponsors. L’USADA prend ensuite le relais pour l’analyse et les suites.
📌 Ce système existe-t-il en France ?
Non. L’AFLD intervient ponctuellement, sans programme spécifique au trail. Les coureurs suspendus peuvent recourir après leur sanction.
📌 Des contrôles ont-ils eu lieu dans d’autres trails américains ?
Oui. Depuis 2023, la Golden Trail Series (Pikes Peak Ascent, Mammoth Trail Fest) collabore avec l’USADA. Cette initiative a même entraîné une hausse des forfaits de dernière minute.
📌 Et du côté de l’UTMB ?
Depuis 2023, l’UTMB a mis en place des tests via l’ITA. Mais cela reste limité en volume, sans bannissement automatique pour les coureurs déjà sanctionnés.
Sources, dopage trail États-Unis
politique antidopage de la Western States (WSER)
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Site officiel WSER – Performance Rule 18 :
« Any athlete who refuses to submit to anti‑doping controls, if selected for testing, shall be … subject to a lifetime ban from the Western States Endurance Run »
https://www.wser.org/2016/02/06/updated-performance-rule-18-peds/
USADA & Golden Trail Series
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Annonce USADA (août 2023) : partenariat avec Salomon et Golden Trail Series pour introduire des webinaires éducatifs pré-course et des tests in-competition (Pikes Peak Ascent, Mammoth Trail Fest)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Golden_Trail_World_Series
Cas emblématiques hors trail
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Lance Armstrong : banni à vie de toute compétition USADA/WADA en août 2012
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Phil Zajicek et Trevor Graham : bannissements à vie, selon USADA (liste de sanctions)
Situation en France
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Ultra Running Magazine (2023) : confirme l’interdiction à vie à la WSER pour tout athlète ayant déjà purgé une suspension (≥ 3 mois)
https://ultrarunning.com/featured/anti-doping-efforts-in-ultrarunning/