Le fameux bilan annuel strava
Décembre, le magnifique mois des fêtes, des cadeaux, des paysages enneigés et des stats annuelles Strava ! Alors que fleurissent partout sur les réseaux ces courbes orange immondes « Strava – L’année sportive », on s’interroge sur ce phénomène…
bilan annuel strava
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Le phénomène du bilan annuel strava
D’abord, rendons à César ce qui est à César : accumuler des kilomètres, gravir des dénivelés et afficher des records de vitesse, c’est un bel accomplissement. Mais soyons honnêtes : qui a demandé à connaître ces chiffres ? Personne, absolument personne, sauf peut-être leur ego qui a gentiment glissé : “Et si tu mettais ça sur Instagram ? Le monde entier doit savoir que tu es une machine !”
Si on standardise le phénomène avec la rigueur d’un ethnologue passionné, on pourrait dire que ça se décompose en 3 parties :
– Une capture d’écran du fameux récap annuel avec la courbe orange flashy et des chiffres bien gras.
– Une légende faussement humble, du style : “Je ne pensais pas y arriver cette année, mais les 2 457 km et 83 000 m de D+ parlent d’eux-mêmes. Merci à mes jambes et à ma montre GPS.”
– Un hashtag décomplexé, du genre #NoPainNoGain, #GrindNeverStops ou #NextYear5000.
Du côté de la réaction des congénères on observe un florilège de commentaires béats :
– “Bravo champion(ne) ! 👏”
– “Moi j’ai juste fait 300 km… 😂”
– “Quelle inspiration, l’an prochain je m’y mets aussi !”
Mais la réalité, c’est que ces chiffres, aussi impressionnants soient-ils, ne disent rien de ce qui compte vraiment. Combien de fois cette personne a-t-elle fini une course en soufflant comme un bœuf ? Combien de chaussettes ont-elles été sacrifiées sur l’autel des ampoules ? Quelle quantité de plaisir a été ressentie ? Et surtout, combien de pizzas post-course ont été ingurgitées sans vergogne ?
Mais pourquoi ??
Alors histoire de continuer notre compréhension sociologique de la chose, attardons-nous sur les causes potentielles de ce phénomène.
En premier lieu (et c’est peut-être la raison la plus agaçante) c’est qu’on assiste à une tentative implicite de hiérarchisation : Ceux qui ont fait moins que l’auteur du post sont “admirables, mais doivent clairement s’améliorer.” Ceux qui ont fait plus sont “fous, obsessionnels ou sûrement dopés.”
Mais ces chiffres ne sont qu’une façade, un fourre-tout derrière lequel se cachent d’autres vérités. Où sont ces sorties où l’on a oublié d’appuyer sur “démarrer” ? Où les blessures idiotes, comme se tordre la cheville en courant pour rattraper le bus, qui impactent malgré tout le total annuel ? Pour deux utilisateurs qui affichent 3000 km, l’un aura brillé d’une foulée légère à la technique impeccable, l’autre se contente de trottiner en sifflotant tout en calculant combien de bières cette sortie lui permet de compenser. Les deux ont des stats impressionnantes, mais pas exactement le même parcours…
En deuxième lieu, publier ses stats sur Strava, c’est un peu comme sortir un bulletin scolaire pour dire à ses camarades : “Regardez, j’ai eu 18 en maths et 20 en sport.” Mais ce qui est fascinant, c’est la justification derrière ces publications : partager leurs kilomètres est une source d’inspiration pour les autres. Sérieusement ? Qui s’est déjà levé en se disant : “Oh, Bertrand a couru 4 000 km cette année, je vais peut-être annuler ma soirée Netflix et me mettre au fractionné” ?
Non, ce que ces chiffres inspirent vraiment, c’est un mélange de perplexité et de second degré. “Ah tiens, 120 000 m de dénivelé ? Sympa, tu aurais aussi pu escalader l’Everest. Mais non, tu as préféré courir autour de chez toi.”
Et si on en riait ?
Et si on lançait la mode de la stat pourrie ? Et si, collectivement, on prenait conscience du ridicule de cette pratique et qu’on transformait l’essai ? On aimerait voir davantage de posts comme :
– “Cette année, j’ai fait 12 km. Mais chaque mètre était un moment de pure souffrance.”
– “Mes stats Strava : 5 sorties, 27 excuses bidons pour ne pas sortir, et 42 pizzas englouties.”
– “Mon total annuel : 500 km en course et 3 000 en voiture pour aller au départ des trails.”
Car le trail, ce n’est pas qu’une affaire de chiffres, mais une question de plaisir, de dépassement personnel et parfois (souvent), de galères qu’on raconte autour d’un verre. Alors oui, vous avez couru 2 000 km cette année, mais avez-vous vraiment pris le temps de profiter du paysage, de rire avec vos amis lors des sorties en groupe, ou de savourer cette douleur délicieuse qui accompagne une montée bien raide ?
Alors laissez tomber les stats et partagez plutôt une anecdote mémorable, une photo embarrassante ou une galère survenue pendant une course. Et si vraiment vous aimez trop les chiffres, donnez-nous vos stats de litres de bière, de part de pizza, d’ampoules percées ou le nombre de fois où vous vous êtes dit « qu’est ce que c’est beau quand même ! »
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