Marathon des sables étape 1
Une première étape classique, roulante, chaude, avec du sable et déjà, déjà, des coureurs en détresse.
Par Gaël Dutigny, 9 fois finisher du MDS.
marathon des sables étape 1
J’ai rencontré un type qui a abandonné hier soir avant le départ de cette 1ere étape. Il était déjà venu deux fois au MDS sans pouvoir terminer. Il s’est bêtement bloqué le dos hier et a donc fini sur un brancard. Je l’ai croisé après l’étape d’aujourd’hui où je me faisais soigner les pieds, déjà (je sais je sais, c’est nul, j’ai honte). Le pauvre bougre était quasiment en pleurs, écœuré, triste à crever; et surtout plein de douleurs. Il était d’autant plus impacté psychologiquement qu’il avait cette année ramené son frère qui participait au MDS pour la première fois. Une affaire de famille qui démarre pas très bien en somme. En espérant que le frangin sauve l’honneur et aille au bout. C’est tout le mal que je leur souhaite.
marathon des sables, étape 1
C’est un des vrais plus du MDS.
Tu rencontres des gens qui ont des histoires de vie souvent complètement folles. Ça te remet à ta place, ça t’aide à relativiser, prendre du recul.
Dans ma tente Américaine (je vis aux USA, sorry), j’ai un texan à qui la femme a demandé le divorce quelques semaine avant le départ du MDS. Du coup, il m’a avoué être quand même venu dans le Sahara pour se calmer les nerfs, et oublier, faire une transition propre entre sa vie de père de famille et son nouveau statut de célibataire. C’est courageux. Et c’est un beau pied de nez à sa future ex-femme. lol.
J’ai un anglais qui est le portrait craché de Lenny Kravitz et qui part vivre à Miami après la course monter des écoles anglaises pour les petits américains. Les USA sont indépendants depuis 1776 (ils ont vaincu les anglais en 1783) mais pourquoi pas. Le concept pourrait prendre.
J’ai aussi un retraité Américain de Louisiane qui a vendu sa boîte de travaux sous-marin pour des millions de $. Au lieu de se la couler douce à Key West ou à Hawaii le mec est dans le désert à se tanner la peau sous le soleil et le vent. C’est un style.
Il y a mon copain Romain Fontaine, patron du trade marketing chez Garmin France. Je l’ai ramendé dans notre tente pour qu’il améliore son anglais (rooo je plaisante mano).
Et puis j’ai enfin deux autres piquousés de la vie et à l’adrénaline en les personnes de Paul Templer et Sarah Grey. Sara a récemment perdu l’un des fils (il s’est suicidé). Paul s’est fait bouffer un bras par un hippopotame en Afrique (au Zimbabwe). Il a aussi perdu un de ses filles d’une maladie rare et a un fils adolescent qui enchaîne en ce moment même à Détroit les tentatives de suicide. Ambiance….
Le Marathon Des Sables est un succès populaire pour cette raison là : les gens du monde entier viennent se tester, faire un reset, se refaire une santé, un moral, se prouver qu’ils sont encore vivants, qu’ils sont plus forts que toutes les galères de la vie.
Le MDS ça ressource en fait ! C’est beau. Ça me touche. C’est aussi pour ça que je reviens souvent. Il y a le désert, le soleil, la beauté des paysages, le silence, la paix, et toutes ces âmes vaillantes qui tentent quelque chose de dur, de rare. Le mix est unique. Ça ne peut que vous envoûter.
Question organisation, j’ai commencé à voir une faille.
Ça ne se fissure pas de partout, loin de là, ça reste très solide globalement mais on ne peut que constater que l’équipe est plus jeune, souvent novice, parfois indécise sur certains gestes qui étaient des réflexes pour leurs prédécesseurs. Les teams de Patrick Bauer étaient très expérimentées, avec leurs 37 ans de Sahara. C’était flagrant et ça nous faisait du bien. Ça nous rassurait.
Chez les docs ce soir, je n’ai pas été impressionné par les soins prodigués par les podologues, ni par le niveau d’anglais des jeune français/es croisés sous cette grande tente médicale. Dommage. Bon, rien de grave bien sûr. C’est un détail mais un détail qui les jours prochains peuvent faire la différence chez un coureur amateur entre un abandon et une poursuite de course.
Auto-suffisance d’accord, c’est la règle mais c’est aussi un mythe. Elle n’existe pas.
La chaleur et le sable font tellement de dégâts qu’il est selon moi fair-play d’assister, d’aider au mieux médicalement les concurrents qui sont fébriles. C’était aussi l’avis de Patrick Bauer et ses équipes médicales.
Je ne remets pas en questions les nets progrès dont je parlais hier. Les équipes de Cyril Gauthier font le job. Le parcours est top. Même le fait de se lever plus tôt et démarrer l’étape plus tôt pour réduire les risques liés à la chaleur sont bien accueillis par tous (7h30 du matin aujourd’hui ou 6h pour la grande étape de mardi par exemple) Je n’y croyais pas personnellement mais ça fonctionne. Rien à redire donc. Je persiste et signe : Bravo Cyril Gauthier !
ps : l’eau glacé pour arroser les têtes sur chaque CP c’est une énorme innovation. Je ne sais pas comment ils font mais c’est en place. Incroyable.
Lire aussi
Lire encore
- Un grand bravo à François d’Haene pour son résultat à la Pierra Menta
- Sur l’UTMB : 10% des abandons viennent des problèmes de pieds/ongles
Lire tout
- Combien de temps et comment doit-on courir lors d’une sortie trail ?
- GPS : grosse promotion sur la montre Suunto Vertical sur le site i-run
- Yoann Stuck se dit impressionné par les locaux aux marathon des sables
- Résultat Urban Trail de Rennes : victoire de Hamza EL OUARDI
- Les vraies différences entre la course en montagne et le trail
- Comment rester bien gaulé quand on fait du trail ?
- Il faut courir lentement à l’entraînement pour courir lentement en compétition..
- Il faut 4 ans pour préparer l’UTMB
- Découvrez quelle est la durée idéale d’un plan d’entrainement en trail ?
- 3 montres de trail pour faire l’UTMB
- marathon des sables étape 1
-
crédit photo : Cailloux_drone