courir sans s’arrêter
Dans le monde de l’ultra-endurance, les records semblent repousser sans cesse les limites humaines. Certains coureurs parviennent à parcourir plusieurs centaines de kilomètres sans dormir, mais est-il réellement possible de courir sans jamais s’arrêter ? La physiologie humaine impose des contraintes incontournables, rendant l’effort 100 % continu une utopie.
courir sans s’arrêter, les limites biologiques du non-stop
Lorsque l’on évoque une course sans interruption, il faut préciser ce que cela signifie. L’homme peut-il vraiment courir indéfiniment sans s’arrêter une seule seconde ? En réalité, même les meilleurs ultra-traileurs doivent composer avec des arrêts, ne serait-ce que pour boire, manger ou satisfaire des besoins physiologiques.
Le rappeur Rilès a tenté en 2024 un défi extrême : courir 24 heures sans s’arrêter sur un tapis de course. Malgré sa volonté de ne jamais interrompre son effort, il a dû poser pied à terre à plusieurs reprises, notamment pour aller aux toilettes. Jenny Hoffman, physicienne et ultra-traileuse, souligne d’ailleurs que la principale limite à une course totalement ininterrompue est le besoin d’uriner.
563 km sans dormir : un exploit, mais pas sans pause
Les records de course ultra-longue impressionnent, mais aucun ne se fait sans interruption. En 2005, l’Américain Dean Karnazes a couru 563 km en trois jours et demi sans dormir, un record hors normes. Mais même lui a dû faire de brèves pauses pour se ravitailler et changer de vêtements.
Autre performance marquante : en 2023, un coureur américain a parcouru 724 km en 108 heures lors de la Coupe du monde de Backyard Ultra. Dans ce format de course, les participants doivent boucler une boucle de 6,7 km chaque heure sous peine d’élimination. Le dernier coureur en lice est désigné vainqueur. Pourtant, même ces athlètes d’exception prennent de courts moments pour marcher, boire ou s’alimenter entre les boucles.
L’endurance, un héritage de la préhistoire
Si l’homme est capable d’endurer de telles distances, c’est en grande partie grâce à son évolution. Guillaume Millet, physiologiste du sport, explique que notre espèce a hérité de capacités d’endurance exceptionnelles, développées à l’époque où les chasseurs préhistoriques pratiquaient la chasse à l’épuisement.
Cette technique consistait à poursuivre une proie sur de longues distances jusqu’à ce qu’elle s’effondre de fatigue.
Aujourd’hui, cet instinct de résistance se retrouve dans la popularité croissante du trail et de l’ultra-trail. Plus de 8 millions de Français pratiquent la course à pied régulièrement, un chiffre en forte augmentation depuis 2015.
Une quête illimitée de performance
Cette volonté de toujours repousser les limites n’est pas seulement sportive, elle est aussi sociétale. Selon le sociologue du sport Oliver Betty, l’ultra-endurance incarne une forme d’illimitisme, où l’individu cherche à explorer jusqu’où son corps peut aller. Depuis les années 1990, la course à pied est entrée dans une logique de surenchère, avec des distances toujours plus longues et des défis toujours plus extrêmes.
Mais malgré cette quête de l’illimité, une vérité demeure : le corps humain a ses contraintes, et s’il peut courir des centaines de kilomètres sans dormir, il ne peut jamais le faire sans s’arrêter.
Lire aussi
Lire encore
- Faut-il dormir ou pas sur un ultra trail ?
- Dormir avant le départ de la SaintéLyon ?
- Comment réussir à bien dormir la veille d’un trail si on est trop stressé
- Calcul VMA : utilisez notre calculateur pour estimer votre Vitesse Maximale Aérobie à partir de vos données physiologiques