Dans les Alpes, une station de trail a décidé de révolutionner l’expérience sportive : bienvenue dans l’ère des canons à boue. Leur mission ? Réintroduire la gadoue sur les sentiers asséchés par le réchauffement climatique.
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Des canons à boue pour que les traileurs prennent leur pied
Sommes-nous à l’aube d’une révolution dans le monde du trail et de la montagne ? C’est bien possible avec l’arrivée des dignes successeurs des canons à neige hivernaux : les canons à boue pour les sécheresses d’été. Oui, vous avez bien lu. Dans une station de trail nichée au cœur des Alpes, à 1 800 mètres d’altitude, ces drôles de machines ont été installées pour répondre à un défi tout à fait contemporain : le manque de boue.
Quand le réchauffement climatique fait des ravages… sur les sentiers
Si les glaciers fondent, que la neige se raréfie en hiver, les étés eux deviennent de plus en plus secs. Et avec cette sécheresse arrivent d’autres difficultés : les sentiers trop durs, poussiéreux ou même sablonneux. Alors que les stations de ski pleurent leur neige fondue, les amateurs de trail déplorent la disparition progressive de la bonne vieille gadoue, celle qui colle aux chaussures, qui éclabousse les mollets, et qui transforme chaque course en un joyeux champ de bataille.
“L’été dernier, j’ai couru 30 kilomètres sans une seule flaque ! C’était presque du bitume, je ne fais pas de trail pour ça !”, confie Jean-Michel, traileur chevronné.
Face à cette problématique émergente, la station alpine de Val-Mouflon a décidé de frapper un grand coup en installant les premiers canons à boue au monde. L’objectif ? Garantir une expérience “100% gadoue” même pendant les étés les plus secs.
“On a vraiment voulu prendre un coup d’avance avec cette mesure », explique fièrement Mireille Autrap-Bouillon, directrice de la station. “Quand on pense trail, on pense effort, sueur, et surtout… boue ! Alors quand certaines stations investissent pour sauver le ski et la neige, on a voulu faire ce choix précurseur”
.
Comment ça marche ?
Le principe est simple : ces canons à boue, installés à des points stratégiques des sentiers, mélangent de la terre locale avec de l’eau issue des torrents environnants
. “L’important pour nous était de privilégier des solutions locales et des circuits courts. On ne voulait pas faire comme ces stations qui se retrouvent à amener de la neige en camions”, explique Mireille Autrap-Bouillon.
Le système utilise une technologie avancée permettant de régler la consistance de la boue obtenue.
“Certains préfèrent une texture bien épaisse, qui englue les chaussures et d’autres quelque chose de plus liquide, parfaite pour les éclaboussures”, précise Gérard Lancerot, ingénieur en chef du projet.
Les premiers retours semblent positifs.
“C’est vraiment chouette !”, s’exclame Vanessa, qui vient de terminer le parcours test de 12 kilomètres, les jambes recouvertes de boue jusqu’aux genoux. “Étant asthmatique, je ne supporte pas la poussière, avec ce système c’est beaucoup plus agréable”.
D’ailleurs la station a tout prévu puisqu’une borne photo est installée à l’arrivée du parcours, permettant directement de poster son état à l’arrivée sur les réseaux sociaux, accompagnés d’hashtags comme #nogutsnoglory #labouecestlavie ou #lesvraissavent. Une tente disposée par un célèbre fabriquant de matériel de sport affiche une banderole
“Le trail n’est pas un sport pour les chaussures propres”.
Les critiques : boue contre nature ?
Cependant, tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Certains écologistes pointent du doigt l’impact environnemental de ces machines.
“Pomper de l’eau pour fabriquer de la boue artificielle, c’est un comble alors qu’on manque d’eau partout !”, dénonce sous couvert d’anonymat un membre de l’association “Montagne Respectueuse.”
Mais d’autres stations de trail envisagent déjà de suivre l’exemple de Val-Mouflon.
“On réfléchit à adapter la technologie pour la rendre plus accessible pour les petites stations de moyenne montagne, les plus impactées par la disparition de la neige” déclare Gérard Lancerot.
Au final, cette innovation n’est peut-être que le début d’une longue série d’aménagements insolites pour les sportifs en quête de sensations fortes. Après tout, si la neige artificielle a su conquérir le cœur des skieurs, pourquoi la boue ne séduirait-elle pas les traileurs ? L’avenir du trail pourrait bien être plus salissant, mais aussi plus fun que jamais. Une chose est sûre : à Val-Mouflon, vous ne repartirez pas propres, mais vous repartirez heureux.
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