Dans quasiment tous les sports, des sportifs du top niveau se reconvertissent en tant qu’entraineur ou coach, avec plus ou moins de réussite… Est-ce que cela est valable en trail également ? Est-ce qu’un bon trailer a de bonnes chances de faire un bon coach ?
trail coach
Les qualités d’un bon coach de trail
Le trail et surtout l’ultra-trail étant des sports jeunes, il n’y a pas encore une longue tradition du coaching et de ce qui fonctionne bien ou pas. Le sport et son entraînement se cherchent encore. Mais on voit également de plus en plus de trailers de haut niveau se reconvertir ou se lancer dans le coaching, voulant transmettre leur expérience. Mais est-ce suffisant pour être un bon coach ?
Une notion de bagage importante
Un trailer performant possède une maîtrise technique et physique impressionnante. Il a souvent un solide entraînement, une gestion mentale des courses exigeantes, et une connaissance approfondie des aspects pratiques, tels que la nutrition ou l’équipement. Ce bagage peut être utile dans le rôle de coach, mais cela ne garantit pas qu’il saura transmettre efficacement ces connaissances, ni même qu’il soit possible de transmettre ces connaissances ! En effet, chaque coureur est différent dans son fonctionnement, ses goûts, ses motivateurs, etc.. Ainsi, un coach doit se mettre à la place de son élève. Une approche standardisée ou une projection excessive de son propre parcours sur celui de l’élève peut rapidement devenir contre-productive.
Par ailleurs, avoir développé un bagage technique n’est pas synonyme de « comprendre » comment on fait ! Certaines compétences acquises intuitivement par les trailers expérimentés peuvent être difficiles à expliquer. Par exemple, un trailer chevronné peut instinctivement savoir comment gérer une descente technique ou doser son effort dans une montée raide. Comment transmettre alors ?
Un coaching basé sur la science, l’essai et l’erreur.
On l’a vu de plus en plus ces dernières années, avec des athlètes comme Mathieu Blanchard ou Kilian Jornet, la compréhension scientifique des déterminants de la performance est essentielle. Mais cette compréhension globale est complexe, concernant des distances très différentes, des altitudes variées, des nutritions différentes, etc. Un certain nombre de compétiteurs de haut niveau se sont intéressés à ces questions pour optimiser leurs propres performances. Mais en tant que coach, ils auront à s’intéresser plus largement encore a ces questions, à continuer à suivre l’actualité scientifique, afin de pouvoir être toujours au mieux de l’accompagnement de leurs poulains.
Mais la meilleure connaissance scientifique du monde ne remplacera pas le processus d’essai-erreur, de progression à tâtons que chaque coureur doit impérativement réaliser pour déterminer ce qui lui convient le mieux pour telle ou telle problématique. Le rôle d’un coach n’est alors plus de transmettre sa connaissance, mais de pousser l’athlète a faire ses propres expériences, à trouver sa propre voie !
Les qualités d’un coach : une compétence à part entière.
Un bon coach, qu’il soit issu du monde du trail ou non, doit avant tout être un excellent pédagogue. Voici quelques qualités clés qui le distinguent :
– L’écoute et l’empathie
Chaque athlète est unique. Un coach efficace prend le temps de comprendre les objectifs, les limitations et les aspirations de son élève. Certains débutants souhaitent simplement progresser sans se blesser, tandis que d’autres visent une performance sur des courses prestigieuses comme l’UTMB.
– La capacité d’adaptation
Un plan d’entraînement n’est pas une solution universelle. Le bon coach sait adapter ses méthodes en fonction du niveau, de l’historique sportif, et même des contraintes de la vie personnelle de son élève.
– La pédagogie et la communication
Expliquer des concepts parfois techniques de manière claire et accessible est indispensable. Le coach doit également savoir motiver sans brusquer, corriger sans décourager, et célébrer les progrès, même modestes, de ses élèves.
– Une approche globale
Le rôle de coach dépasse l’aspect purement physique. Il inclut la gestion mentale, la nutrition, et même des aspects liés au mode de vie, comme la récupération ou la gestion du stress. Un bon coach sait traiter l’athlète dans sa globalité.
Les pièges des trailers devenus coachs
Malgré leurs compétences sportives, certains trailers échouent dans leur transition vers le coaching. Voici les erreurs courantes à éviter :
– L’égocentrisme
Projeter son propre parcours sur celui de ses élèves est une erreur fréquente. Tous les athlètes n’ont pas les mêmes ambitions ou les mêmes capacités. Ce qui a fonctionné pour un trailer expérimenté peut ne pas convenir à un débutant
– Le manque de pédagogie
Être expert dans un domaine ne signifie pas savoir l’enseigner. Une mauvaise communication ou des attentes irréalistes peuvent rapidement démotiver un élève.
– L’oubli des bases
Un trailer aguerri peut négliger l’importance de certains fondamentaux pour un débutant, comme l’apprentissage de la technique de montée ou la gestion de l’hydratation.
– Une focalisation excessive sur la performance
Tous les athlètes ne cherchent pas à battre des records. Certains veulent simplement profiter de la discipline et découvrir leurs limites sans pression. Un coach trop centré sur les résultats risque de frustrer ces profils.
Si les bons trailers possèdent un avantage indéniable grâce à leur expérience personnelle, cela n’est pas systématique. La transition réussie d’athlète à coach demande un travail sur soi et une volonté de comprendre les autres. Ainsi, il est essentiel de juger un coach non seulement sur son palmarès, mais surtout sur sa capacité à inspirer, accompagner et faire progresser ses élèves.
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