BEÑAT MARMISSOLLE : « C’EST UN VOYAGE ÉMOTIONNEL UNIQUE »
A 41 ans, Beñat, déjà troisième l’an dernier à La Réunion, vainqueur cette année de la 6000 D à La Plagne et surtout sixième de l’UTMB, en août dernier, à Chamonix (170 km, 10 000 m D+), a remporté le plus grand succès de sa carrière. Quelques jours après sa victoire, toujours à La Réunion, il revient sur son exploit.
Crédit : Clément Berchet
Beñat, dans quel état d’esprit êtes-vous quelques jours seulement après votre victoire ?
Je vis un rêve. Très sincèrement, je n’arrive pas à me rendre compte. Quand on est coureur, quel que soit son niveau, quel que soit son âge, tout le monde rêve de cette course. La Diagonale des Fous est l’une des trois courses les plus mythiques au monde. D’abord avec son histoire puisque qu’elle fêtait cette année son 30e anniversaire et ensuite par son aspect populaire. Y accrocher un dossard et terminer est déjà un rêve. Ensuite, quand on est parmi les élites, la notion de performance s’ajoute. Alors gagner, avec tous ces grands noms au départ, je ne réalise pas encore. C’est magique.
Mais le résultat ne va pas changer l’homme que je suis. Je garde les pieds sur terre et je vais conserver mes valeurs d’humilité. Je n’ai rien fait d’extraordinaire… même si certains peuvent le penser. Et ce n’est pas de la fausse modestie. Je ne vais pas faire le malin. Si c’était le cas, je serais vraiment un triste abruti.
Comment avez-vous vécu les derniers kilomètres qui vous emmenaient vers la victoire ?
Même si je n’ai fait que les derniers kilomètres seul, avec Jean-Philippe (le Suisse Tchumi avec lequel Beñat a partagé de longs segments en tête de la course, et finalement 2e), nous avions beaucoup parlé et nous savions que ça se terminerait comme ça car il n’était pas très bien depuis un moment. Dans ces dernières minutes, j’ai pensé à beaucoup de monde, à mon fils Nathan, à tous les gens que je savais derrière la télé ou les écrans, à mes partenaires, à l’équipe d’ASICS et tous les gens qui me soutiennent. Tout ça défile dans la tête. C’est un voyage émotionnel unique.
Vous avez 41ans, l’expérience est-elle une clé de votre succès ?
Elle est capitale. Je suis certes tout nouveau sur l’ultra trail mais j’ai une grande expérience sur le sky-running où j’ai couru contre tous les meilleurs athlètes au monde. Avec parfois de grandes joies mais aussi de grandes déceptions. Il est évident qu’on ne peut pas gagner une course comme la Diagonale des Fous sans expérience. Une telle épreuve ne laisse aucune place au hasard.
Justement, au niveau de votre matériel, comment avez-vous géré la course ?
Je suis parti avec le modèle Fuji Lite 3. C’est une chaussure très stable, très dynamique avec une excellente accroche sur les terrains secs. C’était vraiment parfait pour la première partie. J’ai ensuite changé en toute fin de course pour passer sur les Gel-Trabuco 10. C’est une « machine de guerre ». Elle est très confortable et en fin d’ultra, c’est un immense plaisir de mettre ses pieds dedans. Elle est un peu plus lourde pour un petit gabarit comme moi et un peu moins dynamique que la Fuji Light 3 mais après 145 km, on a surtout besoin de confort et de stabilité. C’est rassurant de savoir que l’on ne va pas avoir la cheville qui part dans tous les sens.
Comment s’est organisée le Team ASICS sur place ?
Les jours précédents la course, on a pris beaucoup de plaisir à se retrouver autour de Julien Ardito, coordinateur du Team à La Réunion. Nous avons passé une superbe soirée qui nous a surtout permis de préparer la course au mieux en définissant les différentes mises en place de l’assistance notamment sur les ravitaillements. Ce fut un travail très professionnel et qui a largement contribué à aller chercher tous ces bons résultats.
TEAM ASICS TRAIL : DES PERFORMANCES A LA REUNION
Les coureurs du team ASICS Trail ont marqué l’édition 2022 du Grand Raid de la Réunion, disputé le week-end dernier. Au-delà de la splendide victoire du Basque Beñat Marmissolle sur la Diagonale des Fous, en 23h14’47’’ pour venir à bout des 168 km et 10 100 m de dénivelé positif, la Suédoise Anna Carlsson termine troisième chez les femmes (30h59’18’’) et la Française Sissi Cussot accroche le cinquième place (35h14’58’’). Sur le Trail de Bourbon, le Suisse Mathieu Clément s’est lui aussi offert une victoire de prestige en couvrant les 109,2 km (5 955 m D+) entre Cilaos et le stade de la Redoute à Saint-Denis, en 16h7’48’’.
Lire aussi
- La décharge émotionnelle à l’arrivée d’un ultra trail
- Suivre un coureur en direct sur le Madeira Island ultra tour (MIUT en direct)
- Beñat Marmissolle : un des meilleurs traileurs français n’a pas de sponsor
- 6000D : crampons obligatoires cette année !
- Ce qui fait le succès de l’UTMB !
- Beñat Marmissolle remporte la Diagonale des Fous 2022 !
- Résultat Restonica Trail : victoire de Beñat Marmissolle sur le 110 km