Grand Raid de La Réunion : ce qui ne va pas
Le Grand Raid de La Réunion est une épreuve mythique qui attire chaque année les meilleurs traileurs du monde. Pourtant, l’édition 2025 pourrait être marquée par des tensions internes et des critiques croissantes. Le départ de Thierry Chambry, directeur de course de la Diagonale des Fous, met en lumière certaines difficultés qui agitent l’organisation de cet événement. Voici les points qui suscitent aujourd’hui des interrogations.
Grand Raid de La Réunion
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Grand Raid de La Réunion
1– Une crise au sein de l’organisation
Thierry Chambry, figure emblématique du Grand Raid et vainqueur de la Diagonale des Fous en 2007, a annoncé sa démission du comité directeur. Dans une lettre publique, il évoque des différences de valeurs et d’éthique avec la présidence actuelle de l’association organisatrice. Son départ n’est pas isolé : Christine Bénard, directrice de course sur le Trail de Bourbon, a elle aussi quitté ses fonctions en novembre 2024. Ces démissions successives soulèvent des questions sur la gestion interne de l’événement et sur les tensions qui y règnent.
« Après 4 années de bénévolat passionné au sein du comité directeur du Grand Raid au poste de directeur de course, j’ai décidé de quitter mes fonctions. Ce fut une aventure humaine extraordinaire. Un immense merci à toutes les équipes de bénévoles : serre-files, signaleurs, balisage, commissaires de course, ouvreurs et à l’ensemble de l’association pour ces moments inoubliables.
Ces années passées au service de cette magnifique course ont été une expérience inoubliable. J’ai eu l’honneur de travailler avec des personnes passionnées et dévouées, et je tiens à exprimer ma sincère gratitude à tous ceux qui ont partagé ces moments de sport et de fraternité avec moi.
Je suis fier d’avoir contribué, à mon humble niveau, à faire rayonner le Grand Raid et à promouvoir les valeurs de l’ultra-trail. La passion était le moteur de notre engagement.
Cependant, la réalité de ces fonctions sous le management actuel, souvent méconnue du grand public, s’est avérée incompatible avec mes valeurs et mon éthique. Dans ces conditions, je ne peux poursuivre mon engagement sous cette présidence.
L’aventure continue.
Longue vie au Grand Raid. »
Sportivement,
Thierry Chambry
2– Un événement de plus en plus international, au détriment des locaux ?
Si le Grand Raid est devenu une compétition phare du trail mondial, certains coureurs réunionnais expriment leur frustration face à une place de plus en plus réduite pour les athlètes locaux. Actuellement, 40 % des dossards sont réservés aux coureurs étrangers. Ce succès international contribue à la notoriété de la course, mais alimente aussi un sentiment de marginalisation chez les traileurs réunionnais. L’absence de coureurs locaux sur les podiums depuis 16 ans en est une illustration. De plus, l’édition 2024 a été marquée par la controverse autour de Judicaël Sautron, premier Réunionnais à l’arrivée, qui n’a pas été invité sur le podium officiel.
3– Une gestion des ravitaillements controversée
L’édition 2024 du Grand Raid a été marquée par un incident autour des ravitaillements dans Mafate. Un collectif d’habitants s’était insurgé contre l’interdiction des livraisons par hélicoptère pendant l’événement, menaçant de bloquer la course. Si un accord a finalement été trouvé grâce à l’intervention de Thierry Chambry, la communication maladroite de l’organisation a laissé des traces. L’explication du président du Grand Raid, qui attribuait cette restriction à un arrêté du Parc National, s’est avérée inexacte, démontrant un manque de transparence.
4– Une organisation de plus en plus lourde
Avec plus de 7 600 dossards répartis sur plusieurs courses, l’organisation du Grand Raid est un véritable défi. Les mesures de sécurité sont devenues plus complexes et coûteuses, avec la mise en place du dispositif NOVI (No Victimes) pour assurer la sécurité des milliers de spectateurs au départ. Ces contraintes alourdissent la charge de travail des organisateurs et pèsent sur les finances de l’événement, qui reste une association et non une entreprise commerciale.
5– Une frustration grandissante autour des inscriptions
Chaque année, l’obtention d’un dossard devient une véritable loterie. Lors des dernières inscriptions, 500 000 personnes se sont connectées simultanément au serveur, provoquant des pannes. Pour limiter la pression, certaines courses comme la Zembrocal, une épreuve en relais très appréciée, ont été supprimées du programme. Cette réduction des options de participation a généré des déceptions, sans pour autant résoudre la question de la forte demande.
Le Grand Raid peut-il préserver son identité ?
Entre départs de figures historiques, tensions organisationnelles, place des locaux et contraintes logistiques, le Grand Raid est à un tournant. S’il veut continuer à rayonner sur la scène internationale, il devra trouver un équilibre entre professionnalisation et respect des valeurs fondatrices du trail à La Réunion. En mai prochain, une alternative pourrait émerger avec l’Ultra Trail de l’Océan Indien (UTOI), qui attire déjà l’attention. L’édition 2025 du Grand Raid sera donc scrutée de près, avec une question en suspens : comment réconcilier croissance et ancrage local ?
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