payer pour courir dans la nature
Courir dans la nature est un acte simple, instinctif, presque primitif. Un short, une paire de chaussures, un sentier. Rien de plus. Et pourtant, aujourd’hui, il faut souvent payer pour le faire. Payer un dossard. Payer une organisation. Parfois plus de 100 euros pour une course en montagne. Une question émerge alors, doucement mais sûrement : est-ce que faire payer l’accès à la nature pour courir est, au fond, une démarche immorale ?
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C’est une interrogation qui revient régulièrement, notamment à l’approche des grandes échéances estivales : UTMB, Grand Raid, Échappée Belle… Ces événements traversent des territoires sublimes, souvent protégés, parfois sensibles. On les célèbre pour leur beauté et leur exigence. Mais dès lors qu’ils impliquent de l’argent, que des coureurs doivent s’inscrire des mois à l’avance, acheter leur place, s’organise alors un glissement symbolique : la montagne devient un produit. Et certains y voient un malaise.
Est-ce que la nature devrait rester gratuite ?
Accessible à tous ? Bien sûr. Et elle l’est. Courir librement, sans balisage, sans chrono, sans assistance, est toujours possible. Ce que les traileurs paient, ce n’est pas le droit de fouler un sentier : c’est un service. Un encadrement. Un balisage. Une sécurité médicale. Des ravitaillements. Des bénévoles mobilisés pendant des heures. En somme, on ne paie pas pour la nature elle-même, mais pour tout ce qui transforme une sortie en aventure encadrée.
Alors, où commence l’immoralité ?
Peut-être dans l’opacité qui entoure parfois l’attribution des autorisations. Quand un organisateur privé obtient l’exclusivité d’un passage sur un GR, une crête ou un col, quelles sont les règles ? Qui décide ? Sur quels critères ? Et surtout : que reçoit en retour le territoire ? Est-ce que les habitants, les associations locales, les autres usagers, y trouvent leur compte ? La tension ne vient pas tant du prix que de la légitimité à organiser et monétiser l’espace public.
Et puis il y a une autre dimension, plus souterraine : celle de l’image.
Quand une pratique autrefois libre devient un produit avec logo, partenaire, dossard et pack de bienvenue, certains s’en détournent, y voyant une forme de trahison. D’autres au contraire y trouvent un moteur, une motivation, une façon de se fixer un objectif et de se dépasser. Les deux lectures sont valables, et c’est peut-être là qu’il faut placer le curseur : non pas dans une opposition stérile entre puristes et compétiteurs, mais dans une réflexion honnête sur le sens qu’on donne à sa pratique.
le trail, entre liberté et organisation
Payer pour courir dans la nature n’est pas immoral en soi. Ce qui pourrait l’être, c’est le manque de transparence, ou une logique commerciale qui écrase le reste. Mais tant qu’il reste possible de courir librement, tant que les organisations respectent les territoires qu’elles traversent, tant que les coureurs savent pourquoi ils s’élancent, le trail peut continuer à conjuguer liberté, aventure et responsabilité.
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