Le trail longue distance repousse encore les limites humaines — et ce n’est pas à Chamonix que ça se passe.
Courir 224 km d’une traite. Traverser des montagnes, affronter la chaleur tropicale, l’humidité, l’altitude, le brouillard. Dormir une heure, peut-être deux. Répartir ses réserves d’eau, de nourriture, de lucidité. Éviter la blessure, éviter l’abandon, éviter de sombrer. Et surtout : continuer à avancer, coûte que coûte.
C’est ce que propose une épreuve hors norme, l’un des trails les plus extrêmes de la planète, qui revient en 2026 pour une 2ᵉ édition encore plus rude que la première. Mais avant de dévoiler le nom de ce monstre de dénivelé, une chose s’impose : prendre la mesure de ce qu’implique vraiment une course de cette ampleur.
224 kilomètres. À pied. D’un seul trait.
Imaginez vous aligner sur un ultra-trail qui fait plus de deux fois la longueur de l’UTMB. Imaginez courir, marcher, grimper et descendre pendant 60 heures, voire 90 heures pour les derniers. Cela signifie 2 à 3 nuits dehors, avec pour seuls repères les frontales des autres coureurs, les balises du parcours et le clapotis de votre propre respiration.
Dans ce type d’épreuve, la distance devient un monde à part entière. On ne court plus un trail, on traverse un territoire, une géographie, une temporalité différente. Il ne s’agit plus seulement de performance, mais de survie organisée. On apprend à se rationner, à dormir en 10 minutes, à écouter ses hallucinations, à parler aux pierres pour ne pas devenir fou.
Les autres courses extrêmes du même calibre
À ce niveau d’effort, les comparaisons se font rares. Peu de courses dans le monde osent dépasser les 200 km. En Europe, on pense au Tor des Géants (330 km autour du Val d’Aoste), au Swiss Peaks (306 km le long des Alpes suisses), ou encore à la mythique PTL (300 km sans balisage autour du Mont-Blanc).
Aux États-Unis, les courses de plusieurs jours sont souvent non officielles, comme les traversées du John Muir Trail ou certains FKTs de l’Appalachian Trail.
Mais l’épreuve qui nous intéresse aujourd’hui n’est pas européenne. Elle n’est pas alpine. Elle ne se court pas dans un climat tempéré. Elle se dispute sous les tropiques, au cœur d’une île volcanique où chaque sentier est une muraille, chaque montée un mur de végétation, chaque descente un piège pour les chevilles.
Ce que ça implique pour le corps, l’esprit et l’organisation
Un tel ultra nécessite une préparation radicalement différente. Il ne suffit pas d’être endurant. Il faut être résistant, organisé, lucide, humble. Il faut apprendre à gérer l’humidité, la macération des pieds, les douleurs musculaires, les frottements, les nuits sans fin.
Il faut aussi savoir s’arrêter sans culpabiliser, dormir sans paniquer, manger sans se forcer. On entre dans une logique de gestion complète : nutrition, hydratation, sommeil, logistique, météo, et surtout… émotions.
Car sur ce type d’épreuve, le plus dur n’est pas toujours physique. Ce sont les pensées parasites, les doutes, la solitude. Savoir qu’on a encore 150 km à parcourir alors qu’on n’a déjà plus d’énergie. Savoir que tout peut s’effondrer à la prochaine crampe. Savoir que personne ne viendra vous sortir de là, sauf vous-même.
Une course rallongée… par un oiseau
Dans l’édition 2026 de cette épreuve, un petit imprévu est venu pimenter l’aventure. Un oiseau endémique et protégé, le Tuit-tuit, a décidé de modifier sa zone de nidification. Résultat : l’arrivée initialement prévue à Saint-Denis doit être déplacée pour contourner la nouvelle zone sensible.
Résultat ? +3 km et +400 m de D+. Et un détour qui rallonge encore un peu une épreuve déjà surnaturelle.
Les organisateurs restent optimistes. Ils espèrent trouver une alternative d’ici mai 2026 pour revenir à la version “light” de 224 km. Mais même sans ce détour, la course reste une odyssée pour coureurs chevronnés.
Ce n’est pas la Diagonale des Fous. C’est bien pire.
Et maintenant, il est temps de révéler le nom. Ce trail de 224 km s’appelle l’Ultra-Terrestre. Il s’agit du format reine de l’Ultra Trail de l’Océan Indien (UTOI), qui revient pour une 2ᵉ édition le 14 mai 2026.
Son départ sera donné à Saint-Philippe, à l’extrême sud de l’île de La Réunion, et son arrivée, modifiée, rejoindra Saint-Denis par des sentiers encore plus abrupts. Le tracé comprend les joyaux les plus techniques de l’île : Piton des Neiges, cirques de Mafate, Salazie, Cilaos…
On y retrouve tout ce que La Réunion a de plus intense, avec en prime une chaleur moite, une végétation épaisse, des montées verticales et des descentes à faire pleurer vos quadriceps. En somme : une Diagonale des Fous version apocalyptique, réservée à une élite capable d’encaisser plus de 72 h d’effort.
D’autres formats disponibles, mais le mythe reste l’Ultra-Terrestre
Pour les coureurs qui souhaitent découvrir l’Île Intense sans forcément flirter avec leurs limites vitales, l’UTOI propose également des formats plus raisonnables (tout est relatif) :
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44 km, pour découvrir les sensations du trail réunionnais,
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82 km, version longue sans basculer dans l’ultra,
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128 km, pour les fans de longs efforts,
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174 km, pour tester les limites sans aller jusqu’à la folie pure.
Mais le mythe, le vrai, celui qu’on raconte le soir dans les ravitos, c’est l’Ultra-Terrestre. Une course qui, à chaque édition, repousse un peu plus les frontières du corps et de l’esprit.
📌 Inscriptions et infos officielles :
➡️ https://utoi.re
👉 Pour aller plus loin : Notre article complet sur l’Ultra-Terrestre 2026
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