Depuis l’annonce de son nouveau projet « States of Elevation » aux États-Unis, une question agite les réseaux : Kilian Jornet cherche-t-il à gravir tous les sommets du monde ? Derrière cette interrogation se cache à la fois une fascination pour l’ampleur de ses aventures et un flou entretenu par une communication volontairement poétique. Alors, fantasme collectif ou ambition réelle ?
Kilian Jornet : une quête sans fin ? Pas vraiment !
Il faut être clair : Kilian Jornet n’a jamais annoncé vouloir gravir tous les sommets de la planète, ni même les plus hauts de chaque pays ou chaque massif. Il n’a pas la démarche d’un collectionneur ou d’un recordman du Guinness Book. Sa communication est à l’opposé de cela : elle parle d’effort, d’humilité, d’expérience, de lenteur, d’écologie. Pas de conquête, pas de tableau de chasse.
Et pourtant, en retraçant son parcours depuis trois ans, un schéma clair se dessine. Kilian Jornet semble dessiner une carte vivante des grands massifs du monde, chacun traversé selon ses propres règles.
Un schéma clair : massif par massif, année après année
- En 2023, il traverse les Pyrénées, ses montagnes d’origine, en gravissant 177 sommets à plus de 3000 mètres. Il enchaîne les pics comme un pèlerin sur un chemin sacré, dans une démarche très intime.
- En 2024, il parcourt les Alpes en reliant les 82 sommets de plus de 4000 mètres en seulement 19 jours. Ce défi technique, rapide et engagé, le place au cœur de l’histoire alpine européenne.
- Et en 2025, avec States of Elevation, il s’attaque aux fourteeners des États-Unis, ces sommets de plus de 14 000 pieds (4267 m), étalés sur plusieurs États. Ce sont les montagnes emblématiques de l’outdoor américain, à la fois sauvages, rudes, et chargées d’une histoire très locale.
Ce qu’il lui manquera ensuite pour compléter son tour du monde des massifs mythiques :
- La Cordillère des Andes
Encore absente de son palmarès. Il pourrait y relier les plus hauts sommets (Aconcagua, Huascarán, Illimani, etc.) dans un projet au long cours à travers plusieurs pays (Argentine, Chili, Pérou, Bolivie…). - L’Afrique
Le Kilimandjaro est un classique, mais il pourrait en proposer une version non-touristique (voie non fréquentée + enchaînement avec les Monts Rwenzori, Simien, Drakensberg…). - L’Océanie / Indonésie
Très peu exploitée dans l’imaginaire montagne occidentale, mais la Papouasie et ses sommets tropicaux pourraient s’inscrire dans un projet de décentrement géographique très cohérent avec son message.
À travers ces projets, Kilian trace une sorte de cartographie humaine des massifs de référence dans le monde. Il ne cherche pas à tout faire, mais à choisir les territoires les plus symboliques, pour les traverser à sa manière.
Son style : non motorisé, éthique, pur
Ce qui distingue Kilian Jornet, c’est sa manière de faire. Depuis son projet « Summits of My Life », il cultive une approche minimaliste, autonome, sans moteur. Il veut montrer qu’on peut aller loin, très loin, sans hélico, sans assistance, sans détourner le sens de l’aventure.
Il ne s’agit donc pas d’une course aux records pour cocher des sommets sur une carte. Il s’agit plutôt d’une réponse cohérente à notre époque : un plaidoyer pour une montagne vécue à la force des jambes, respectueuse des lieux, des saisons, et du vivant.
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