Le 13 septembre dernier, à Cublize dans le Rhône, une famille a vu sa toiture être frappée par une balle de chasse en pleine journée.
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À l’intérieur, une mère et ses enfants. La balle s’est logée dans le toit, à seulement cinquante centimètres d’une fenêtre. Pas de blessés, mais une question légitime qui hante désormais beaucoup de coureurs : si un toit n’arrête pas une balle, que vaut un traileur seul sur un sentier ?
Les faits sont simples. Une battue aux sangliers se déroulait dans les bois au-dessus de la maison.
Un tir mal maîtrisé, une trajectoire déviée — peut-être un ricochet, selon les premières hypothèses — et c’est la panique. Le bruit de l’impact résonne dans toute la maison. Deux tuiles explosées, une balle retrouvée dans les combles. Le père de famille, alerté par sa compagne, découvre l’ampleur des dégâts. À quelques dizaines de centimètres près, sa femme ou ses enfants auraient pu être touchés. « Ça aurait pu être dramatique », confie-t-il au Progrès.
L’affaire n’est pas restée sans suite.
Le chasseur auteur du tir a été suspendu de son association pour toute la saison. La société de chasse locale et la Fédération des chasseurs du Rhône se sont déplacées dès le lendemain. Plus aucun tir ne sera autorisé depuis ce secteur jugé trop proche des habitations. Des formations de sécurité vont être renforcées. Mais le mal est fait. Et la peur s’est installée.
Cette balle perdue, tombée sur une maison, est un signal d’alarme. Car si elle avait croisé la route d’un promeneur, d’un cueilleur de champignons ou d’un traileur solitaire en pleine descente, l’issue aurait été tragique.
Et c’est là tout le paradoxe de la pratique du trail en saison de chasse : on court pour fuir le bruit, le bitume, le stress… et on se retrouve à surveiller les ombres, à tendre l’oreille au moindre coup de feu. En pleine nature, c’est désormais la vigilance qui remplace la sérénité.
Certains avancent que la probabilité de se prendre une balle en courant reste infime.
Mais depuis quelques années, les faits divers s’accumulent. Balle perdue en Haute-Savoie, cueilleur de champignons abattu par erreur dans le Cantal, vététiste touché à la jambe dans l’Aude… À chaque fois, la défense est la même : « c’était un accident ». Pourtant, ce sont toujours les mêmes qui trinquent : les non-chasseurs. Les coureurs, les marcheurs, les enfants, les riverains.
Alors non, courir en forêt ne devrait pas être un sport à haut risque. Et porter une veste fluo ne devrait pas être une condition de survie. Le trail, par essence, est une activité de liberté, de connexion à la nature. Pas un parcours du combattant balistique. Il est temps de repenser l’équilibre entre les usages. Car tant que des balles traversent des toits, des traileurs continueront à courir avec la peur au ventre.
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