Sébastien Spehler est en feu !
Sébastien Spehler et son amour pour la bonne bouffe
On avait été récemment impressionné par la facilité avec laquelle Sébastien Spehler avait annihilé toute concurrence au Munster trail (pour rappel, il avait fini avec trois quarts d’heure d’avance en ayant eu le temps de s’arrêter à un ravitaillement manger un plat qui ferait passer la tartiflette pour l’équivalent d’une salade verte sans sauce). C’est donc peu dire qu’on attendait de pied ferme la performance de Sébastien Spehler sur le Grand Trail du Lac du Bourget (format 75km). Eh bien on n’a pas été déçus !
Sébastien Spehler explose le record du Grand Trail du Lac du Bourget
En effet, l’alsacien du team Salomon (entre autres trois fois vainqueur de la 6000D, double vainqueur aux Templiers et deux fois vainqueur de la Maxi-Race d’Annecy) a fait parler la poudre et a encore tout détruit sur son passage. Il a fini en 6h41, a éparpillé le record façon puzzle. Car selon le site de l’épreuve, le précédent temps de référence était à 7h36. Donc, tranquillement, il y met presque une heure. Ce genre de truc, c’est presque pornographique tellement c’est sale ! Limite il faudrait l’interdire aux moins de 18 ans !
Il a mis plus d’une demi-heure à son dauphin, à savoir Baptiste Chassagne, qui n’est pas non plus le premier venu (il a attrapé la médaille de bronze aux championnats de France de trail long en 2019 et a fait 4ème à la dernière Saintélyon et 4ème aux derniers Templiers).
Dans une interview d’après-course au Dauphiné, l’alsacien explique être
« toujours content de venir sur des courses différentes [car] c’est l’occasion des découvrir des choses ». Il ajoute ensuite une phrase qui peut paraître anodine, mais qui montre à quel point on a affaire à des extraterrestres quand on parle des élites en trail : « le parcours me convenait très bien, car hormis les six dernières bornes de montée, c’est roulant. On a fait les 10 premiers kilomètres en 37 minutes. Une superbe journée pour moi, sur une distance comme celle-là que j’apprécie ».
Donc, pour être bien clair. Le mec est en fin de saison (ok, je veux bien entendre que celle-ci fut un peu allégée, mais on ne peut pas dire qu’il a tiré au flan non plus), il part pour un 75km avec 3600m de D+ (oui, nous n’avons pas tout à fait la même conception du roulant) et envoie les 10 premiers km en 37 minutes. Il reste 65km et il met 37 minutes pour les 10 premiers kilomètres !! Mais on est où, là !
Sébastien Spehler est sous-côté
Alors, forcément, la question qu’on en vient à se poser est de savoir si Sébastien Spehler n’est pas un peu sous-côté. Ou plutôt, à l’instar d’un Thibaut Baronian, s’il n’est pas victime de la mainmise des français sur l’ultra. Je m’explique. Quand on parle trail en France, les premiers noms qui viendront seront très probablement François d’Haene et Xavier Thévenard, qui sont nos têtes de gondole à l’international, mais aussi ce qui se fait de mieux en ultra trail. Et on en oublie que le trail, ce n’est pas que l’ultra. Le problème est qu’en France, on a la très mauvaise (et très bête) habitude d’assimiler la qualité d’un trailer à la durée de son effort, en oubliant qu’on peut faire du court en allant vite. A ce sujet, je suis d’ailleurs toujours effaré de voir comment la presse spécialisée traite Jornet et Walmsley depuis qu’ils se sont spécialisés sur du court (limite, ce serait des feignasses). Et si on performe sur un autre format, ce sera en second plan.
Je me suis souvent plaint du peu de traitement médiatique de Thibaut Baronian alors qu’il a un niveau de dingue, mais sur du court.
Eh bien, je crois que c’est pareil pour Sébastien Spehler ; sa spécialité semble être le format moyen/long, et visiblement, en France, ce n’est pas assez étincelant. Et le mec a gagné plus d’une vingtaine de courses depuis 2016. Mais voilà, là où Sébastien Spehler assure, c’est entre 55 et 85km, et il semblerait qu’en dehors de la Saintélyon, ça n’intéresse personne. C’est bien dommage, et c’est injuste pour Sébastien Spehler, qui fait assez aisément partie du top des trailers français (on n’est pas chez Salomon par hasard, hein).