Pourquoi l’ascension du Mont-Blanc est-elle dangereuse pour les traileurs ?
Revenons un peu sur ce qu’est une ascension du Mont Blanc.
5000m
C’est un sommet de 5000m. 4809m, on va pas chipoter. C’est du gros, du lourd. On vous parle pas de faire la fenêtre d’Arpette à 2665m, on parle pas non plus de se promener sur le glacier de la Grande Motte en 3500m à la sortie du téléphérique, chemise ouverte où pourtant il caille, mais de se taper des montées 2500m D+ à partir de 2300m, et de redescendre..
Hypoxie
L’oxygène se raréfie plus on monte en altitude. Si vous ne le saviez pas c’est que vous ne savez pas non plus pourquoi les cabines sont pressurisées en avion. Et alors ? Et bien très très rapidement la précisions de nos gestes, notre capacité à réfléchir, nos réflexes s’en trouvent amoindris. Pas pour un traileur aguerri, me direz vous, peut-être, peut-être pas, après 6h de course non stop, le petit centimètre entre la vie et la mort, ça joue. A-t-on le temps de s’acclimater quand on part des Houches à 1200m ?
Surfréquentation
Le Mont Blanc, c’est surfait, c’est galvaudé, n’importe quel shmouf veut “faire le Mont Blanc”. Il y a même un tramway. Non mais sérieux, 500 départs d’alpinistes par jour en été ? C’est pas la montagne c’est une gare… En plus il y a des spots on on dirait des WC à ciel ouvert mais pas un glacier. Bonjour la belle nature.
Le couloir de la mort
Le couloir du goûter, est un couloir comme son nom l’indique, et où il vaut mieux ne pas s’attarder. Entre 11h et 13h30, y stationner plus de 15mn baisse de 500% votre espérance de vie (voir l’étude plus sérieuse de la fondation Petzl). En effet avec le double effet du dégel et de la chaleur, les pierres tombent à qui mieux mieux à 100km/h sur les joyeux alpinistes qui tentent de passer tels de petits fourmis dans un jeu vidéo.
Plus sérieusement, pour survivre : ne pas paniquer, bien regarder la pierre qui tombe, comment elle rebondit et prendre la bonne voie d’évitement. Bien sûr s’attacher au cable avec une longe. Porter un bon casque, pas un casque de vélo. Ensuite si quelqu’un veut descendre tu le laisses passer en t’abritant ou tu peux. Surtout n’accélère pas, le couloir du gouter, ca se savoure, en marchant normalement. Si tu trébuches, t’es mort ! Héhé tu aimes la haute montagne, tu aimes la gravité !
Si tu es un traileur, bien sûr tu n’as pas besoin de casque, tu es super fort, tu détruis les pierres à coup de vision laser. Normal.
Trébucher c’est mourir
Il y en a qui se font une fixette sur l’équipement pour la sécurité. C’est bien, mais pour un traileur qui fait du 15km/h, des mousquetons, des longes, connait pas… C’est surtout la précision des appuis qui est la condition de la survie. Et comme il y a des précipices de fou, en hypoxie avec ça, et bien faut pas faire de faux pas. Alors la petite pié-pierre qui cogne sur l’avant du pied, qui vous déséquilibre un poil, là dans le virage où y a 200m de gaz… oups, allez on se finit en mode saut de l’ange.. Chaque jour est beau pour mourir..
Les conditions
Le Mont Blanc, en été, en partant tôt genre vers 4h du mat sous le ciel étoilé, pas de vent, grande journée ensoleillée ensuite, franchement ça le fait. Il faut le conseiller aux familles avec enfants en bas âge, avec mamie sur le dos ! Petit picnic au sommet, bouteille de champ, royal.
Seulement la haute montagne c’est jamais ça, après le 15 août ça sent l’orage, la pluie, le vent en bourrasque, les torrents qui décuplent, le bruit des glaciers on dirait des tonnerres. Au XVIIIe siècle on croyait même qu’il y avait une vallée ensorcellée vers le Mont Maudit où régnait la reine des neiges et pas celle de “libérée, délivrée..”.
En ce moment les pluies ont atteint la haute altitude et la neige s’est transformée en béton, alors la bonne paire de trail est celle qui a des crampons de 14 dents de 3 cm !
Pour conclure, la haute altitude et ses précipices n’a qu’une seule loi : quand on dévisse, il est impossible de s’arrêter.
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