Peut-on faire une sortie longue 48h après une séance de casse musculaire ?
Peut on faire une sortie longue (25km) 48h après de la casse musculaire (10km en minimalist)
Réponse de uTrail
Après une séance de casse musculaire, il faut au moins 72h de récupération. Sur ta sortie longue, tu vas recasser tes fibres musculaires qui étaient en reconstruction. Il n’y a donc pas d’intérêt. Il faut mieux attendre un peu plus longtemps et faire la sortie longue après.
Au lieu de rendre les muscles plus solides, ça va les rendre plus fragiles.
Sortie longue, fatigue résiduelle et risque de blessure : l’équation délicate
Courir vingt-cinq kilomètres deux jours après une séance traumatisante de dix kilomètres en chaussures minimalistes ? L’idée peut sembler courageuse, voire motivante pour certains. Mais dans les faits, elle est surtout risquée. Après un effort qui provoque une vraie casse musculaire, comme c’est souvent le cas avec les chaussures minimalistes ou un travail excentrique intense, les fibres musculaires ont besoin de temps — beaucoup plus de temps que ce que l’on croit — pour se régénérer.
Le délai de quarante-huit heures est souvent évoqué dans les plans d’entraînement classiques. Mais dans le cas d’une vraie micro-destruction musculaire, ce n’est pas suffisant. Forcer trop tôt, c’est compromettre le processus de reconstruction. Et courir une sortie longue dans cet état, c’est aller droit vers la rechute, la douleur, voire la blessure.
Comprendre ce qu’est la “casse musculaire”
Le terme de “casse musculaire” est souvent galvaudé. En réalité, il désigne un ensemble de micro-lésions au niveau des fibres musculaires, causées par un effort inhabituel, excessif ou mal anticipé. C’est notamment le cas après :
- une séance en dénivelé négatif (fortes descentes),
- un footing avec des chaussures minimalistes (moins d’amorti),
- des exercices excentriques non maîtrisés,
- ou encore une séance de musculation très chargée.
Ce phénomène est généralement suivi de douleurs musculaires à retardement (DOMS) qui apparaissent entre vingt-quatre et quarante-huit heures après l’effort. Ces douleurs ne sont pas anodines : elles indiquent que les fibres sont en cours de réparation.
Pourquoi 72h minimum sont nécessaires
Lorsqu’un muscle est endommagé, le corps enclenche un processus de reconstruction complexe. Le tissu musculaire se répare, se renforce, mais reste fragile pendant plusieurs jours. Si on court une longue distance avant que ce processus ne soit terminé, les fibres en cours de réparation sont à nouveau sollicitées, voire re-cassées.
Cela ne rend pas les muscles plus forts, bien au contraire. Cela les affaiblit. On entre alors dans une spirale contre-productive où le corps ne progresse plus, où la fatigue s’accumule, et où le risque de blessure chronique augmente (tendinite, déchirure, etc.).
C’est pourquoi, en cas de vraie casse musculaire, un délai de récupération d’au moins soixante-douze heures est recommandé. Certains physiologistes parlent même de cinq à sept jours pour un retour complet à la normale.
Et pour les traileurs ?
Chez les traileurs, ces situations sont fréquentes. Une séance en descente, une sortie sur terrain technique avec des chaussures plus légères, ou un test de matériel minimaliste peuvent suffire à déclencher une inflammation musculaire locale. Le réflexe est souvent de “passer outre” pour ne pas perturber son plan d’entraînement. C’est une erreur.
Le trail demande un corps résilient, pas juste motivé. S’obstiner à placer une sortie longue alors que le corps crie fatigue, c’est ignorer les signaux d’alerte. Et ce n’est pas un badge d’honneur. C’est une stratégie à court terme, qui peut saboter des semaines de préparation.
Mieux vaut décaler… et optimiser
Si une sortie longue était prévue quarante-huit heures après un effort traumatisant, il vaut mieux la décaler de deux ou trois jours. Ce n’est pas un échec, c’est une adaptation intelligente.
En attendant, d’autres séances peuvent être intégrées :
- Un footing très lent, sur terrain souple, si les sensations sont correctes ;
- Du vélo ou de la natation, pour garder un volume d’entraînement sans choc musculaire ;
- Un travail technique, comme de la proprioception ou du renforcement du tronc, si les jambes sont trop douloureuses.
Ce décalage permettra de faire la sortie longue dans de bonnes conditions, avec un corps capable d’en tirer des bénéfices — et non de la casse supplémentaire.
En résumé, faire une sortie longue deux jours après une séance de casse musculaire est déconseillé.
Non seulement cela retarde la récupération, mais cela fragilise davantage les fibres musculaires. Pour progresser durablement, il est préférable d’écouter son corps et de respecter un temps de repos suffisant — au moins trois jours — avant de repartir sur du volume. La clé du trail performant ne se trouve pas dans l’obstination, mais dans la patience et l’intelligence de l’entraînement.





