Au cœur du Grand Trail de la Vallée du Drâa, une conversation captée par Patrick Montel donne la parole à deux traileuses. Entre stratégie mentale, gestion du corps et parole libérée, l’extrait surprend par sa sincérité.
Scène ordinaire sur une course hors du commun : 35 kilomètres viennent d’être parcourus dans le désert marocain. Le soleil cogne, les jambes pèsent, mais les esprits restent légers. Devant la caméra de Patrick Montel, deux coureuses en tête du peloton évoquent avec une désarmante simplicité des sujets rarement abordés dans le milieu du trail.
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Une astuce intime partagée sans détour
La première surprise vient d’un échange sur une problématique aussi simple que quotidienne pour les femmes en course : comment faire pipi quand il n’y a ni cabane ni coin discret à l’horizon ? Sans détour, l’une des traileuses détaille une technique qu’elle a apprise en observant Laurence Klein lors du Marathon des Sables.
Laurence Klein est une légende de l’ultra. Championne d’Europe et vice-championne du monde du 100 km, elle détient toujours le record de France de la distance. Elle a remporté trois fois le Marathon des Sables, en 2007, 2011 et 2012. À plus de 50 ans, elle continue d’inspirer une génération entière de traileuses.
C’est en l’observant qu’Amélie, sur le Trail de la Vallée du Drâa, a appris sa fameuse technique “à genou” pour uriner en course.
Il suffit, explique-t-elle, de se placer légèrement à l’écart du sentier, de tirer sur le short, de poser un genou à terre, et de faire ce qu’il y a à faire. Un geste qui peut sembler trivial, mais qui reste encore largement tabou dans l’univers sportif.
Dans le même souffle, la discussion glisse vers une problématique plus profonde : la santé du périnée.
« Le périnée, on n’en parle pas assez », glisse la coureuse. Vieillissement, accouchements, mauvaise posture pendant les abdominaux… autant de facteurs qui fragilisent cette zone-clé du corps féminin, notamment chez les sportives d’endurance. Elle en profite pour rappeler l’importance des exercices adaptés, comme les abdominaux hypopressifs, bien plus bénéfiques que les classiques crunchs qui peuvent au contraire aggraver les choses.
Une parole libérée, rare sur les sentiers
Dans ce court extrait publié sur les réseaux sociaux, le naturel avec lequel les deux traileuses abordent ces questions frappe par sa rareté. On est loin des discours habituels sur la performance ou l’alimentation. Ici, on parle du corps tel qu’il est, sans filtre, avec ses contraintes, ses adaptations, ses réalités. Et la sincérité de l’échange semble faire écho chez de nombreuses femmes : les commentaires sous la vidéo témoignent d’un besoin de déverrouiller la parole autour de ces sujets encore trop souvent passés sous silence.
Pour Patrick Montel, qui accompagne régulièrement les courses de trail en France et à l’international, cette séquence illustre ce que ce sport permet aussi : un espace où la parole peut se libérer, loin des discours formatés, au plus près de l’humain.
L’arme mentale du « plus que »
Au-delà de ces considérations physiques, les deux coureuses échangent aussi sur une autre forme de stratégie, plus mentale cette fois : la méthode du « plus que ». À la question « vous êtes à quel kilomètre ? », la réponse fuse : « plus que 25 ». Loin de se concentrer sur la distance restante, elles préfèrent se projeter dans ce qu’il reste à accomplir comme une fraction maîtrisable. Une gymnastique mentale fréquente chez les ultra-traileurs, et qui illustre encore une fois la force de l’esprit sur les longues distances.
Le trail comme espace d’expression
Ce qui se joue dans cette séquence dépasse le simple cadre d’un ravitaillement ou d’un échange d’encouragements. On y voit un sport, le trail, souvent perçu comme austère ou silencieux, devenir un lieu d’expression, de solidarité, voire de pédagogie. Car parler de périnée, de miction en course ou de stratégie mentale, c’est aussi prendre soin de son corps, prévenir les blessures, et s’autoriser à être vulnérable.
En donnant la parole à ces femmes, Patrick Montel signe sans le vouloir une séquence forte. Un moment suspendu, au milieu du désert, où le sport se mêle à l’intime, et où la performance laisse un instant la place à la parole vraie.
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Mention éditoriale : cet article s’appuie sur une vidéo publiée publiquement par Patrick Montel sur ses réseaux sociaux, dans le cadre de sa couverture du Grand Trail de la Vallée du Drâa. L’extrait cité, la transcription et l’image d’illustration (capture d’écran) sont repris dans un but d’information, de citation et de contextualisation journalistique, conformément à l’article L122-5 du Code de la propriété intellectuelle.
L’image est utilisée à des fins d’illustration non commerciale et reste la propriété de son auteur.






