L’huile de noix de coco se présente comme une crème à température ambiante.
Elle a été propulsée au rang de superaliment avec la médiatisation du régime cétogène. C’est un régime principalement composé de matières grasses et presque exempt de glucides. Les prétendues vertus de l’huile de coco et de ce régime sont si bien ancrées qu’elles mé- ritent que nous nous y attardions plus longuement.
Concrètement, dans un régime cétogène, les lipides doivent représenter de 70 à 90 % des calories, les protéines de 10 à 20 %, et les glucides pas plus de 10 %1. Le but de ce régime est de produire un effet de jeûne par baisse de la glycémie, ce qui amène le foie à produire des corps cétoniques, qui sont alors utilisés comme carburants (en particulier, par les neurones).
Ce régime serait la solution à un grand nombre de maladies de civilisation (surpoids, diabète, cancers, Alzheimer…).
Si l’huile de coco tient une place de choix dans le régime cétogène, c’est en raison de ses acides gras un peu particu- liers : les triglycérides à chaîne moyenne (TCM). Ces acides gras seraient plus facilement brûlés pour produire de l’énergie que les triglycérides à chaîne longue (TCL), que l’on trouve en majorité dans les autres huiles.
Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela… Voyons ensemble cinq raisons qui expliquent que les promesses de l’huile de coco et du régime cétogène ne sont pas tenables.
1. L’huile de coco reste une graisse saturée
L’huile de coco contient plus de 90 % de graisses saturées (plus que le beurre). Or, qu’elles soient à chaîne longue, moyenne ou courte, les graisses saturées ne devraient pas représenter plus de 10 % des graisses que nous mangeons.
Il est vrai que les acides gras à chaîne moyenne de l’huile de coco pénètrent plus facilement dans les mitochondries. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont facilement brûlés… Le fait d’être saturés (les carbones qui forment leur chaîne sont tous occupés) les rend résistants à l’attaque par l’oxygène.
En général, les graisses saturées sont très peu combus- tibles et augmentent les triglycérides. Les triglycérides s’accumulent alors dans le foie et donnent des stéatoses, c’est-à-dire des foies gras (on en a observé dans les études sur les animaux soumis à un régime cétogène). 30 % des Français en surpoids sont déjà porteurs d’un « foie gras ».
Par ailleurs, les études montrent que le régime céto- gène fatigue et fait perdre de la masse musculaire.
Enfin, consommer de l’huile de coco suppose de consommer moins de ces huiles dont on a démontré qu’elles étaient incontestablement profitables dans tous les domaines de la santé: l’huile d’olive vierge riche en polyphénols et les huiles pauvres en graisses saturées, en oméga-6, et riches en oméga-3, comme l’huile de colza. Cela a donc un double effet négatif.
2. Le régime cétogène vous prive des meilleurs aliments pour votre santé
Si vous voulez suivre le régime cétogène à la lettre, vous devez supprimer les principales sources de glucides: fé- culents, céréales, mais aussi les légumes, légumineuses et fruits (à part l’avocat, du fait de sa richesse en graisses).
Vous vous privez alors d’une importante source de fibres, de polyphénols, de minéraux et d’antioxydants dont les effets protecteurs contre les cancers sont lar- gement démontrés.
D’autre part, promouvoir les graisses et les viandes, quelle que soit leur qualité, est totalement inacceptable. Une alimentation riche en graisses et en protéines ani- males est fortement inflammatoire. Or l’inflammation prépare le terrain de la plupart des maladies de civilisa- tion dont… les cancers et la maladie d’Alzheimer.
3. Se priver de glucides n’affame pas les cellules cancéreuses
L’efficacité du régime cétogène repose surtout sur l’idée que les cellules cancéreuses se nourrissent de glucides. En réduisant drastiquement ces derniers dans l’alimen- tation, on pourrait donc affamer les cellules cancéreuses.
Or on a démontré que les tumeurs ne privilégiaient pas que le glucose, mais aussi les acides gras et la glutamine (un acide aminé issu de la déconstruction des fibres muscu- laires). Or des chercheurs ont également démontré que la perte de masse musculaire était l’un des effets secondaires du régime cétogène, ce qui apporte plus de carburant aux cellules cancéreuses et affaiblit les résistances du malade.
4. La maladie d’Alzheimer est plus complexe que cela
Quelques études chez l’animal ont montré que le ré- gime cétogène entraînait une réduction des dépôts bêta-amyloïdes2. Mais toutes celles réalisées chez l’homme se sont soldées par un échec: le fait de ré- duire les dépôts bêta-amyloïdes n’a mené à aucune amélioration clinique de la maladie.
Dans une petite étude réalisée au Colorado en 2004, vingt patients présentant un déclin cognitif ou une ma- ladie d’Alzheimer ont reçu des TCM ou un placebo. À la fin de l’étude, quatre patients ont montré une légère amélioration dans les tests cognitifs, mais quatre autres aucune. Une étude sur un si petit nombre de patients avec de tels résultats n’a aucune valeur.
5. Le régime cétogène entraîne de nombreux effets secondaires
Les effets secondaires les plus fréquemment observés sont la mauvaise haleine – due à un des corps céto- niques, l’acétone (ou halitose) –, des nausées, de la constipation, des maux de tête, de la fatigue, de la fati- gabilité à l’effort.
Les dangers pour l’enfant en sont des carences et une altération de la croissance. L’impact sur le développe- ment cérébral et les fonctions cognitives n’a pas été étudié chez lui.
Pour l’adulte, les dangers d’une utilisation dépassant plu- sieurs mois de ce type de régime totalement déséquilibré sont des carences d’apports en vitamines et minéraux,
une dyslipidémie (altération des graisses circulantes dans le sang: triglycérides, cholestérol LDL), une accumula- tion de graisses dans le foie (stéatose, ou foie gras), des vasculopathies et une perte de masse musculaire.
Les corps cétoniques sont acidifiants et favorisent les pertes urinaires en calcium. Cela entraîne à long terme une déminéralisation osseuse et une élévation des risques d’ostéoporose et de fractures.
La montée des corps cétoniques dans le sang donne une cétonémie. Au-delà d’un certain seuil, des corps cétoniques passent dans les urines : c’est la cétonurie.
La montée excessive des corps cétoniques entraîne une baisse du pH sanguin, une acido-cétose. Cette aci- do-cétose provoque une fuite du glucose et du potas- sium dans les urines, une déshydratation, des tachy- cardies, des arythmies cardiaques et une hypotension qui peut mener au coma et être mortelle.
Chez les diabétiques de type 2, le régime cétogène accélère l’apparition des complications micro-angiopathiques.
Chez les diabétiques de type 1, qui traitent mal le glucose et produisent déjà des corps cétoniques, un régime cétogène peut être mortel et est, évidemment, totalement décommandé.
Les vrais superaliments ne sont pas ceux que vous croyez
Les seuls cas dans lesquels vous pourriez profiter du régime cétogène
Le régime cétogène remonte à 1921. Il a été pensé par le Dr Russel Wilder pour améliorer des cas d’épilepsie rebelles aux traitements. Il a depuis été préconisé pour accompagner certaines maladies génétiques rares, telles que la maladie de Vivo (un défaut de captation de glucose dans le cerveau). Ce sont les seules indications aujourd’hui accep- tées du régime cétogène.
En aucun cas, ce régime n’est recommandé pour faire face au cancer ou à la maladie d’Alzheimer.
Pas non plus pour perdre du poids ou traiter un diabète, ou encore augmenter ses performances sportives (les études montrant qu’il fatigue). Ce régime très déséquilibré et très strict ne peut être suivi que sur prescription médicale et doit être encadré par des diététiciens spécialisés
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