Le trail est passé en quelques années du statut d’activité amateur à celui de discipline professionnelle pour une grande partie des élites. Ces athlètes de haut niveau sont désormais entourés d’un véritable staff : coach, kiné, médecin, agent, parfois même avocat. Une structure qui ressemble plus à une petite entreprise commerciale qu’à une simple équipe sportive.
Il ne faut pas se mentir : aujourd’hui, le trail de haut niveau génère beaucoup d’argent.
Et qui dit argent, dit intérêts. Ces élites ne jouent plus seulement leur saison, mais bien leur avenir professionnel et financier. C’est précisément là que la mécanique peut devenir malsaine. Quand tout le monde — athlètes, marques, organisateurs — est lié par le même moteur : le profit.
Dès lors, les valeurs de la discipline s’effacent progressivement. Tout le monde mange dans la même gamelle, et certains athlètes deviennent si populaires, si « bankables », qu’ils finissent protégés. Y compris dans les contrôles antidopage.
On imagine mal un organisateur se tirer une balle dans le pied en disqualifiant une tête d’affiche qui fait la notoriété — et donc la rentabilité — de son événement. Le risque d’un scandale, l’ombre d’un contrôle positif, sont des sujets souvent mis sous silence. Comme dans le cyclisme des années 90, avant que l’affaire Festina n’éclate. Personne ne veut crever l’abcès car chacun a quelque chose à perdre.
Le trail est devenu un business.
Pour les marques, pour les organisateurs, pour les athlètes. Et ce business repose parfois sur une spirale dangereuse, faite de non-dits, de tricheries et de mensonges, où la survie financière de certains passe avant l’honnêteté sportive.
Des records tombent, des performances interpellent. Et la question se pose : quand la vérité éclatera-t-elle ? Faudra-t-il attendre des preuves concrètes ? Tant qu’aucune organisation indépendante et neutre ne se chargera des contrôles, rien ne changera vraiment.
Aujourd’hui, ces contrôles sont souvent pilotés par les organisateurs eux-mêmes, sans aucune communication publique sur les résultats. Tout reste en interne. Une opacité assumée pour ne pas entacher l’événement. Pourtant, chaque coureur paie son dossard. Et dans ce dossard, il paie aussi une partie des contrôles… qui ne sont jamais rendus publics.
Affaire à suivre.