Il se présente comme un défenseur acharné de la nature, milite pour des courses plus durables, critique la surconsommation dans le sport… et pourtant, Kilian Jornet accumule les contradictions. Sa dernière sortie ? S’entraîner dans une pièce chauffée à 45 °C en Norvège pour s’adapter à la chaleur de la Western States. Une méthode que beaucoup jugent difficilement compatible avec ses discours pro-climat. Tour d’horizon d’un champion qui dit beaucoup… et fait parfois tout l’inverse.
écologie Kilian Jornet
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Une pièce chauffée à 45 °C, vraiment ?
Pour préparer la Western States 100, course mythique californienne réputée pour ses températures caniculaires, Jornet s’est enfermé chez lui en Norvège, dans une pièce surchauffée artificiellement à 45 °C. Il s’entraîne des heures sur tapis de course dans cet environnement simulé, à l’opposé de la sobriété énergétique qu’il prône dans ses prises de parole. L’image a choqué jusque dans les rangs de ses fans.
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Une fondation écolo… mais des voyages en avion fréquents
La Fondation Kilian Jornet, créée en 2020, vise à préserver les montagnes et à sensibiliser à l’impact du changement climatique
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Cependant, l’athlète catalan continue de participer à des compétitions internationales, impliquant des déplacements aériens fréquents. En 2022, il a déclaré avoir effectué un voyage long-courrier aux États-Unis et trois déplacements en Europe, reconnaissant que la mobilité constituait la majeure partie de son empreinte carbone.
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En 2019, son empreinte carbone annuelle s’élevait à 14,8 tonnes de CO₂, dont 11 tonnes liées aux transports, principalement aériens
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Bien qu’il ait cherché à réduire ses déplacements ces dernières années, son mode de vie reste en contradiction avec les principes de réduction de l’empreinte carbone qu’il défend publiquement.
L’Himalaya et l’Everest : l’exploit à quel prix ?
En mai 2017, Kilian Jornet a réalisé deux ascensions de l’Everest en moins d’une semaine, sans oxygène supplémentaire ni cordes fixes, en style alpin. La première, le 22 mai, a été effectuée depuis le monastère de Rongbuk (5 100 m) jusqu’au sommet en 26 heures. La seconde, le 27 mai, est partie du camp de base avancé tibétain (6 500 m) et a duré 17 heures (source officielle).
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Un an plus tôt, en 2016, il avait dû renoncer à une première tentative en raison des conditions météorologiques
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Si l’exploit est incontestable sur le plan athlétique, il pose question sur le plan environnemental. Ces expéditions impliquent des vols long-courriers vers le Népal ou le Tibet, du matériel technique envoyé sur place, parfois des équipes de tournage pour documenter les performances. Ce mode de fonctionnement est difficile à concilier avec ses prises de position très affirmées en faveur de la réduction de l’empreinte carbone dans le sport outdoor.
Par ailleurs, ces ascensions ont suscité des doutes, certains observateurs ayant remis en question la traçabilité exacte de ses parcours en raison de preuves visuelles et GPS limitées.
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En 2019, Jornet a tenté une nouvelle ascension de l’Everest, mais a dû faire demi-tour à environ 8 300 mètres en raison de conditions météorologiques défavorables .
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Des partenariats produits pas toujours cohérents
Jornet a collaboré avec des marques comme Salomon, Suunto ou NNormal, dont il vante la volonté de produire durablement. Pourtant, les équipements utilisés restent issus de filières industrielles, parfois complexes à recycler. NNormal se veut plus vertueuse, certes, mais sa production est loin d’être artisanale, et son marketing repose aussi sur la rareté et le prestige – donc la consommation.
Des projets “propres”… qui ne le sont pas
Kilian a aussi défendu l’idée de performances “propres”. Mais plusieurs de ses films ou projets médiatiques en haute montagne ont été tournés avec des moyens motorisés, notamment pour des raisons de sécurité ou de production vidéo. Là encore, entre l’idéal affiché et les moyens mobilisés, l’alignement laisse à désirer.
Une dénonciation sélective de la commercialisation du trail
Kilian Jornet a publiquement critiqué la dérive commerciale de certaines courses, notamment en appelant au boycott de l’UTMB en 2022, après son rachat partiel par le groupe Ironman. Il dénonçait alors une logique d’industrialisation du trail, contraire aux valeurs qu’il défend. Pourtant, il n’a jamais exprimé de critiques similaires à l’égard d’autres événements tout aussi médiatisés, comme la Western States 100, pourtant également soutenue par de grandes marques et impliquant une logistique lourde. Ce positionnement, parfois perçu comme cohérent, peut aussi sembler sélectif selon les courses, les sponsors, ou les moments.
Kilian Jornet n’est ni un monstre d’hypocrisie, ni un modèle irréprochable. Il est, comme beaucoup, pris dans les contradictions entre discours militant et vie d’athlète international. Mais son statut de figure mondiale du trail impose une certaine cohérence. À force de dire aux autres ce qu’ils doivent faire… il ne faudrait pas qu’on regarde trop de près ce qu’il fait lui-même.
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Cet article d’analyse s’appuie sur des faits vérifiables, des déclarations publiques de Kilian Jornet, ainsi que sur des éléments de sa carrière librement accessibles (blog personnel, réseaux sociaux, médias spécialisés, et fondation officielle).
Il vise à mettre en lumière, de manière argumentée, les contradictions possibles entre les engagements environnementaux de l’athlète et certaines de ses pratiques, notamment en matière de mobilité, de logistique sportive et de communication.
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