Après la polémique qui a secoué le Tor des Géants (François d’Haene a été injustement accusé d’avoir utilisé des pacers), une question est revenue sur le devant de la scène : faut-il autoriser les pacers pour tous les concurrents et assouplir les règles de l’assistance sur l’UTMB ?
Julien Chorier, directeur sportif de l’UTMB, nous livre son avis sur cette pratique encore controversée en Europe.
Par Gaël Dutigny, correspondant permanent aux États-Unis.
Des pacers à l’UTMB 2025 ? Avec Julien Chorier, directeur sportif de l’UTMB Group.
La réponse, c’est : non. Alors, le “pacing” et tous ces “pacers” nourris aux Corn-Flakes made in USA, n’est-ce pas un peu de la triche quand même ? Ben, non. Toujours pas non. Explications.
Video : interview de Julien Chorier
pacers # UTMB 2025
La vraie raison des pacers à l’américaine, c’est avant tout, comme le dit Julien avec justesse, une question de sécurité.
On le sait, les courses américaines offrent très peu de dossards – moins de 400 coureurs à la Western States ® 100-Mile Endurance Run chaque année par exemple. La faible densité de participants fait que les coureurs peuvent vite se retrouver bien seuls. C’est le problème.
Ces courses américaines se courent aussi souvent dans des endroits plus sauvages qu’en Europe, où une faune un peu plus rock’n’roll fait partie intégrante du paysage. Il n’est donc pas rare de croiser des animaux dangereux : des serpents venimeux qui se font chauffer au soleil à plat ventre sur le chemin aux gentils pumas, jaguars, bobcats et autres lynx des neige qui peuvent te tendre des pièges à la tombée de la nuit pour te bouffer au petit matin, et jusqu’aux ours mal léchés bien entendu.
Bon, il y a aussi les scorpions et de bien vilaines petites araignées, mais à moins de mettre la main sur une vielle branche et de manquer grave de bol, tu ne risques pas grand-chose quand tu es lancé à toute berzingue dans le single track.
Voilà. Conclusion, et comme personne n’a jamais de téléphone satellite dans le sac à dos : il vaut mieux ne pas se balader tout seul sur les sentiers américains les plus reculés pour faire du trail running, même pendant une course organisée. D’où le ou les pacers. C’est l’idée.
Ensuite, aux USA, mis à part le sympa mais givré Karl Meltzer, tous les coureurs élites les utilise. C’est en effet pour eux un gain évident dans les domaines suivants : la motivation (allez Luigi remue-moi tes grosses fesses !), l’information (il te reste 30% à faire à 62% de ta VO2max là Jean !), la stratégie (on va éteindre nos frontales pendant 25 min histoire de mettre les jetons au mec de devant). Mais en aucun cas, mis à part quelques courses rares comme le mythique Leadville Trail 100 dans le Colorado, le pacer a le droit de porter les affaires du coureur. Et non. Le pacing c’est donc d’un accompagnement amical, un soutien psychologique (important ça !) et une assistance de sécurité. Un porte-flingue quoi.
Et c’est exactement ce que dit notre Juju national dans cette première partie de l’interview. Affaire à suivre.
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