Une condamnation historique rappelle que la loi s’applique aussi aux coureurs, coachs et influenceurs du monde du trail
La transparence n’est plus une option dans le trail.
Depuis la loi du 9 juin 2023, tout contenu lié à une marque contre avantage doit annoncer clairement sa nature commerciale. Le 10 octobre 2025, l’influenceuse Maeva Ghennam a été condamnée à 1 an de prison avec sursis et 150 000 € d’amende pour des promotions sans mention explicite. Publier sans le dire, c’est de la publicité déguisée et cela peut tomber au pénal. Coureurs, coachs, médias : dans la course à l’influence, la règle est la même pour tout le monde. Afficher la collaboration dès l’ouverture du post protège à la fois l’audience et la crédibilité.
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La loi est pareille pour tout le monde : même pour les influenceurs sportifs
Le message est clair et il ne vise pas que la télé-réalité. Depuis la loi du 9 juin 2023, la transparence s’impose à tous les créateurs et athlètes qui monétisent leur audience. Si un coureur, une coureuse, un coach publie un contenu en lien avec une marque en échange d’une contrepartie, l’intention commerciale doit être annoncée de façon immédiate, visible et compréhensible.
À défaut, la justice peut requalifier le post en publicité déguisée, c’est-à-dire une pratique commerciale trompeuse.
Ces règles ne relèvent pas du « débat » : elles sont écrites noir sur blanc dans la loi et précisées par les autorités de contrôle. Le 10 octobre 2025, l’influenceuse Maeva Ghennam a été condamnée à 1 an de prison avec sursis et 150 000 € d’amende pour des promotions sans annonce de l’intention commerciale. Qu’on parle minceur, cosmétique, finance… ou nutrition, plan d’entraînement ou matériel de course, le principe ne change pas : l’audience doit savoir, dès l’ouverture du contenu, qu’il s’agit d’une collaboration commerciale.
La « publicité » non identifiée peut être qualifiée de pratique commerciale trompeuse. En France, le plafond théorique est de 2 ans d’emprisonnement et 300 000 € d’amende, avec des mesures complémentaires possibles (retraits, injonctions, astreintes).
Ce que la loi exige, concrètement, dans le trail
La règle est d’une simplicité désarmante. Si un contenu est réalisé en contrepartie d’un avantage, même en nature, l’auteur doit afficher en français une mention explicite, visible d’emblée, qui ne prête pas à confusion. Les autorités recommandent des termes clairs comme « Publicité » ou « Collaboration commerciale ».
L’icône d’une plateforme ne suffit pas si, dans la pratique, l’abonné ne comprend pas immédiatement la nature commerciale du post. Ce principe vaut pour une vidéo test chaussure, une publication présentant une marque au départ d’une course, un post d’ambassadeur ou un contenu rémunéré avant un grand rendez-vous.
Le diable se cache dans l’omission. Dès lors qu’il existe un accord avec une marque, une dotation, un cachet, une invitation ou tout autre avantage, se taire sur ce lien devient problématique.
Le trail n’échappe pas au droit commun
Certains pensent encore que « l’authenticité » du trail, ses paysages, sa culture de la débrouille, rendrait ces règles secondaires. C’est l’inverse. Parce que la relation entre coureurs et audience repose sur la confiance, la transparence devient un atout compétitif.
Les marques sérieuses exigent d’ailleurs cette conformité, et les athlètes pros qui l’assument ne voient pas leur crédibilité baisser. Le public distingue très bien un partenariat annoncé d’un discours qui se prétend indépendant quand il ne l’est pas.
« Publicité — Ce contenu est réalisé en collaboration avec Marque. J’ai reçu une dotation et un soutien pour ma saison. Mon avis reste personnel. » La mention doit apparaître immédiatement et rester visible pendant toute la durée de lecture.
Le vrai problème : la critique a disparu
Dans le trail, beaucoup d’influenceurs ne critiquent plus rien parce qu’ils vivent de leurs partenariats. Tout paraît “génial”, “révolutionnaire”, “validé” — même quand la semelle patine sous la pluie, que la pointure taille étroit, ou que la batterie se vide en hiver, que la poudre de récupération fait des grumeaux. Ce n’est pas un détail éditorial, c’est un conflit d’intérêts.
Ce qu’attendent les lecteurs de trail
Une vraie info produit, c’est reconnaître les limites autant que les qualités, préciser pour quels terrains et quels profils ça marche, et dire quand ça ne convient pas. C’est aussi expliquer ce qui a été testé, combien de sorties, sur quels dénivelés et quelles conditions. Tant que la critique négative est évacuée au nom du sponsoring, l’écosystème s’affadit, la confiance chute et la performance elle-même devient suspecte.
Transparence ≠ sincérité
Écrire « collaboration commerciale » ne suffit pas. Sans points faibles clairement exposés, c’est un publireportage. Une communauté de coureurs attend des avis utiles, pas des superlatifs.
En résumé, courir droit, c’est aussi publier droit
Dans le trail comme ailleurs, un partenariat assumé vaut mieux qu’une ambiguïté. Afficher clairement l’intention commerciale, éviter toute promesse infondée, contextualiser la relation avec la marque : trois réflexes simples pour rester dans la légalité et préserver la confiance. L’époque des « oublis » est terminée. La loi est la même pour tout le monde et elle s’applique déjà.
Les marques aussi peuvent être tenues responsables. En cas de contrôle, elles doivent prouver qu’elles ont bien exigé de leurs partenaires une communication conforme à la loi. Ne pas signaler une collaboration peut engager leur responsabilité.
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