Ces derniers mois, les compétitions ayant été réduites comme peau de chagrin, c’est presque naturellement que le gros des pelotons s’est déplacé vers des sentiers pour courir un peu plus en off. Et si la majorité des personnes gère bien ses sorties, nous ne sommes jamais à l’abri d’un petit problème, d’un incident ou autre. La question à se poser (et qui revient un peu à chaque fois que les secours doivent intervenir) est de savoir s’il faut faire payer les interventions aux coureurs imprudents.
Les secours en trail : l’état n’a pas à payer pour les imprudents
Quand se penche un peu plus sur les interventions des secours, on apprend qu’elles sont assez spectaculaires pour qu’on en parle. Cela implique qu’elles vont forcément se trouver en des endroits un peu spéciaux, genre en montagne.
En parallèle, elles vont assez régulièrement concerner des personnes qui ont plus joué d’imprudence que de malchance. Les interventions pour randonneurs et traileurs épuisés ou mal équipés, voire im-préparés ont de quoi énerver (ce n’est pas Mr. Peillex qui dira le contraire), et peuvent pousser à se dire que ceux qui se font sauver par excès d’imprudence devraient s’acquitter des frais de sauvetage.
Les secours en trail : un accident est vite arrivé
D’un autre côté, on n’est jamais à l’abri d’un accident. Tout le monde peut être concerné.
Quand on part pour plusieurs heures, on peut être expérimenté et rater une racine, glisser sur un rocher un peu plus humide, ou avoir une défaillance. Si le fait de se prendre pour un expert donne l’illusion que rien ne peut nous arriver, c’est se mettre le doigt dans l’œil. L’accident du coureur dans les Pyrénées en est un parfait et malheureux exemple. On peut être concentré et préparé autant que possible, l’accident est toujours possible. Et je ne suis pas certain qu’il faille faire payer seulement aux responsables pour cela.
Impossible de différencier un accident d’une maladresse
Le problème fondamental, c’est qu’il est très difficile de faire la différence entre un accident dû à de l’imprudence d’une maladresse.
L’autre problème est qu’à chaque fois qu’on a envie de faire payer aux gens leur imprudence, on aura plus facilement tendance à pardonner la même chose à un coureur aguerri.
Par exemple, admettons que je cours sur un sentier dans le massif de Belledonne, que je me torde salement la cheville et qu’on doive me secourir. Je vais me faire tomber dessus par toute une flopée de malins qui diront que je dois payer. Admettons désormais que trois jours après, Xavier Thévenard, Thibaut Baronian ou François d’Haene se fasse la même blessure au même endroit ; je suis absolument convaincu qu’on leur pardonnera en disant que ça peut arriver à tout le monde. Parce que eux sont des professionnels et moi seulement un amateur. Or, l’application des lois doit être la même pour toutes et tous, c’est d’ailleurs pour ça que la justice est aveugle.
A partir de l’impossibilité de faire cette différenciation, je ne pense pas qu’il faille faire payer aux personnes secourues les frais de secours, du moins par défaut. Je dis ça, car si on doit intervenir pour quelqu’un qui fait de la randonnée en tongs sur le mont-blanc, là…