Ce n’est pas l’allure qui compte, c’est l’effort qu’elle coûte
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Sur route, tout est lisse. Un chrono de 5:00/km affiche votre niveau avec une précision chirurgicale. Sur trail, ce même chiffre devient flou, parfois trompeur. L’allure de 12 km/h ? Elle est rarement atteinte, jamais constante, souvent sans intérêt. Ce n’est pas une critique : c’est la nature du terrain. Voici pourquoi il faut se méfier des allures fixes quand on quitte le bitume.
12 km/h = 5:00/km… une référence qui rassure
Repères d’allure en course à pied
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– À 8 km/h, vous êtes à 7 min 30 par kilomètre.
– À 10 km/h, vous tournez à 6:00/km, soit un 10 km en une heure.
– À 12 km/h, vous courez à 5:00/km — objectif 10 km en 50 minutes.
– 14 km/h vous place à 4:17/km, idéal pour passer sous 1 h 30 au semi.
– À 15 km/h, c’est 4:00/km, puis 3:45/km à 16 km/h (semi en 1 h 19).
Les niveaux compétiteurs tournent à 18 km/h (3:20/km) ou 20 km/h (3:00/km), soit un 10 km en 30 minutes.
Sur bitume, 12 km/h est une allure très utilisée. Elle permet de situer un coureur sur des formats comme le 10 km (en 50 minutes), le semi-marathon (1 h 45) ou le marathon (3 h 30). C’est une allure dite d’endurance active : pas facile, mais soutenable. Elle sert de base à de nombreux plans d’entraînement, car elle incarne un bon compromis entre vitesse et durabilité. En ce sens, c’est une excellente référence… tant que le terrain reste plat.
Tableau de conversion vitesse allure

Mais en trail, les chiffres ne racontent plus la vérité
Posez ce 5:00/km sur un sentier rocailleux, dans une montée ou sous 30 °C, et vous verrez : ça ne passe plus. Pas parce que vous êtes moins bon, mais parce que l’allure devient incapable de refléter l’effort réel. Le cœur bat plus vite, les jambes brûlent, et pourtant votre montre affiche 6:30/km. Une contre-performance ? Non. Une transformation. L’allure n’est plus un indicateur fiable. Ce qui compte, c’est la charge physiologique.
L’exemple du “Grade Adjusted Pace” : une allure corrigée
Certaines montres ou applis comme Strava utilisent une donnée appelée allure corrigée de la pente (GAP). L’idée est simple : une montée à 7:00/km peut être l’équivalent d’un 5:00/km sur plat. L’intensité est la même, mais l’allure brute est faussement dégradée. Ce principe illustre parfaitement pourquoi 12 km/h ne veut rien dire en trail : parce que vous pouvez produire le même effort à 8, 9 ou 10 km/h selon les conditions. Et parfois, marcher vite sera plus rentable que courir à 12.
S’entraîner avec 12 km/h en tête… mais pas dans les jambes
La bonne stratégie consiste à utiliser 12 km/h comme repère de sensation. Sur piste ou sur route, vous apprenez à ressentir ce rythme : foulée, souffle, posture. Ensuite, vous transposez. En montée, vous acceptez de ralentir tout en gardant l’intensité. En descente, vous relâchez sans excès. Sur les sentiers, votre GPS ne vous dira plus si vous êtes “à 12”, mais votre respiration oui.
Les facteurs qui rendent 12 km/h impossible… ou inutile
La chaleur est un ennemi sous-estimé. Courir à 12 km/h par 10 °C et par 28 °C, ce n’est pas la même histoire. L’hydratation, les électrolytes, la nutrition pèsent lourd. Ensuite, le terrain : racines, cailloux, sable, boue… tout ralentit sans avertir. Enfin, le relief. Une montée douce casse déjà le tempo. Une vraie côte le pulvérise. Vouloir “tenir 12” devient alors un non-sens, voire un piège.
Une allure adaptée à la route, pas au trail
12 km/h reste une bonne cible pour les coureurs sur bitume. Mais en trail, ce qui compte, c’est l’intensité perçue, la zone cardio ou la puissance développée (si votre montre le permet). Un bon traileur ne cherche pas à coller à une allure fixe. Il adapte son effort, conserve ses forces, maximise son efficacité. La réussite ne se lit pas à l’écran, elle se vit sur le terrain.
Le vrai indicateur : la régularité d’effort
Sur une sortie vallonnée, vous pouvez afficher des variations énormes d’allure tout en restant stable en effort. 5:30/km dans les descentes, 8:00/km dans les montées, 6:00/km sur le plat… mais toujours dans la même zone cardiaque. Le corps encaisse mieux, vous tenez plus longtemps, et paradoxalement, vous irez plus vite à la fin. Voilà pourquoi viser une allure constante comme 12 km/h peut desservir au lieu d’aider.
En résumé, 12 km/h, c’est un repère utile… sur tapis, sur piste, sur route.
En trail, il faut l’oublier comme objectif rigide. Ce n’est pas le chiffre qui compte, c’est l’énergie qu’il vous coûte. Si vous comprenez ça, vous courez mieux, plus longtemps, avec plus de plaisir. Et c’est bien là l’essentiel.
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