Le thé vert matcha est une poudre obtenue par un broyage fin des feuilles entières de thé vert entre deux meules de pierre. C’est aussi un incontestable superaliment. En effet, sa teneur en polyphénols atteint, à poids égal, 137 fois celle d’une infusion de thé vert. Les polyphénols dominants dans le thé vert sont de la famille des catéchines, dont le plus puissant est le fameux EGCG, l’épigallo-catéchine-gallate.
Il existe aussi des tanins, qui sont des polyphénols à longue chaîne (inabsorbables). Ils bloquent le fer dans vos intestins et l’entraînent dans les toilettes, ce qui protège le tube digestif et le reste de l’organisme des effets indé- sirables du fer (pro-oxydant, pro-inflammatoire et proliférateur d’agents infectieux et de cellules cancéreuses).
Les catéchines bloquent les minéraux corrosifs (comme le fer et le cuivre) dans les organes, dans les tissus conjonctifs, comme les cartilages, les tendons, les fascias, les couches externes des vaisseaux. Ils sti- mulent aussi l’hormésis, un ensemble d’opérations de réparation et de sauvegarde des cellules associant répa- ration de l’ADN, évacuation des protéines endomma- gées par autophagie (recyclage par digestion), multi- plication des mitochondries (centrales énergétiques), amplification du rendement des calories, optimisation des défenses antitoxiques et anti-infectieuses.
De nouvelles recherches montrent que les polyphé- nols favorisent les bactéries amicales de la flore du cô- lon. Et nous savons maintenant combien celle-ci est importante en cas de surpoids, de diabète, de maladies
cardio-vasculaires, de maladies neurodégénératives et même de troubles psychiatriques.
Ce sont les polyphénols qui aident les plantes à survivre aux stress – car elles ne peuvent pas fuir – : manque d’eau, de nourriture, excès de chaleur ou de froid, attaques par des agents infectieux, des prédateurs ou des toxiques. Quand nous ingérons des polyphénols, ils ont les mêmes effets sur nous, car nous partageons de nombreux gènes avec les plantes. Par ailleurs, la culture bio est plus stres- sante pour les plantes (absence d’engrais et de pesticides) et produit des végétaux plus riches en polyphénols.
Des milliers d’études ont décrit les effets santé des caté- chines, et en particulier de l’EGCG. Les catéchines de thé vert optimisent le métabolisme énergétique et amé- liorent la tolérance au glucose. Elles agissent comme anti-inflammatoires, anti-hypertenseurs (comme le thé noir), cardioprotecteurs (et l’amélioration de la circula- tion se répercute sur le cerveau), neuroprotecteurs, an- tistress (le stress augmente la pénétration du fer dans les neurones et « fusille » ceux de l’hippocampe via le corti- sol), antitoxiques et anticancers.
Matcha, surpoids et diabète
Prendre des catéchines accroît de 17 % la combustion des graisses. Un groupe de personnes en surpoids ayant reçu des catéchines pendant trois mois a brûlé 183 calories de plus par jour et perdu 3,6 kg de plus que le groupe témoin.
Les chercheurs pensent que cet effet n’est pas seule- ment thermogénique, mais qu’il est aussi dû à la pro- duction de plus d’acides organiques par les bactéries du côlon, comme le propionate qui retentit à la fois sur la satiété et la vitesse de la vidange de l’estomac.
Par ailleurs, des chercheurs de l’université du Connec- ticut ont découvert un mécanisme tout à fait inatten- du: le thé vert inhibe l’absorption des graisses dans le tube digestif (notamment grâce aux EGCG). Cela explique que l’une des indications les plus populaires aujourd’hui du thé vert matcha soit le surpoids.
Par ailleurs, les polyphénols augmentent la captation du glucose par les cellules, améliorent la sensibilité à l’insuline et sont anti-inflammatoires. Tous ces méca- nismes (et l’effet positif sur la flore) expliquent que le matcha s’est montré (dans différentes études) aussi antidiabétique que les médicaments.
Matcha et stress
Le stress est pro-inflammatoire. Il peut contribuer au surpoids et au diabète. Il est aussi impliqué dans les maladies allergiques, cardio-vasculaires et neurodégénératives.
Dans une cohorte de 42 093 Japonais âgés de 40 ans ou plus, la consommation d’au moins cinq tasses de thé vert par jour était corrélée à une réduction de 20 % des scores de stress en comparaison avec ceux qui en consomment une tasse maximum par jour.
Des effets antistress ne sont pas attribués aux seuls po- lyphénols, mais aussi à la théanine, un autre principe actif. Une étude menée chez 34 volontaires sains de 18 à 40 ans a montré, par la magnéto-encéphalogra- phie et la mesure du taux de cortisol (une hormone qui monte suite au stress), que la prise de théanine diminuait le stress.
Matcha et AVC
La synthèse de trois études a montré que les consom- mateurs de thé bénéficiaient d’une réduction moyenne du risque d’accident vasculaire cérébral de 24 %.
Dans une synthèse encore plus vaste de vingt-deux études portant sur 856 206 personnes, la consommation
de trois tasses de thé vert par jour était associée à une réduction de 27 % de tout type d’accident cardio-vascu- laire et de 26 % de la mortalité de cause cardio-vasculaire.
Matcha et cancers
De très nombreuses études convergent pour classer le thé vert parmi les agents de « chimioprévention » des cancers. Une étude comparative des polyphénols ayant ces propriétés chimiopréventives dans tous ces types d’études en est arrivée à la conclusion que les deux plus puissants, dans l’état des connaissances ac- tuel, étaient l’EGCG et la curcumine.
Après une colonoscopie, 125 patients ayant été trou- vés avec des polypes cancéreux ont été divisés en deux groupes. L’un a reçu l’équivalent de dix tasses de thé vert en complément pendant un an, l’autre un pla- cebo. Au bout d’un an, la deuxième colonoscopie a trouvé des polypes cancéreux chez 31 % des partici- pants au groupe placebo et chez 15 % des participants au groupe thé vert.
Les consommatrices de trois tasses de thé vert par jour bénéficient d’une substantielle protection contre les risques de cancer du sein – moins 37 % en moyenne.
Une étude japonaise sur près de 50000 personnes a constaté que ceux qui buvaient cinq tasses ou plus de thé vert par jour voyaient leur risque de cancer de la prostate baisser de 48 %. Dans une étude chinoise cas- contrôle, ce risque chute de 73 %.
Une étude en double aveugle a été menée à l’univer- sité de Parme chez 60 hommes atteints d’un stade dé- butant de cancer de la prostate. Parmi les 30 hommes supplémentés par 600 mg de catéchines de thé vert par jour pendant un an, on n’a trouvé qu’un seul can- cer (3 %) alors qu’on en a découvert 9 dans le groupe placebo (30 %).
Le thé vert n’a pas fini de nous surprendre. Des chercheurs de l’université de l’Alabama ont révélé que le thé vert, non seulement par voie externe mais aussi par voie interne, atténuait le caractère carcinogène des rayonnements ultraviolets sur la peau. Consé- quence : les consommateurs de thé vert font moins de mélanomes !
Du matcha pour votre cerveau
Visiblement, les polyphénols du thé vert vont aussi dans le cerveau.
Selon les Singapore Longitudinal Ageing Studies, les consommateurs de thé connaissent un déclin cognitif moins rapide que ceux qui n’en boivent pas : consom- mation faible, moins 44 % ; consommation modérée, moins 55 % ; consommation élevée, moins 63 %.
Ces conclusions ont été confirmées par de nom- breuses autres études. Par exemple, une étude japo- naise, où le risque de déclin cognitif a d’abord été me- suré chez ceux qui buvaient 1 à 3 tasses de thé vert par semaine. Par rapport à ce groupe de référence, ceux qui buvaient 4 à 6 tasses de thé vert par semaine béné- ficiaient d’une réduction de 38 % du risque de déclin cognitif. Et 54 % de moins chez ceux qui buvaient au moins 14 tasses de thé vert par semaine. Les méta- analyses confirment un effet « dose-réponse » : plus la consommation de thé vert est élevée, plus la neuroprotection augmente.
D’autres études ont mis en évidence une amé- lioration des fonctions cognitives chez les per- sonnes qui avaient déjà subi un déclin, et un effet inhibiteur sur la formation des plaques bêtaamyloïdes (anti-Alzheimer).
Autres effets du thé vert matcha
De nombreuses études confirment les effets antivi- raux de l’EGCG sur le virus influenza (de la grippe), celui de l’hépatite C, l’Epstein Barr Virus de la mono- nucléose infectieuse.
Mais les chercheurs ont aussi souligné que le thé vert avait des propriétés protectrices contre de nom- breux polluants et toxiques, comme les perturbateurs endocriniens.
Des fumeurs qui consomment du thé vert ont bénéficié au bout de quatre mois d’une baisse de 31 % du 8-OHdG, le marqueur de dommages oxydatifs sur l’ADN.
Plusieurs études mettent aussi en évidence que, sur de grandes cohortes, la consommation de thé vert réduit la mortalité toutes causes confondues de 11 % (et de 14 % pour les causes cardio-vasculaires).
Le thé vert matcha mérite donc bien d’être considéré comme un superaliment.
Informations pratiques
Comme le thé vert matcha est en poudre, vous pou- vez en mettre, comme le curcuma, un peu partout dans vos boissons et dans vos plats.
Étant donné que beaucoup d’études trouvent des polluants dans le thé vert, il faut impérativement acheter du bio.
Le thé matcha s’intègre facilement aux préparations. Ici : des “boules d’énergie” à base de dattes, d’amandes et de thé matcha.
Le thé vert en infusion libère d’abord sa théine. Si l’on veut se dynamiser le matin, on peut boire des infusions très brèves (d’une ou deux minutes). Plus on infuse, plus on libère les polyphénols qui vont bloquer la théine qui reste. Certains thés verts infusés longtemps deviennent amers. D’autres non. À vous de voir ceux que vous aimez.
Le plus particulier que je connaisse est un thé vert mat- cha bio d’Okinawa (www.okinawaetmoi.fr), l’endroit du monde où l’on vit le plus longtemps en bonne santé et où il est consommé chaque jour. Certains anciens vont jusqu’à ajouter du curcuma dans leur thé vert !
Je rappelle que les personnes qui manquent de fer (ferritine basse) ou qui ont besoin de beaucoup de fer (enfants et ados en forte croissance, femmes enceintes) doivent prendre leur thé vert en dehors des repas riches en fer afin de ne pas empêcher son absorption.
RELIRE : superaliments trail, le dossier de notre diététicien