UTMB, athlètes stars, image auprès des traileurs français… Salomon a perdu du terrain. Mais en Asie, la marque française reconstruit un empire.
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Salomon n’est plus la marque numéro 1 du trail en France
Hoka a gagné la bataille de l’UTMB
Depuis que l’UTMB a été absorbé par Ironman, Salomon a peu à peu cédé sa place de partenaire principal. Hoka est désormais partout : dans le nom officiel de l’événement, sur les affiches, dans les stands, et surtout aux pieds des gagnants. Le trail français vit désormais sous bannière Hoka. Les visuels sont clairs : les coureurs stars portent du Speedgoat, du Tecton X ou du Mafate. Les chaussures Salomon sont devenues minoritaires sur les lignes d’arrivée.
Salomon peine à se renouveler en France, entre départs, dopage et perte d’influence
Kilian Jornet n’est plus là depuis longtemps. François D’Haene, quadruple vainqueur de l’UTMB, revient de blessure mais n’enchaîne plus les podiums comme avant. Mathieu Blanchard, longtemps considéré comme le nouvel ambassadeur de la marque, s’éloigne peu à peu de la compétition pour se consacrer à des projets plus personnels, entre aventures, voile et communication. Les nouveaux visages qui gagnent en France aujourd’hui — comme Théo Détienne ou Iris Pessey — portent d’autres marques, souvent New Balance.
Pendant ce temps, Salomon peine à incarner une nouvelle génération forte et visible. La marque reste puissante techniquement, mais son aura en France s’est émoussée. Elle doit aussi composer avec une image fragilisée par les affaires, comme la suspension de Joyline Chepngeno pour dopage — une athlète kenyane soutenue par Salomon jusqu’à l’annonce officielle. Même si la marque n’est pas mise en cause, ces scandales jettent une ombre sur son engagement éthique.
Une image qui s’est émoussée auprès des coureurs
Salomon reste respectée. Mais son image a vieilli. Elle incarne aujourd’hui une vision plus technique, plus fermée, là où Hoka ou Nike cultivent le fun, la fluidité, l’élan. Chez les jeunes traileurs français, Salomon n’est plus automatiquement « la » référence. Ce désamour relatif se traduit dans les ventes… et dans la stratégie de la marque.
Salomon mise désormais tout sur la Chine
Une stratégie de dix ans qui porte enfin ses fruits
Ce n’est pas un virage opportuniste, mais le résultat d’un travail de fond. Depuis plus de dix ans, Salomon investit dans le trail chinois. Pas juste avec des chaussures, mais avec une vraie stratégie de développement : détection de talents, stages, accompagnement des jeunes, structuration d’une scène locale. En 2025, ces efforts explosent médiatiquement avec une démonstration de force sur la TsaiGu Trail.
Triplé gagnant sur la TsaiGu Trail 2025
Salomon a tout raflé sur cette course désormais incontournable en Chine : les 25 km, les 50 km, les 105 km, chez les hommes comme chez les femmes. À 20 ans, Fan Banglin explose le record du 50 km en 4 h 14 min. Zhang Huohua, lui, gagne pour la troisième fois le 105 km. Tous sont issus du programme de formation « Lighthouse Initiative », piloté par Salomon. Une autre athlète, Chi Lingjie, passée du marathon au trail grâce à une préparation spécifique de la marque, brille aussi.
Le programme « Lighthouse Initiative » de Salomon
C’est le nom du dispositif créé par Salomon pour développer le trail en Chine. Il combine détection de jeunes talents, camps d’entraînement, primes de performance et structuration d’une scène locale. Avec plus de 1 million de yuans investis (soit environ 120 000 €), c’est un véritable plan de conquête du marché asiatique… et de formation des champions de demain sous les couleurs Salomon.
Un marché stratégique… et porteur
La Chine n’est pas seulement un relais de croissance. Elle devient un pôle d’attractivité mondial. Salomon veut faire du pays un véritable « hub » international du trail, à l’égal de l’Europe ou des États-Unis. La TsaiGu Trail pourrait, à terme, accueillir des étapes internationales comme la Golden Trail World Series. D’ailleurs, sur les épreuves asiatiques du circuit (comme Jinshanling), les chaussures Salomon dominent déjà en nombre.
La « Lighthouse Initiative » comme outil de conquête
Un plan structuré sur le long terme
Le programme « Lighthouse Initiative » ne se contente pas d’offrir des primes. Il structure l’ensemble de l’écosystème trail chinois : formations, entraînements, équipements, bourses. Plus d’un million de yuans (environ 120 000 €) ont déjà été injectés. Salomon ne vend pas des paires, elle construit une culture.
Un modèle que la marque applique dans le monde entier
Ce modèle de développement long terme a aussi fait ses preuves ailleurs. Courtney Dauwalter, accompagnée par Salomon depuis 2017, a remporté la triple couronne (UTMB, Western States, Hardrock 100) avec cette philosophie. Rémi Bonnet, lui aussi, est le produit d’un accompagnement profond et structuré. Ce que Salomon applique à la Chine, elle l’a déjà réussi ailleurs.
En résumé, la revanche de Salomon passera peut-être par l’Asie
Le trail français s’est éloigné de Salomon, ou peut-être est-ce l’inverse. En France, la marque semble avoir abandonné la première ligne. Mais ailleurs, elle reconstruit. Et pas n’importe où : en Chine, avec méthode, avec moyens, avec patience. Là-bas, le trail explose. Et Salomon tient la corde. Ce retour par l’Est pourrait bien être la plus belle revanche du trail moderne.
Les dérives du trail européen seront-elles importées en Chine ?
En structurant à toute vitesse une scène trail ultra-compétitive en Chine, Salomon court aussi le risque de reproduire les excès déjà observés en Europe : normalisation à outrance, mise en avant de la performance au détriment de l’esprit nature, sélection précoce des jeunes, pression commerciale, et apparition de cas de dopage. À vouloir créer des champions trop vite, la Chine pourrait hériter des travers du vieux continent.
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