L’effet FOMO (Fear of Missing Out, ou la peur de rater un événement) joue un rôle central dans la ruée vers les dossards des grandes courses sur route et des trails. Chaque année, des épreuves comme le Marathon de Paris, l’UTMB ou encore Marseille-Cassis affichent complet en quelques minutes à peine. Cette frénésie s’explique par un mélange de rareté des dossards, de prestige des événements et d’un phénomène social amplifié par les réseaux et la médiatisation croissante des élites de la discipline.
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effet FOMO : des dossards rares, un engouement exacerbé
De nombreuses courses sont accessibles uniquement par tirage au sort, à l’image de l’UTMB, du Marathon de Tokyo ou de la Diagonale des Fous. Cette rareté artificielle crée une excitation supplémentaire : décrocher un dossard devient un exploit en soi. Même pour des courses sans loterie, la peur de manquer une place pousse les coureurs à s’inscrire en masse dès l’ouverture des inscriptions.
L’exemple de Marseille-Cassis 2025 illustre bien ce phénomène : les 20 000 dossards ont été écoulés en une heure, avec plus de 12 000 connexions simultanées sur le site dès les premières minutes. L’idée de ne pas pouvoir participer à un événement aussi emblématique renforce l’urgence et la précipitation des inscriptions.
Les organisateurs eux-mêmes jouent sur cet engouement en limitant volontairement le nombre de participants pour des raisons logistiques, mais aussi pour maintenir un certain prestige. Un événement difficile d’accès devient naturellement plus attractif et continue d’attirer toujours plus de candidats.
Un effet post-pandémie qui a boosté la course à pied
La pandémie de Covid-19 a marqué un tournant dans la pratique de la course à pied. Privés de compétitions et de loisirs collectifs, de nombreux sportifs se sont tournés vers la course comme moyen d’évasion et de maintien en forme. Une étude de RunRepeat (2023) révèle que la participation aux courses a bondi de 20 % entre 2019 et 2023.
Une fois les restrictions levées, les coureurs frustrés par des années sans compétition se sont rués sur les épreuves, créant une demande record. Ce phénomène se poursuit aujourd’hui avec un engouement qui ne faiblit pas, alimenté par le plaisir de retrouver l’ambiance des grandes courses et le besoin de se fixer de nouveaux défis.
La médiatisation et l’influence des élites
L’essor des courses sur route et du trail s’accompagne d’une couverture médiatique de plus en plus importante. L’UTMB, par exemple, bénéficie d’une retransmission en direct et attire des millions de spectateurs en ligne. Des documentaires sur Netflix et YouTube, mettant en avant des figures comme Kilian Jornet, Jim Walmsley ou Eliud Kipchoge, contribuent à populariser la discipline.
D’après l’Observatoire du Running (2024), 64 % des coureurs amateurs disent être influencés par les performances des élites et par les contenus sportifs qu’ils consomment en ligne. Le trail bénéficie aussi d’une image forte d’exploration et de connexion avec la nature, ce qui attire un public en quête d’expériences intenses et mémorables.
Les marques jouent également un rôle clé en sponsorisant des événements et des athlètes, rendant ces disciplines plus accessibles et attrayantes. Des équipementiers comme Salomon, Hoka et Nike investissent massivement pour séduire un public toujours plus large.
Une quête de dépassement personnel et d’émotions fortes
Participer à une grande course ne se résume pas à l’aspect sportif. Pour beaucoup, c’est un défi personnel, un accomplissement marquant, et parfois même un rite de passage. Le trail et la course sur route offrent une opportunité unique de repousser ses limites et de ressentir l’euphorie de franchir une ligne d’arrivée après des mois d’entraînement.
Les neurosciences confirment que l’endurance stimule la production de dopamine et d’endorphines, procurant une sensation de bien-être intense, parfois décrite comme le high du runner. Cette sensation addictive pousse certains coureurs à multiplier les épreuves et à rechercher des défis toujours plus grands.
Dans un monde où la performance est omniprésente, la course à pied incarne aussi des valeurs fortes comme la résilience, la persévérance et le courage, qui résonnent avec un public en quête de sens et de gratification personnelle.
Comment répondre à cette demande croissante ?
Avec des courses prises d’assaut en quelques minutes, il devient urgent de trouver des solutions pour permettre à plus de coureurs de vivre ces expériences. Plusieurs pistes se dessinent :
– Multiplier les éditions et formats : certaines courses proposent désormais plusieurs distances et plusieurs vagues de départ pour accueillir plus de participants.
– Développer des épreuves alternatives : les marathons off, les défis GPS et les parcours permanents permettent aux coureurs de vivre une expérience proche des grandes courses, sans contrainte de date.
– Améliorer les systèmes d’inscription : un équilibre entre inscriptions directes et tirages au sort pourrait garantir une répartition plus équitable des dossards.
effet FOMO, références et sources
L’engouement croissant pour les courses sur route et les trails s’inscrit dans une tendance documentée par plusieurs études académiques et rapports institutionnels. Selon une analyse menée par World Athletics (2023), la participation aux événements de course à pied a augmenté de manière significative au cours des cinq dernières années, notamment en raison de l’évolution des modes de vie et d’un regain d’intérêt pour les sports d’endurance. Cette étude met en avant la place croissante du running dans les pratiques sportives régulières, avec une hausse de 18 % des inscriptions aux courses officielles entre 2018 et 2023.
Sur le plan psychologique, plusieurs recherches, notamment celles publiées dans Frontiers in Psychology (2022), ont exploré les mécanismes neurobiologiques liés à la course d’endurance. Elles démontrent que l’activité physique prolongée stimule la libération d’endorphines et de dopamine, renforçant un phénomène d’addiction positive à l’effort. Cette perspective est complétée par des travaux issus du Journal of Sport and Health Science (2023), qui analysent les motivations des coureurs et mettent en évidence le rôle du dépassement de soi et du sentiment d’accomplissement dans la popularité croissante des épreuves longue distance.
D’un point de vue économique, le marché des courses de masse connaît une expansion continue. Le Global Running Report (2023) estime que l’industrie du running et du trail représentait 12,3 milliards de dollars en 2022, avec une projection de croissance de 5 % par an jusqu’en 2027. Ce dynamisme s’explique par l’implication croissante des marques, l’augmentation du nombre d’événements organisés et l’essor des plateformes d’inscription en ligne.
Enfin, l’influence des nouvelles technologies sur la popularité du running est également documentée. Une publication de MIT Sloan Sports Analytics Conference (2023) souligne l’impact des réseaux sociaux et des applications de suivi sportif comme Strava et Garmin Connect sur l’engagement des coureurs. Ces outils numériques, en favorisant la gamification et le partage d’expériences, renforcent l’effet d’attraction pour les courses et stimulent l’engouement général pour la discipline.
Ces différentes sources convergent pour expliquer la montée en puissance des courses sur route et des trails, confirmant que cette tendance repose sur un ensemble de facteurs psychologiques, sociaux et économiques qui ne montrent aucun signe de ralentissement.
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