Scandale sexuel : tous les sports sont touchés
Début février, le parquet de Paris ouvrait une enquête pour « Viols et agression sexuelle ». Celle-ci faisait suite aux accusations de Sarah Abitbol envers son ancien entraîneur Gilles Beyer. Ce n’est malheureusement pas le premier cas, et encore plus malheureusement, ce ne sera pas le dernier. Et à chaque fois, c’est plus ou moins la même chose… Des adolescentes avec un potentiel pouvant leur permettre de faire carrière dans un sport qui se retrouvent sous la coupe d’un entraîneur qui les agresse sexuellement. On se retrouve avec une victime pétrifiée dont la vie sera inexorablement gâchée par ces secrets qui restent souvent impunis.
Un problème plus général
On se retrouve avec une hypocrisie totale, celle d’un système souvent connu, toléré, voire accepté par des personnes censées représenter le sport français et donc être ambassadrices de ses valeurs. Pourquoi hypocrisie ? Parce que désormais, on sait que Didier Gailhaguet, le président de la Fédération Française des Sports de Glace, avait des infos dès 2000 sur des scandales d’abus sexuels. Et ce serait plutôt malhonnête de limiter ce problème aux sports de glace. Il y a eu des cas dans la natation, et je suis convaincu que plus les années passeront, plus la parole se libèrera.
Le trail sera-t-il épargné ?
Exhorter les victimes à prendre la parole reste souhaitable, mais c’est hyper difficile. Principalement car le système est fait pour qu’elles culpabilisent de ce qui leur arrive. Et les violeurs le savent bien, et ils jouent sur cette corde dès le début. C’est la raison pour laquelle ils s’attaquent à des ados. Et dans ce sens, même si on ne doit présumer de rien, ça signifie que le trail devrait être épargné par cette grave problématique ; tout simplement car on y arrive plus tard, ou du moins bien après l’adolescence. Une Sarah Abitbol âgée de 15 ans est beaucoup plus manipulable et malléable qu’une Caroline Chaverot âgée de 37 ans. En revanche, dans l’athlétisme…
Comment remédier à ça ? Imitons le modèle américain
La seule solution ne peut se faire qu’à grande échelle. Tout simplement car dans chaque sport, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Que ce soit dans le tennis, la natation, l’athlétisme, et le patinage, les scandales sexuels étaient au mieux passés sous silence, au pire étouffés par des intouchables qui étaient à la tête des fédérations.
Or, c’est l’Etat qui subventionne ces fédérations ; c’est donc à son niveau qu’il est nécessaire d’agir pour que les jeunes sportives ne soient plus considérées comme des proies sexuelles. La solution peut être alors de s’inspirer du modèle américain. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique, une instance indépendante nommée SafeSport a été créée pour recueillir les plaintes et enquêter de manière totalement autonome.
Ça prendrait du temps, mais je suis convaincu que ça peut créer un cercle vertueux, en ce sens que si les victimes savent qu’elles peuvent être écoutées, elles accepteront que ce qu’elles ont subi n’est absolument pas normal. Et à terme, on peut imaginer que ça permettra de sanctionner plus durement et plus rapidement les coupables.