Quand François parle, on l’écoute (partie 1)
J’ai eu la chance de pouvoir rencontrer François d’Haene à l’occasion d’une conférence qu’il donnait hier soir en Belgique, plus précisément dans le namurois. Et forcément, quand le maître parle, on ne peut l’écouter. Ce qui frappe en premier lieu, et je pense que chaque personne présente dans la salle dira la même chose, c’est son humilité, sa gentillesse et son accessibilité. On a beau savoir qu’on n’évolue pas dans le même monde, voir qu’on a le même vocabulaire a quelque chose de chouette.
Si je devais retenir quelques points qui ont pu être soulevés durant cette soirée, les voici :
L’importance de la coupure
On le sait tous, plus on a une grosse saison, plus la coupure est importante. Alors, comme il l’explique, coupure ne signifie pas arrêt du sport total (il profite de l’hiver pour troquer ses chaussures contre des skis de rando), mais du trail, quasiment. Et on pourrait penser qu’à ce niveau, les élites ne font pas spécialement ce qui est préconisé. Pour François, visiblement, ce n’est pas le cas. Une personne qui l’accompagnait hier disait que depuis l’Ultra Trail de Cape Town, il n’avait couru que 41km !
L’importance de se faire plaisir
Pareil, c’est quelque chose qui peut sembler évident, mais qui va mieux quand on l’entend de la bouche d’un immense champion. Dans sa conception, la performance doit être contrebalancée avec du plaisir ; aussi, il ne se privera pas de boire un verre, même en préparation, voire la veille d’un UTMB. Il lui semble important de garder une alimentation normale d’une part pour garder un certain plaisir, et d’autre part pour éviter que des carences puissent arriver. Et comme il l’a expliqué, un soir, pendant qu’il faisait le John Muir Trail (je crois que c’était là, en tout cas), ses potes buvaient une bière, et de son propre aveu, il aurait été beaucoup plus malheureux de ne pas boire avec eux. Ça montre aussi à quel point sa conception du trail se rapproche de l’amitié et des rapports humains (ce qui est marrant, sachant qu’en parallèle, il peut se retrouver seul sur les sentiers pendant des dizaines d’heures).
L’importance de bien connaître son matériel
Pareil, quelque chose que j’ai trouvé sympa, c’est que visiblement, depuis 2009, François a le même tshirt en compétition ; il a d’ailleurs insisté beaucoup sur le sentiment de sécurité que pouvaient procurer des vêtements. Il est également revenu sur la question des chaussures, et pareil, il a expliqué à quel point il était important de connaître son matériel et de lui faire confiance. Il est pour cela revenu sur l’exemple de la Diagonale des fous, en disant qu’il était difficile de trouver (et de retrouver de surcroît) des pairs qui vous vont bien au pied et qui ne s’altèrent pas (au niveau des semelles) alors même qu’elles connaîtront des conditions extrêmes (de -3 degrés sur des sommets, jusqu’à potentiellement 45 degrés sur des roches volcaniques). Et c’est pour ça qu’il reste assez fidèle au matériel qu’il connaît, et surtout qu’il n’ira pas à l’aventure sans être à 100% sûr de ce qu’il porte.
L’importance de savoir pourquoi on fait un ultra
C’est un enseignement très important, peut être un des plus importants qu’il nous a fourni. Et c’est même rassurant de voir que les élites sont confrontées à ce genre de questionnements. Ça prouve que ce ne sont pas que des machines. C’est de toujours donner du sens à la raison qui fait qu’on est sur un ultra. Comme il l’a dit, si on fait un ultra pour faire plaisir à quelqu’un, pour suivre un ami, parce qu’on est en recherche d’attention et de reconnaissance (notamment sur les réseaux sociaux), ça ne va pas le faire. Quand on sera dans des moments d’euphorie, la question ne se posera pas, mais une fois que vous êtes dans un temps faible, si, au fond de vous-même, vous n’êtes pas totalement certain de pourquoi vous êtes là, si ce n’est pas votre choix, et que ce choix n’a pas été mûrement réfléchi, ça va être chaud. Comme il l’a dit (même si c’était un peu moins direct), n’oubliez pas que personne ne vous force à faire un ultra.