Scandale dans l’athlétisme sur fond de dopage : suspension d’un ancien recordman de semi-marathon
Quatre ans de suspension pour Abraham Kiptum
On ne peut pas dire que ce soit une énorme surprise ; c’était même dans les tuyaux depuis fin avril, mais ça a été confirmé. Abraham Kiptum, un athlète Nike, ancien recordman sur semi-marathon, a été suspendu pour dopage pour une durée de quatre ans (celle-ci prend effet rétroactivement au 26 avril).
Le Kényan avait battu le record du monde du semi-marathon en octobre 2018 à Valence, en 58 minutes et 18 secondes. Cette performance, qui devrait être invalidée car survenue après le 13 octobre 2018, a été battue le 15 septembre par son compatriote Geoffrey Kamworor, qui a couru le semi-marathon de Copenhague en 58 minutes et 1 seconde.
Kiptum, 30 ans, avait été suspendu provisoirement quelques jours avant le marathon de Londres au cours duquel il espérait battre son record personnel sur marathon (02 h 05 min 26 sec à Amsterdam en 2017).
La raison de cette suspension par l’Unité d’Intégrité de l’Athlétisme (AIU)?
Des « irrégularités » sur son passeport biologique. Celle-ci explique, dans un communiqué, avoir repéré « des anormalités dans le module hématologique de son passeport biologique d’athlète, (anormalités) présumées indiquer une manipulation sanguine. (…) L’athlète nie avoir utilisé toute substance prohibée ou méthode pouvant avoir provoqué les anormalités détectées dans son passeport biologique. »
On n’aura pas eu droit à des raisons tirées par les cheveux à base de « j’ai mangé trop de viande et elle était contaminée », comme ce que nous avait expliqué Alberto Contador. Donc ici, il n’a rien fait de mal, mais n’explique pas les anormalités.
Le record en question avait été battu en octobre 2018 à l’occasion du semi-marathon de Valence. Le kényan avait bouché les 21km et quelques en 58 minutes et 13 secondes. Il y a fort à parier que ce record sera invalidé dans la mesure où il a eu lieu après le contrôle. En tout état de cause, Geoffrey Kamworor, son compatriote, l’a battu le 15 septembre sur le semi de Copenhague et douze secondes.
Ce n’est pas la première fois que des records du monde, des titres ou autre sont annulés suite à des affaires de dopage. En effet, Armstrong a bien perdu les sept tours de France qu’il avait volés… Les records battus en natation avec les combinaisons qui avaient été assimilées à du dopage technologique ont pour certains été annulés. En trail, Petro Mamu a été déchu du titre mondial qu’il avait usurpé. Et personnellement, je commence à en avoir ras le bol. C’est peut-être excessif, mais quand j’entends qu’un record est annulé, qu’un titre est suspendu pour des raisons de dopage, je prends ça comme une trahison.
A la lumière de cette info, je me pose deux questions.
– La première est de savoir si les records ont encore un sens, sachant qu’ils peuvent être invalidés a posteriori.
– La seconde est de savoir s’il existe de vrais moyens de dissuasion pour empêcher un maximum de cas de dopages.
A la première, j’ai encore envie de répondre oui, car pour moi, si on n’a pas l’ambition de battre des records (qu’ils sont mondiaux, locaux, ou personnels), c’est le goût de l’effort et l’intérêt de la compétition qui disparaîtra. Et c’est quelque chose que je ne veux pas voir.
Il faut radier à vie les dopés
A la seconde, j’aimerais me dire qu’il en existe. Radier à vie les dopés, pour commencer ? C’est peut-être extrême, mais j’ai l’impression que c’est quelque chose dont on ne pourra plus faire l’économie. Les empêcher de continuer leur carrière dans leur sport et les faire tomber dans un oubli est sûrement pour moi la meilleure chose à faire.
En parallèle, peut-être faire plus de contrôles. On sait que ça coûte cher, mais si on veut se donner d’avoir des sports plus propres, on devra bien passer par là.