Il suffit parfois d’un simple lever de soleil sur une ville encore endormie pour comprendre qu’un événement sportif dépasse largement le cadre d’une compétition.
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C’est exactement ce qui se produit lorsque les premiers coureurs s’élancent sur l’asphalte immaculé de Valence : l’impression de vivre quelque chose de fondateur, presque initiatique, comparable à ce que ressent un traileur lorsqu’il se glisse dans la foule compacte de Chamonix au moment où débute l’UTMB, avec ce mélange de tension, d’attente et d’irrésistible appel vers l’inconnu. Dans ces instants suspendus, tout devient limpide : Valence n’est plus un simple marathon rapide, elle est devenue, pour les routards, ce que Chamonix représente pour les montagnards, c’est-à-dire un centre de gravité autour duquel s’organise désormais une grande partie de la mythologie sportive moderne.
L’atmosphère n’a rien d’artificiel. Elle tient à cette densité de coureurs venus des quatre coins du monde, à cette précision quasi scientifique dans l’organisation, à cette route qui se déroule avec une fluidité qui semble avoir été dessinée pour les jambes les plus ambitieuses. On y retrouve, transposée à l’univers du bitume, cette dramaturgie propre au trail : l’idée que tout peut se décider en quelques kilomètres, que le moindre relâchement peut coûter une performance attendue depuis des mois, et que la réussite s’arrache toujours, parfois dans la souffrance, mais avec une détermination qui transforme chacun en acteur d’une épopée personnelle.
Valence, laboratoire mondial de la quête absolue
Lorsque l’on observe de près ce que Valence est devenue, on comprend immédiatement pourquoi elle attire autant : la ville s’est métamorphosée en véritable laboratoire de la performance, un lieu où les coureurs ne viennent pas pour valider une préparation, mais pour toucher du doigt un rêve parfois démesuré, en espérant que la météo, la stratégie et l’état de forme s’alignent avec la précision d’un mécanisme d’horlogerie. Les rues larges, la topographie docile, la surface régulière, tout concourt à éliminer ce qui, ailleurs, ralentit, perturbe ou brise un rythme soigneusement travaillé, exactement comme les traileurs choisissent leurs courses en fonction du type de terrain, de l’altitude ou de l’agressivité du dénivelé.
Cette quête absolue explique pourquoi tant d’athlètes — amateurs comme professionnels — considèrent aujourd’hui Valence comme un rendez-vous incontournable, parfois même comme un passage obligé pour valider des années d’entraînement acharné. Les records personnels y tombent avec une fréquence presque insolente, non pas parce que la course serait facile, mais parce qu’elle offre les conditions idéales pour que chacun exprime pleinement le potentiel qu’il porte en lui.
L’élite mondiale, les récitals de vitesse et cette densité qui ne cesse d’impressionner
Sur cette édition encore, l’élite mondiale s’est donné rendez-vous avec une impression de mécanique implacable. John Korir, coureur aux performances déjà remarquables sur les grandes scènes internationales, a livré à Valence une démonstration de maîtrise qui rappelle les grandes heures des tacticiens du trail, ceux capables de temporiser dans les premières sections avant de déclencher une accélération qui déstabilise tout le monde. Sa progression, régulière et parfaitement contrôlée, s’est muée en une sorte de récital où la seconde partie de course a pris des allures de proclamation silencieuse : ici, il n’y avait pas de doute quant à l’homme le plus fort.
La densité du peloton a, elle aussi, imposé le respect. Chaque année, Valence rassemble tant de coureurs de niveau homogène que le marathon se transforme en véritable champ de bataille stratégique, où l’on se met à l’abri dans des groupes parfaitement calés, où l’on surveille les trajectoires, où l’on tente de lire les gestes des adversaires pour anticiper les mouvements à venir. C’est cette densité précisément qui rend Valence comparable à Chamonix : on n’y court jamais dans le vide, jamais dans l’isolement, et l’on sait que le moindre moment de faiblesse se paie immédiatement.
Les performances féminines ont ajouté leur part d’éclat, avec des récitals qui ont rappelé à quel point cette course attire désormais les meilleures, capables de transformer chaque ligne droite en promesse et chaque portion rapide en démonstration de puissance maîtrisée.
Berlin a longtemps régné seule, mais l’équilibre a basculé
On aurait pu penser que Berlin conserverait indéfiniment son statut de référence absolue, tant la capitale allemande a incarné, année après année, l’obsession du chrono parfait. Pourtant, un glissement subtil s’est opéré, à la manière de ce qui s’est produit dans le trail lorsque Chamonix s’est imposée comme l’incontestable épicentre du mouvement, sans jamais écraser les autres courses, mais en imposant un nouveau standard d’intensité, de visibilité et de rayonnement.
Valence occupe désormais ce rôle. Non pas en remplaçant Berlin, mais en proposant un environnement différent, presque plus moderne, un terrain qui épouse mieux les exigences actuelles de préparation, d’allure contrôlée et d’optimisation. La ville n’a rien laissé au hasard : chaque détail semble pensé pour faire sauter des verrous mentaux, pour créer cette sensation étrange que l’on peut se permettre de rêver plus grand que d’habitude, parce que les conditions alignent les planètes autour de soi.
Une attractivité telle que l’on parle déjà de loterie
Le phénomène ne concerne plus seulement les professionnels. La ruée des amateurs vers Valence est devenue si spectaculaire que la ville se dirige vers un système de loterie — un dispositif jadis réservé aux Majors — signe que l’événement a franchi un cap. La demande est telle que les coureurs, tous niveaux confondus, se battent pour avoir la chance de goûter à cet asphalte qui semble capable de métamorphoser une saison. On croise à Valence des profils de plus en plus variés : triathlètes en quête de validation, anciens cyclistes reconvertis en coureurs longue distance, athlètes européens cherchant un déclic psychologique, ou routards anonymes déterminés à inscrire leur nom sur une ligne de temps qui leur échappe encore.
Valence et Chamonix, deux symboles d’une même vérité
Ce rapprochement entre Valence et Chamonix tient finalement à quelque chose de très simple : dans ces deux villes, la route comme la montagne deviennent des juges silencieux qui ne laissent passer aucune approximation, mais qui récompensent, parfois généreusement, celles et ceux qui acceptent de s’y donner entièrement. À Chamonix, la montagne regarde les traileurs droit dans les yeux. À Valence, c’est l’asphalte qui renvoie un écho implacable.
Et c’est précisément pour cela que ces deux villes, chacune dans leur univers, se sont hissées au rang de capitales : elles incarnent un mélange unique de performance, de mythologie et d’intensité émotionnelle qui transforme une simple course en un moment de vérité.
Résultats, classement et podium marathon de Valence
Le Kényan John Korir remporte l’épreuve après une accélération décisive dans la seconde moitié du parcours. Il devance l’Allemand Amanal Petros et le Norvégien Awet Kibrab.
Côté français, Félix Bour réalise une course parfaitement maîtrisée et termine premier Tricolore, tandis que Valentin Gondouin confirme sa progression.
Le spécialiste maison Nicolas Navarro vit une fin de course difficile après un départ pourtant prometteur.
Chez les femmes, Joyciline Jepkosgei domine une course ultra-rapide devant Peres Jepchirchir et la Belge Chloé Herbiet.
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