Tout traileur s’est déjà posé la question : faut-il renoncer quand on a décroché un dossard de rêve, mais que la blessure s’invite à quelques jours du départ ? La tentation est immense, surtout sur une course mythique comme l’UTMB, mais la raison impose de nuancer la réponse selon la nature de la blessure et les exigences du parcours.
Peut-on prendre le départ d’un trail comme l’UTMB en étant blessé ?
La réponse n’est jamais simple. Tout dépend du type de blessure, du terrain et de la distance. Certaines situations relèvent du pur suicide sportif, d’autres laissent une petite marge de manœuvre.
Avec une blessure musculaire, prendre le départ d’un ultra est totalement irresponsable. Dans 99 % des cas, la course s’arrête bien avant la ligne d’arrivée. Une entorse mal soignée peut, quant à elle, passer sur un trail roulant. Mais sur un parcours technique comme la TDS, le GRP ou la Diagonale, chaque appui devient un piège. Quant à la fracture de fatigue, elle ne pardonne pas : s’aligner dans ces conditions, c’est courir droit vers l’abandon et aggraver la lésion.
Il existe enfin des blessures sans lien direct avec la course, comme une douleur à l’épaule ou une opération récente. Dans ces cas, c’est un pari : Kilian Jornet a déjà terminé un ultra avec l’épaule déboîtée, et l’exploit a marqué les esprits. Mais ce type d’histoire appartient à la légende, et ne doit pas servir de modèle.
Et si la blessure survient avant même de prendre le départ ?
Lorsque la blessure empêche de s’aligner, il faut savoir que l’UTMB prévoit une assurance annulation optionnelle. C’est la seule manière de ne pas tout perdre. Avec cette couverture, tu peux demander le remboursement de ton inscription et surtout récupérer 100 % de tes Running Stones, à condition de déclarer ton forfait avant la course. Sans assurance, aucun remboursement n’est possible et seules 50 % des Stones sont restituées.
Concrètement, tout passe par le portail de l’assureur (Xplorassur/CANCELRUNNER), avec deux options : 100 % avec justificatifs comme un certificat médical, ou environ 70 % sans justificatif mais avec une franchise appliquée. Attention, cette protection ne couvre pas les frais de voyage ou d’hébergement, sauf contrat distinct, et elle doit avoir été souscrite dès l’inscription.
Préserver son corps ou préserver son dossard ?
Avant même de songer à prendre le départ blessé, il faut garder en tête que l’assurance annulation existe pour éviter de transformer un rêve en cauchemar. Entre récupérer ses Running Stones pour une future édition et compromettre sa santé pour un départ symbolique, le calcul est vite fait. La frustration d’un forfait est grande, mais elle reste plus légère que celle d’une saison gâchée par une blessure aggravée.
Au final, courir blessé relève toujours d’un pari risqué. Entre la pression d’un dossard attendu depuis des années et la réalité physique du corps, chacun doit tracer sa propre limite. Mais une chose est sûre : mieux vaut parfois reporter un rêve que compromettre toute une saison — voire toute une carrière — sur un seul départ.
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