Ecouter cet article sur ce traileur secouru
Il pensait juste partir courir. Il s’est retrouvé piégé dans ce que beaucoup croient être un mythe.
Quand on est habitué aux grands espaces, aux canyons profonds et aux sentiers hors balisage, on croit connaître les règles du jeu. Ce traileur de 33 ans n’est ni un débutant, ni un rêveur inconscient. Il a déjà traversé des centaines de kilomètres seul, sur des itinéraires sauvages et techniques. Il connaît le désert, la roche, la boue, le sable. Il sait lire un terrain, anticiper un passage difficile. Ce matin-là, pourtant, il s’est retrouvé coincé. Littéralement. Et il a failli ne jamais ressortir.
Une sortie simple. Un piège invisible.
Le plan était clair : deux jours d’itinérance, une boucle de trente-deux kilomètres avec bivouac en autonomie. Température : zéro degré. Conditions : froides, mais sèches. À l’aube, après une nuit tranquille en pleine nature, il replie son campement, enfile une polaire, ajuste sa frontale et s’engage dans le lit d’un canyon. L’eau y est à peine perceptible — un film glacé sur le sable. Il avance d’un bon pas. Rien ne semble instable. Aucun signe avant-coureur.
Puis, soudain, le sol cède.
En quelques secondes, la panique.
Le pied gauche s’enfonce jusqu’à la cheville. Réflexe immédiat : transfert du poids sur la jambe droite. Elle s’enfonce jusqu’au genou. Le choc est brutal. Il tente de se dégager. Trop tard. Le sable a refermé son piège. La jambe droite est verrouillée. Prisonnière. Comme coulée dans du béton. Il essaie de creuser, d’écarter la matière avec ses bâtons de randonnée. Mais chaque trou est aussitôt rempli d’eau et de sable. Et ce n’est pas de la boue. C’est quelque chose de plus sournois. De plus dense.
“J’ai déjà marché dans des sables profonds, mais là, c’était différent. C’était vivant. Ça me retenait.”
La jambe plie sous une tension anormale. Il n’arrive plus à la redresser. L’eau glacée mord la peau. Le froid s’infiltre. Les doigts deviennent insensibles. Et malgré sa lucidité, l’idée commence à s’imposer : il ne pourra pas s’en sortir seul.
Appuyer sur SOS avec les doigts gelés
Pas de réseau. Aucun signal téléphonique. Il sort son Garmin Messenger, un petit appareil GPS avec messagerie satellite. La connexion Bluetooth avec le téléphone échoue. Il est seul, dans le froid, avec un écran minuscule, et une jambe coincée.
Alors, lettre par lettre, il tape un message de détresse. Ses mains tremblent. Il recommence plusieurs fois. Enfin, le signal part. Les secours accusent réception. Mais ils ne peuvent donner aucun délai d’intervention.
Il s’habille plus chaudement, superpose les couches, enfile des moufles. Et attend.
L’espoir arrive du ciel
Il est 8h40. Un drone apparaît au-dessus du canyon. Il fait un signe. C’est bien l’équipe de secours qui l’a repéré. On lui annonce l’arrivée d’un ranger dans une vingtaine de minutes.
Le premier à le rejoindre s’appelle Devon. Il reste à distance. S’approcher du piège serait trop risqué. Il lui tend une pelle. Il essaie de creuser à nouveau. Toujours sans succès.
Puis arrive l’équipe complète. Ils déploient des échelles, des planches, des outils. Ils construisent un chemin stable jusqu’à lui, et creusent ensemble. Ensemble, ils vont plus vite que le sable. Le trou commence à se desserrer. La jambe est libérée. Juste à temps.
“Ma chaussure est restée intacte, mais ma jambe était morte. Elle s’est presque effondrée quand j’ai essayé de marcher.”
Le retour à la surface
Les ambulanciers lui posent des compresses chauffantes. En une quinzaine de minutes, la sensation revient. Il peut se remettre debout. Il refuse qu’on porte son sac. Par fierté, peut-être. Ou parce que ça aide à rester maître de soi, après une telle frayeur.
Ils remontent ensemble le canyon. À la sortie, une piste isolée. Puis une voiture. Devon le ramène à son point de départ. Le reste n’est que silence, chaleur et gratitude.
“Sans eux, j’aurais attendu là toute la journée. Peut-être toute la nuit.”
Ce qu’il faut retenir
Ce traileur connaissait le terrain. Il avait tout préparé. Mais les sables mouvants n’avaient jamais été dans sa liste de dangers potentiels. Ce jour-là, il a compris que ce risque existe. Qu’il peut surgir là où le sol paraît stable. Et que personne, même les plus aguerris, n’est à l’abri.
Il a aussi compris qu’un simple appareil GPS peut faire toute la différence. Que le bon réflexe, c’est d’appeler à l’aide. Sans attendre. Sans honte.
Et ce piège se trouvait où, exactement ?
Dans un canyon isolé, perdu au milieu du désert rouge, au cœur de l’Utah, dans une zone reculée du parc national des Arches, sur l’itinéraire du Hayduke Trail.
📍 Coordonnées exactes : 38°40’55.3″N 109°38’45.3″W.
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